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L’ombre portée de Fukushima s’étend

Actualité de la crise Publié le 20 mai 2011
1749 mots - Temps de lecture : 4 - 6 minutes
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Paul Jorion

Tenir un journal de bord de Fukushima Daiichi reposait sur un pari. En dépit des zones d’ombres volontaires ou non qui existeraient, le simple déroulé de ce qui était reconnu allait donner la mesure de l’ampleur de cette catastrophe d’un troisième type. Il mettrait en évidence la précarité de la situation et les très grandes difficultés de l’opérateur à reprendre la main, si toutefois il y parvenait. Il recèlerait, grâce à ce qu’il allait relater, une mise en cause des risques démesurés que l’électro-nucléaire faisait prendre quand l’imprévu et l’incontrôlable survenaient. Il mettrait également en évidence, dans ses détails significatifs, les aléas d’une situation imprévisible dans son déroulement et les difficultés extrêmes rencontrées pour y faire face. La dangerosité spécifique d’une centrale nucléaire ne pouvant être banalisée en la réduisant à un simple incident industriel. Des hypothèses pouvaient être parallèlement énoncées, se distinguant des propos alarmistes dont Internet est coutumier d’en véhiculer. Faire ce tri est un apprentissage collectif. Sortir de cet exercice quotidien est nécessaire. Un relais serait souhaitable, pris par les Japonais et ceux qui sont sur place, afin de rendre compte du drame humain que cette catastrophe représente pour des dizaines de milliers de Japonais déplacés de leur lieu de vie et de travail – souvent de naissance – sans espoir de retour garanti ou alors lointain. Cette histoire-là faite de vies brisées reste à écrire et à montrer, dont on ne connait encore que des fragments. Elle est en soi une terrible condamnation de l’électro-nucléaire. Sur la catastrophe elle-même, considérée sous l’angle restreint de ce qui se passe à la centrale, le journal déborde désormais de son objet initial et ne se contente plus de relater les épisodes d’un sauvetage toujours incertain et plein d’obstacles, ainsi que d’identifier autant que possible les dangers toujours présents. De premiers retours en arrière sont en effet possibles pour l’éclairer, de premières révélations sont disponibles. Celles-ci montrent que l’on est passé au plus près d’une terrible catastrophe associant fusion du combustible, constitution de corium et percement des cuves des réacteurs, à l’explosion d’un ou de plusieurs réacteurs en raison de surpressions internes aux cuves contenant le coeur des réacteurs. L’enquête ne fait que commencer et il faut espérer qu’elle sera menée en toute clarté, ce qui n’est évidemment pas du tout garanti. Il est aussi possible d’élargir le champ de vision et de ne pas considérer le seul site de la centrale, mais de tenter d’appréhender sous tous ses angles les conséquences de la catastrophe. La consolidation financière de l’opérateur de la centrale, Tepco, a été élaborée dans l’urgence, car son écroulement aurait de lourde...
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