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L'École autrichienne

Ludwig von Mises Extrait des Archives : publié le 18 mars 2012
2539 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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Ludwig von Mises.

Lorsque l'on se réfère à la science économique développée à Vienne et en Autriche, on parle habituellement de l'« École autrichienne ». De nombreuses personnes se méprennent sur ce terme et imaginent qu'il existait une école d'économie autrichienne particulière à Vienne, une sorte d'institution organisée à peu près comme une faculté de droit aux États-Unis. En réalité, le terme d'« école », quand on l'utilise à propos de l'économie autrichienne, se réfère à une orientation quant à la doctrine: il s'agit d'un terme doctrinal. À l'origine, l'expression « École autrichienne » fut accolée à un petit groupe d'économistes de nationalité autrichienne par leurs adversaires allemands. Quand elle fut utilisée pour la première fois à propos des Autrichiens, dans les années 1880, elle se voulait péjorative et portait en elle une certaine dose de mépris. À cet égard, elle se différenciait nettement des noms attribués aux deux autres groupes autrichiens – le mouvement psychanalytique et le Cercle de Vienne du positivisme logique –, qui choisirent eux-mêmes leur appellation. Ces deux autres groupes furent reconnus sur le plan international comme des groupes scientifiques. À vrai dire, les positivistes logiques en sont même arrivés à occuper une position dominante dans l'enseignement de la philosophie au sein des universités anglo-saxonnes, avant tout en Angleterre et aux États-Unis, ce qui est moins le cas en France. Ce que les trois groupes avaient en commun, c'était de ne pas être très populaires auprès des autorités de la hiérarchie de l'administration universitaire autrichienne. Toutes les universités du continent européen sont des universités d'État. L'idée même qu'une université puisse être une institution privée est étrangère à la mentalité de la plupart de ces pays. Les universités sont donc gérées par le gouvernement. Mais il y avait une différence fondamentale avec les autres institutions gouvernementales: les professeurs jouissaient de la liberté de l'enseignement. Tous les employés et fonctionnaires du gouvernement sont obligés, par leurs fonctions, d'obéir de manière stricte aux ordres que leurs directeurs leur donnent. Mais, bien que les enseignants des universités classiques, des universités techniques et de toutes les autres écoles de même rang, étaient des employés du gouvernement, ils n'avaient pas de supérieurs et bénéficiaient de la liberté de l'enseignement. Personne, pas même ceux qui avaient pour rôle de devoir assurer la gestion de l'enseignement, n'avait le droit se s'immiscer en quoi que ce soit dans leurs cours. Ceci était très important parce que les gouvernements de ces pays avaient toujours eu tendance à exercer leur influence sur l'enseignement du Droit, ainsi que sur celui de l'économie, des sciences politiques et des sciences sociales en général. Ce qui compte, c'était que ces trois groupes – l'École économique autrichienne, le Cercle de Vienne du positivisme logique et le mouvement psychanalytique – avaient une chose en commun. Dans la période d'après-guerre, du moins, ils étaient représentés, non par des professeurs rémunérés pour enseigner, mais par desPrivatdozents. Un Privatdozent est quelque chose d'inconnu dans les universités des pays anglo-saxons. C'est un individu admis à l'université en tant qu'enseignant privé. Il ne reçoit aucune rémunération de la part du gouvernement; en fait, il perçoit uniquement les droits d'inscription payés par les étudiants, ce qui ne constitue pas grand chose: la plupart des Privatdozents obtenaient de ces inscriptions l'équivalent d'environ 5,00 à 10,00 dollars par an. Ils devaient donc trouver un autre moyen de gagner leur vie, et ce comme ils l'entendaient. En ce qui me concerne, j'étais conseiller économique à la Chambre de Commerce du gouvernement autrichien. J'avais obtenu le droit de donner des cours à l'Université de Vienne comme Privatdozent à peu près un an avant le déclenchement de la Première Guerre Mondiale. La guerre interrompit mon enseignement. Lorsque je revins de la guerre quelques années plus tard, je pus constater que de nombreu...
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