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Interview pour Liberté Chérie Belgique (redif')

Vincent Bénard Publié le 06 août 2009
3337 mots - Temps de lecture : 8 - 13 minutes
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Objectif Liberté

En mode "publication programmée", afin d'animer les colonnes du blog pour l'été, je reproduis une interview parue le 29 mars sur le site de Liberté Chérie Belgique. ----------- Liberté Chérie (Belgique) a eu le plaisir d’interviewer Vincent Bénard, ingénieur français, président de l’Institut Hayek et éminent conférencier libéral. Spécialiste des questions liées à l’aménagement du territoire et possédant une vision claire et logique de l’économie actuelle, il nous a fait l’honneur d’être le premier invité des interviews de Liberté Chérie. Nous avons voulu examiner avec lui la validité des grands mythes qui alimentent les courants antilibéraux. Youness El Mouhafidi : Tout d’abord, au cœur de l’actualité, on entend partout parler de cette fameuse crise du libéralisme ; malgré tout vous continuez à le défendre, pour quelle raison ? Vincent Bénard : Parce que la crise n’est pas une crise des marchés libéraux. C’est une terrible "erreur" de diagnostic. C’est une crise liée à la volonté des politiques d’intervenir sur les marchés pour y imposer leurs agendas politiques. Et ce faisant, ils ont brisé les mécanismes auto-correcteurs qui en temps normal protègent les marchés des risques systémiques que nous vivons. YEM : A quels mécanismes auto-correcteurs du marché faites-vous allusion ? VB : A la base, aux mécanismes de l’offre et de la demande, au droit de la responsabilité individuelle, et aux mécanismes de compensation de la prise de risque par un coût d’accès au crédit plus élevé. Par exemple, en donnant sa garantie et quantité d’avantages fiscaux à deux entreprises sous sa tutelle qui pratiquaient un modèle bien particulier de refinancement du crédit (Ndlr : Fannie Mae et Freddie Mac), l’état américain a empêché des banques pratiquant un autre modèle intrinsèquement plus solide de s’imposer. En accordant sa garantie, l’Etat a empêché que la prise de risque excessive de ces deux entreprises en regard de leurs fonds propres ne soit sanctionnée par le marché sous la forme de taux d’emprunts plus élevés pour ces deux entreprises. En outre, en forçant les banques à prêter à des ménages que des banques libres de leurs choix auraient considéré comme insolvables et aiguillé vers la location, les lois bancaires US les ont conduit à devoir trouver des moyens de s’affranchir de la traditionnelle prudence qui sied à l’activité bancaire. Autre exemple : en imposant un droit du sol très contraignant et en violation complète du droit de propriété, la douzaine d’Etats sur 50 où s’est localisée la bulle immobilière a empêché qu’un nombre suffisant de logements ne soient construits pour répondre à la demande artificiellement boostée par le crédit facile. Dans les états où le droit du sol était plus respectueux des droits des propriétaires fonciers, malgré une demande de logement plus forte encore, il n’y a pas eu de bulle, et par voie de conséquence nettement moins de défaillances d’emprunteurs. Les surcoûts liés aux réglementations du sol ont conduit à surexposer le secteur financier américain de 4.000 milliards de dollars sur les crédits immobiliers, sur un encours de 12.000 ! Sans ces lois empêchant les propriétaires fonciers de convertir leur sol en logements, la bulle qui aurait explosé aurait été bien moins développée… Encore un autre : les réglementations Bâle I et Bâle II ont uniformisé les modèles de gestion bancaire, ne permettant pas aux marchés de récompenser les modèles de gestion bancaire les plus sains ou de sanctionner les autres… Et l’on pourrait continuer ainsi sur plusieurs pages (*)… YEM : Pourquoi selon vous est-ce le libéralisme et le capitalisme qui sont pointés du doigt plutôt que l’Etat ? VB : Certains de ceux qui le font sont ignorants, d’autres de mauvaise foi. Nous assistons depuis plusieurs décennies à une intrusion massive et insidieuse des Etats dans les marchés, dans les économies. Il n’y a pas un Etat majeur qui n’ait vu son poids dans son économie croître depuis les années 60, même si quelques dirigeants ont tenté d’inverser la tendance. Lorsque le socialisme échouait directement, on pouvait lui imputer ses échecs. Aujourd’hui, la situation est plus insidieuse : les politiciens qui ont totalement brisé les mécanismes auto-correcteurs des marchés imputent la crise à une défaillance des marchés, et en appellent à plus d’Etat pour corriger les soi-disant « market failures », défaillances de marché. C’est une terrible méprise, qu’elle soit involontaire ou de mauvaise foi. YEM : En tant que libéral, cautionnez-vous les mesures de renflouement des banques et industries prises récemment par les partis de droite en France et en Belgique ? VB : Non. Certes, les Etats, qui se sont bien imprudemment porté garants des comptes des déposants, ne peuvent pas laisser sans réagir les banques tomber, au risque de voir les épargnants descendre dans la rue et se laisser mener par quelque extrémisme. Mais il y avait d’autres moyens d’intervenir sans mettre sous pression le contribuable. Notamment, il serait préférable de forcer des accords d’échange « dette contre capital », qui permettraient à la trésorerie des établissements financiers de respirer, tout en améliorant les ratios fonds propres sur dette des banques...
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