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L'affaire du sauvetage d'AIG, un cas d'école du capitalisme corrompu par l'état

Actualité de la Crise Publié le 09 novembre 2009
3131 mots - Temps de lecture : 7 - 12 minutes
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Objectif Liberté

Ma recherche sur la régulation financière avance à petits pas, et je n'espère pas publier quelque chose de conséquent avant décembre. Mais d'ores et déjà, je parviens à une certitude: la façon dont la loi se crée aujourd'hui favorise l'émergence d'un monstre sociétal, que le terme de néo-corporatisme peine à rendre dans toute sa nuance. Je parlerais bien de "collusionnisme", une co-gestion de l'économie par les élites politiques et financières au détriment de ceux qui veulent gagner leur vie dans honnêtement dans l'économie que l'on dira "réelle", quoique le terme soit également impropre. En tant que libéral, ce phénomène me touche particulièrement, car les politiques ainsi promulguées sont souvent étiquetées "néo-libérales" par leurs contempteurs, alors qu'elles en sont l'exact opposé. La faillite d'AIG J'ai déjà évoqué cette faillite de la cogestion de l'économie par des élites co-optées. Bien que j'aie déjà souligné l'existence du phénomène au niveau Franco-français dès 2005, dans mon discours pour le congrès de l'ISIL à Cologne, j'étais loin de me douter que le pays le plus proche de la France en terme de conduite des affaires se révèlerait être les USA. Et si vous croyez que j'exagère, plongeons nous dans les délices de la très possible "affaire AIG", car la faillite du premier assureur américain (voire mondial) semble avoir été l'occasion de manoeuvres que la justice pourrait qualifier de frauduleuses... si elle peut suivre son cours. Rappelons les origines de la faillite d'AIG à la mi 2008. Après que son ancien patron durant plus de 40 ans, le très emblématique Maurice Greenberg, ait été poursuivi pour divers soupçons de fraude par le sulfureux procureur Eliott Spitzer (affaires civiles toujours en cours - Toutes les poursuites au pénal ont été abandonnées), la nouvelle équipe dirigeante décida de mettre les bouchées doubles sur un marché porteur sur lequel le "vieux" Greenberg, en bon risk manager, avait souhaité limiter l'exposition de son entreprise, les "Credit Default Swaps". Quand une assurance devient un produit dérivé hautement spéculatif... Que sont ces produits dérivés ? Un Credit Default Swap est en quelque sorte une assurance sur une obligation. L'assureur vend une option sur la valeur future d'une obligation, que le détenteur de l'obligation va acheter pour se prémunir contre le défaut éventuel de paiement de l'émetteur de l'obligation. En contrepartie, il paie une prime d'assurance. Si l'émetteur de l'obligation fait défaut, non seulement le détenteur d'une CDS doit recevoir le capital restant dû, mais aussi, selon le contrat, une partie des intérêts qu'il aurait reçus si l'obligation était allée jusqu'à son terme ! Nb. La société de l'analyste très en vue Janet Tavakoli publie de nombreux papiers explicatifs sur les CDS. Pour les mordus ! L'ensemble des primes collectées par l'assureur doit être supérieur aux sinistres enregistrés, sinon, l'assurance perd de l'argent, et si les pertes sont trop importantes, la faillite est... assurée ! Le très gros problème des CDS est que le principal "Market Maker" de ces instruments, AIG, a transformé ce produit d'assurance en gigantesque marché spéculatif. Accepteriez vous que votre assureur vende des assurances sur votre vie à votre chirurgien ? Imaginez que votre assureur vende des assurances contre l'incendie de votre maison non seulement à vous même, ce qui est normal, mais aussi à des tiers qui n'ont aucun lien juridique avec votre maison: vous ne seriez pas étonné d'observer une recrudescence d'individus louches se promenant avec des jerricanes d'essence autour de votre domicile, espérant toucher la valeur de votre maison en cas de sinistre. Bref, l'assureur créerait une forte incitation à ce que vous soyez sinistré. Fort heureusement, votre assureur n'est pas fou, et de toute façon, la loi le lui interdit: vendre de telles assurances à des tiers non juridiquement liés à la maison serait évidemment considéré comme la justice comme un préjudice porté au propriétaire de la maison. Pourtant, c'est exactement ce que AIG a fait en vendant des CDS "à découvert" à des personnes n'ayant aucun lien de propriété ni avec les maisons servant de collatéral au prêt, ni les obligations CDO packagées à partir de prêts immobiliers. Un assureur devenu spéculateur fortement leveragé... Pourquoi un assureur agirait il aussi curieusement ? Officiellement, le raisonnement était le suivant: en vendant plusieurs contrats d'assurance sur chaque émission d'obligations, AIG encaissait beaucoup de primes, et si elle avait bien calculé son risque, multipliait les bénéfices. Et donc les bonus pour ses cadres. Mais que AIG ait mal estimé le potentiel de faillites immobilières, même de quelques pour-cent, et alors l'effet de levier permis par la multiplication des contrats se retourne contre lui. Et la clause contractuelle permettant au détenteur du CDS de recevoir non seulement le montant du nominal restant dû de l'obligation, mai...
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