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L’évaporation de la civilisation et de la monnaie

Hugo Salinas Price Extrait des Archives : publié le 19 mars 2013
2989 mots - Temps de lecture : 7 - 11 minutes
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Jusqu’au début du dix-septième siècle, la civilisation occidentale avait eu pour philosophie celle de la Grèce et de Rome, préservée et développée par les scholastiques de l’Eglise Catholique. La « science » était alors appelée « philosophie naturelle ». La philosophie (et la philosophie naturelle) incluait la métaphysique, un domaine d’études basé sur la déduction et qui explique le monde matériel comme étant un effet produit par des causes opérant au-delà du monde matériel. Puis il y eut deux penseurs, Francis Bacon (1561-1626) un anglais, et René Descartes (1596-1650), un français. Les deux posèrent les fondations d’une révolution scientifique. C’est en grande partie grâce à eux que la métaphysique passa de mode et le demeura. L’induction – la découverte des lois physiques basées sur l’expérimentation - fut proposée par Francis Bacon comme l’unique méthode conduisant à la vérité scientifique ; René Descartes aida puissamment avec ses découvertes mathématiques. (Les graphes que nous aimons tant et sur qui nous nous reposons sont de son invention.) La philosophie classique déclina et le matérialisme (“toute science est mesure et seule la mesure est science”) envahit le monde. La révolution scientifique en elle-même n’aurait pas changé le monde de telle manière s’il n’y avait pas eu un facteur particulier rendant possible la révolution scientifique : l’invention de la machine à vapeur fonctionnant avec l’énergie locale. La révolution scientifique et le charbon ont amené la révolution industrielle que les historiens datent d’environ 1780. Cent ans plus tard, aux environs de 1880, il devient clair que l’énergie pétrolière va devenir l’énergie du futur. Depuis cette date, le pétrole constitue une énergie abondante et bon marché pour le monde entier. Le pétrole est, et doit être, produit en quantités croissantes pour permettre de soutenir la croissance mondiale à un rythme toujours plus rapide. L’évaporation de la civilisation L’histoire de la civilisation occidentale depuis la révolution industrielle peut être comparée à une casserole d’eau posée sur le feu allumé. Alors que de plus en plus d’énergie atteint l’eau dans la casserole, l’eau commence à s’agiter à l’intérieur de la casserole, puis commence à faire de la vapeur ; ensuite l’eau frémit, fait bientôt des bulles et bout. Cela continue ainsi jusqu’à ce que tout se soit évaporé. C’est ce qui s’est passé dans toutes les sociétés humaines sous l’influence des quantités croissantes d’énergie provenant de sources diverses que l’on leur injectait, mais bien entendu, surtout de pétrole. Toutes les sociétés ont été déstabilisées par l’énergie qu’on leur injectait. Comme les sociétés sont constituées d’êtres humains, on peut clairement observer comment, plus une société est « développée », plus l’activité physique et mentale de sa population est grande ; la population n’a pas vraiment le choix d’être ou non en activité incessante. Qu’on l’aime ou pas, l’énergie dans les sociétés dans lesquelles nous vivons est la matière qui nous propulse : le mouvement, physique et mental, devient un impératif comme celui de la molécule d’eau dans la casserole d’eau bouillante. Chaque américain consomme, je devrais plutôt dire, est « bouilli » par 27 barils de pétrole par an. Le chiffre pour le Mexique est de 7 barils par personne et par an. Pour la Chine, autour de 2. Ceci déstabilise n’importe quelle société, parce que l’énergie accrue qui y est injectée pour propulser les êtres humains vers une vie encore plus agitée fait entrer ces humains en collision avec des institutions stables d’une époque précédente plus calme. Les institutions elles-mêmes ne peuvent plus contenir les mouvements des humains. Toutes les institutions cèdent ; aux Etats-Unis, le chaos grandissant face à l’émiettement des contraintes institutionnelles a produit une situation dans laquelle un américain sur 150 est en prison. Je peux citer plusieurs institutions qui sont en train de fondre : la famille, les mœurs sexuelles anciennes, le respect pour l’Autorité, pour n’en citer que trois. Mais je m’intéresse particulièrement à l’institution que constitue la monnaie. L’évaporation de la monnaie L’institution de la monnaie s’est complètement évaporée ! Nous ne nous servons plus du tout de la monnaie quel que soit l’endroit où nous nous trouvons dans le monde. Ce que l’humanité utilise comme monnaie est un simulacre de monnaie : de simples bons qui sont utilisés partout comme moyen d’échange. Cependant, ces bons ne sont pas véritablement de la monnaie - de la monnaie définie en tant que chose ayant la valeur, qui une fois délivrée, en constitue le paiement. ...
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