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L'existence des lois en économie politique.

Georges Lane Publié le 05 février 2014
4803 mots - Temps de lecture : 12 - 19 minutes
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Existe-t-il des lois en économie politique comme il en existe en sciences physique qui, par exemple, permettent d'"aller plus vite", même si les méthodes sont différentes ? La plupart des politiciens prouvent par leur comportement qu'ils répondent négativement à cette vieille question toujours d'actualité et qu'il faudrait leur faire confiance. Selon des économistes, les libéraux, les lois économiques existent, on en a découvertes et il faut encore en découvrir (cf. ci-dessous, texte de Vilfredo Pareto, 1893). Selon les autres, de diverses disciplines (en particulier, les historiens), il n'en existe pas, les hommes de l'Etat d'un pays ont le choix de faire ce qu'ils jugent bon (au nom de l'intérêt général, de l'utilité publique, de la justice sociale, etc.) avec les réglementations qu'ils prennent et les vols et dons légaux qu'ils opèrent. Parmi ces derniers, il y a ceux qui ont contribué à (faire) interdire la convertibilité des substituts de monnaie bancaires en monnaie or ou argent attendu avec incertitude par les gens depuis la décennie 1930 et qui font tout pour qu'on n'en parle pas. Soit dit en passant, aujourd'hui, des économistes américains fêtent le centenaire de la création de la Banque centrale des Etats-Unis en décembre 1913 mais à aucun moment, ils n'évoquent l'interdiction décidée en 1933-34, ni a fortiori celle de 1971-73 et leur désastre économique. Et cent dix ans plus tôt, Napoléon avait engagé la voie de la création de la Banque centrale de France (loi de germinal an XI, 1803). Bref, ce sont ces a-libéraux qui se font entendre sous couvert de donner aux pauvres en volant les riches et en ne s'oubliant pas au passage - toute peine mérite salaire, n'est-ce pas -. Contrairement à ce qui est cru - aux réglementations près -, ce qu'on dénomme "monnaie" aujourd'hui ne doit rien aux hommes de l'Etat, mais tout aux actes des gens qui l'ont découvert comme en témoignait encore, par exemple, Ludwig von Mises (1881-1973) en 1917-18 dans un texte sur les « doctrines monétaires catallactique et a catallactique où il faisait apparaître que, selon les uns, la monnaie procèdait de l’échange et, selon les autres, elle procéderait de l’Etat. Vingt ans plus tôt, Vilfredo Pareto avait eu l'occasion de faire connaître son point de vue sur la question, en particulier, dans trois articles de 1893 dans Le monde économique (23 et 30 septembre, 7 octobre). http://classiques.uqac.ca/classiques/pareto_wilfredo/mythes_ideologies/mythes_ideologies.pdf. Ces articles méritent d'être connus une bonne fois pour toutes, les voici sous le titre général ... Ce maudit laissez-faire ! I [Les beautés de la libre concurrence.] Il était écrit, ou, pour le dire en des termes moins clairs et un peu plus prétentieux, le présent moment historique exigeait que nos lecteurs eussent à subir une avalanche de lettres d'un économiste cristallisé dans les théories libérales. Il vous écrivait, il y a quelque temps, pour demander humblement qu'on laissât faire les économistes qui voulaient employer les mathématiques ; aujourd'hui, il ose porter encore plus haut ses regards téméraires et s'attaquer aux doctrines de la sacro-sainte école historique. C'est l'occasion qui pousse au crime. Nous jurons par tous les dieux infernaux que rien n'était plus loin de notre intention que de nous fourrer dans ce guêpier, quand le hasard fit tomber dans nos mains une brochure intitulée: La France, les partis, et les élections, par M. de Pressensé. Le nom de l'auteur nous engagea à la lire. Nous ne connaissons pas de plus éloquent plaidoyer en faveur du laissez-faire, en matière de conscience et de religion, que le livre L'Église et la Révolution française, par M. Edmond de Pressensé, c'est notre vade-mecum, notre arsenal où nous puisons les arguments historiques - les économistes libéraux, bien qu'indignes, s'en servent quelquefois - pour prouver qu'il n'y a rien de bon à attendre de l'intervention de l'État dans les questions religieuses. Mais, hélas ! l'auteur de la brochure n'est pas M. Edmond, c'est M. Francis, et il maltraite fort le maudit laissez-faire. Jugez-en par ces extraits. L'auteur se demande quelle solution il faut donner à ce qu'on appelle la question sociale. Il dit: « J'ose croire qu'il est une solution, du moins, qui est totalement exclue, et c'est celle de l'individualisme économique pur et simple. Cette parole a l'air téméraire ; en France (sic !), en particulier, où l'orthodoxie économique a encore beaucoup de fidèles, ou plutôt, où elle règne en maîtresse (que dira M. Méline ?) dans les académies, dans les universités et dans la science, il peut sembler singulièrement présomptueux de s'exprimer de la sorte. Ah ! sans doute, si nous fermons systématiquement les yeux à tout ce qui se fait hors de nos frontières, si notre libre-échangisme doctrinaire ne croit pouvoir se défendre que par la protection ou même la prohibition des denrées intellectuelles d'Outre-Rhin ou d'Outre-Manche, il est aisé de s'endormir dans la contemplation des beautés de l'ordre social et de rejeter dédaigneusement les revendications de la foule ou les théories des novateurs ». Vraiment, si notre auteur ne l'assurait, jamais nous n'aurions cru que les économistes français fussent aussi ignorants de ce qui se passe au dehors des frontières de leur pays, et qu'ils s'endormissent de la sorte en contemplant les beautés de l'ordre social. Mais comme nous aimons suivre en tout la méthode expérimentale, on voudra bien nous excuser si nous avons tenu, nous ne dirons pas à vérifier, mais à constater, comment se manifestait cette admiration. Ouvrons, par exemple, un livre de M. G. de Molinari : Les lois naturelles de l'économie politique et voici ce que nous trouvons à la page 218 : « Le relâchement de la concurrence politique a transformé l'État en un instrument d'exploitation aux mains de ceux qui le possèdent et quelles que soient ces mains. jusqu'à présent il est demeuré au pouvoir des classes supérieure et moyenne. Dans la plupart des pays civilisés, la classe moyenne a fini par conquérir une prépondérance décisive. C'est elle qui gouverne. Comme l'avaient fait ses devancières, la noblesse et le clergé, dès l'époque où leurs appétits avaient cessé d'être contenus par la permanence de l'état de guerre, et dans une plus forte mesure encore, car elle a un plus grand nombre de bouches à nourrir, la classe moyenne s'est servie de l'appareil à légiférer et à taxer pour augmenter les attributions de l'état et multiplier les emplois civils et militaires, elle a créé des monopoles à son usage et généralisé le protectionnisme, le tout en vue d'augmenter les jouissances de ses membres et de diminuer leur travail et leur peine ». Il faut avouer que M. de Molinari a une singulière façon d'exprimer son « admiration pour l'ordre social» existant. Comment s'y prend-il donc quand il veut blâmer les gens ou les choses, si pour les louer il en parle de la sorte ? Notre bon ami M. Ernest Brelay ne nous semble guère non plus admirer les classes dirigeantes, qu'il se permet d'appeler digérantes. Il se peut qu'en iroquois ce mot se prenne pour un compliment, mais en français, nous serions assez porté à lui donner un sens contraire. Un de nos maîtres, M. G. du Puynode, doit, lui aussi, employer quelque langue inconnue, qui attend encore son Champollion, mais comme elle ressemble étonnamment à du bon français, nous nous imaginions que ce n'était pas p...
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