6291 search

Interdit d’interdire ?

Paul Jorion Publié le 17 juillet 2010
1690 mots - Temps de lecture : 4 - 6 minutes
Lire plus tard

En ces temps de célébration outrancière de l’adoption de la loi de régulation financière américaine, qui donne lieu à des envolées destinées à être vite oubliées, et qui laisse sur leur faim ceux qui ont un moment cru que, pour s’être fait une si grande frayeur, les Américains réagiraient de manière conséquente, une simple question s’impose. Qu’est ce qui est le pire dans cette situation ? Que les portes du casino aient été laissées ouvertes, au prétexte de réglementer en chipotant son accès, ou bien que se poursuive la vaine quête du truc miraculeux qui contiendra un risque systémique que l’on ne sait toujours pas par quel bout pendre ? Car ce qui est frappant, dans ce paysage qui ne peut devenir que plus désolé, en dépit de toutes les fausses assurances qui s’épuisent les unes après les autres, c’est que l’on en revient toujours à la même étonnante approche restant à la surface des choses. Jamais il ne s’agit de remédier aux origines du cataclysme, dont la recherche est tout simplement oubliée. L’objectif limité et inatteignable reste d’essayer de l’endiguer, le jour inconnu où il surviendra à nouveau, à l’endroit méconnu où il se manifestera, selon des mécanismes dont on sait par avance qu’ils seront déroutants, car imprévisibles. Car c’est tout ce qui a voulu être retenu. Ce qui est étonnant (façon de parler), c’est que cette hésitante problématique – déjà en soi contestable pour s’attaquer aux causes et non aux effets – n’est pas jointe à la lancinante question sur laquelle butent les meilleurs de nos dirigeants : comment sortir de la crise actuelle ? Alors que l’une et l’autre appellent des solutions communes, auxquelles il est tourné le dos avec la plus farouche détermination. Ou la plus grande ingénuité, si l’on veut rester charitable. Il n’est donc pas question d’interdire – ce mot du diable dans le monde de la finance – mais d’élever des digues, sans savoir ni quelle devra en être la hauteur, ni où elles pourront se fissurer et se disloquer sous la pression. En application de la théorie du bouchon, celui qui est sensé hermétiquement fermer la faille par laquelle se répandront irrésistiblement les produits toxiques de demain. A moins qu’avant même que cela puisse survenir un nouvel épisode de la crise vienne à nouveau menacer de tout mettre par terre. Telle une coïncidence de l’histoire que nul auteur de fiction n’oserait inventer de crainte qu’elle ne détruise son histoire, cette théorie trouve une autre illustration avec le fameux entonnoir qui a pour objet d’éviter une pollution océanique majeure, que l’on compare par son ampleur et ses risques potentiels à l’excurs...
Cet article est reservé uniquement pour les membres Premium. 75% reste à lire.
Je me connecte
24hGold Premium
Abonnez-vous pour 1€ seulement
Annulable à tout moment
Inscription
Articles en illimité et contenus premium Je m'abonne
Editoriaux
et Nouvelles
Actions
Minières
Or et
Argent
Marchés La Cote
search 6291
search