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L'incompréhension et les économistes "autrichiens"

Georges Lane Publié le 24 août 2016
2274 mots - Temps de lecture : 5 - 9 minutes
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1. Définir ou ne pas définir. a. Fritz Machlup (1958). Il y a près de soixante ans, Fritz Machlup (1902-83) insistait sur le chaos scientifique où se trouvait alors l'économie politique car, souvent, un même mot économique avait un grand nombre de significations et car personne ne savait laquelle considérer dans tel ou tel raisonnement tenu (cf. ce texte d'août 2015). Dans l'article, il avait pris l'exemple de la notion d'"équilibre économique" et s'était chargé, à sa façon, de la "purifier", de lui rendre sa nature (cf. Machlup, 1958, "Equilibrium and Disequilibrium: Misplaced Concreteness and Disguised Politics", The Economic Journal, Vol. LXVIII, mars)... Depuis lors, rien n'a changé dans le bons sens, les mots s'entassent avec des significations diverses qui n'en finissent pas. Ainsi, à tous les mots d'hier dont "valeur" ou "monnaie" (dont, en particulier, les économistes n'ont jamais expliqué l'émergence, l'origine ou la pérennité par l'invention), se sont ajoutés des mots plus récents comme "liquidités" ou "coûts de transaction", voire des confusions entre, par exemple, les moyens d'échange et les intermédiaires des marchandises qui contribuent à empêcher de comprendre les causes de l'apparition de ce qu'on a dénommé "monnaie" au XIXème siècle. Bref, l'économie politique est incompréhensible pour le commun des mortels pour ces premières raisons. b. Emil-Maria Claassen (1970). Dix ans après Machlup, sans référence à celui-ci, Emil-Maria Claassen (dans son ouvrage sur l'Analyse des liquidités et sélection de portefeuille, P.U.F.,1970) était allé plus loin si l'on peut dire et regrettait l'habitude croissante des savants économistes de ne pas définir les notions employées. Il en arrivait à dire que ce qu'on dénommait "monnaie" était fonction de l'économiste qui en parlait, du problème qu'il traitait. Toujours l'incompréhension. c. Henri Guitton (1979). Dix ans plus tard encore, sans référence aux auteurs précédents, Henri Guitton (dans le livre intitulé De l'imperfection en économie, Calmann-Lévy, col. "Perspectives de l'économique", série "critique", Paris, 1979) considérait que les définitions scientifiques n'avait pas de pouvoir sur l'opinion. Vive la connaissance inutile ? 2. L'économie politique, une science. Dans l'ouvrage (cf. une "critique"), Guitton revenait aussi sur l'opposition qu'il avait proposée en 1951 (cf. une "critique") entre l'économie politique "à l'image des sciences physiques" et l'économie politique "science de l'action humaine" et continuait à s'interroger, certes en conclusion, sur la "valeur" de cette proposition. Soit dit en passant, il y a, d'abord, deux grandes écoles de pensée scientifique : celle selon qui la science, c'est la méthode, et celle selon qui la science, c'est la mesure (cf. Henri Poincaré , Science et méthode, 1908). En matière d’économie politique, la science de la mesure a gagné officiellement depuis au moins la décennie 1940. En France, en témoigne chaque jour l’existence du monopole de production de données que le législateur a créé sous le nom d’I.N.S.E.E. en 1946 et dont le premier directeur déclarait alors qu’il fallait « passer de la France des mots à la France des chiffres » (cf. Desrosières, 2003). Aux Etats-Unis d’Amérique, à la même époque, la Cowles Foundation allait suivre la même démarche. Et on en est arrivé à des débats sur la mesure à quoi le commun des mortels ne comprend rien (cf. ce texte d'août 2016 sur ce qui est dénommé "produit intérieur brut"). Quand Guitton avait exprimé sa proposition pour la première fois, c'est-à-dire en 1951, l'éc...
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