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L’Or est il la monnaie qui nous manque ou n'est il qu'une relique barbare ?

Etalon Or Publié le 25 novembre 2008
3549 mots - Temps de lecture : 8 - 14 minutes
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Alain Maître

L’or n’est pas un métal comme les autres, il a toujours suscité la passion, il est capable du pire comme du meilleur, et sans doute plus souvent du pire que du meilleur, comme l’écrit René Sédillot (1). Il a toujours eu des adversaires comme Thomas More, Montesquieu, Cambon, Lénine, Hitler, Keynes et Friedman et d’ardents défenseurs comme Charles Rist, Jacques Rueff, le général de Gaulle et plus récemment Robert Mundell. La démonétisation de l’or au XXe siècle marque une rupture considérable si l’on songe que depuis les grandes civilisations de l’Antiquité le commerce était réglé en or. C’est l’Egypte, riche en métal jaune qui a le moyen d’en faire un étalon monétaire à partir du Moyen-Empire. Sous Toutmosis III, il faut 60 grammes d’or pour acheter un boeuf. Au 2e millénaire avant Jésus-Christ, l’or est estampillé en Cappadoce, en Assyrie, en Chine et c’est dans le monde hellénisé qu’au VIIe siècle la révolution monétaire est acquise. La première vraie monnaie d’or est l’oeuvre de l’opulent Crésus roi Lydien en –550. Sur cette échelle de temps comment comprendre l’abandon de l’étalon-or en 1914 et l’abandon définitif de son dérivé, l’étalon-de change-or en 1971 ? Est-ce un progrès ou une erreur qui expliquerait la grande instabilité du XXe siècle? L’analyse économique de cette question est difficile d’un point de vue technique et nécessite une approche dénuée d’arrières pensées, ce qui en l’occurrence est difficile tant l’or, au-delà de la dimension monétaire pèse sur les questions géostratégiques et pose la question de l’hêgemonia. L’économiste doit pourtant rester à l’écart de ces questions politiques, non qu’il les estime secondaires, mais parce qu’elles sortent de son champ de compétence légitime. Nous nous efforcerons donc de nous en tenir aux mécanismes purement économiques et monétaires en discutant de la validité ou non d’une remonétisation de l’or. Il nous semble que derrière le débat sur le rôle de l’or dans le système monétaire international se cache la question de savoir qui doit détenir le pouvoir monétaire. La démonétisation de l’or au XXe siècle est conforme à une logique de contrôle (confiscation diraient certains) du pouvoir monétaire par les autorités publiques suivant un schéma très keynésien (1e partie de l’article). Le rétablissement de l’étalon-or apparaîtrait alors comme une solution libérale rendant le pouvoir monétaire au marché et imposant une discipline universelle qui avait fait merveille jusqu’en 1914 (2e partie). La démonétisation de l’or, ou l’appropriation du pouvoir monétaire parles autorités publiques il y a des raisons contingentes, c’est à dire historiques, à l’abandon progressif de l’or comme monnaie, tout au long du XXe siècle, mais cette évolution a correspondu également à un état d’esprit interventionniste dès l’entre- deux-guerres qui trouvera en John Maynard Keynes sont plus talentueux théoricien. Pourtant les conséquences de ce monopole du pouvoir monétaire est loin d’être une réussite aussi bien sur les économies nationales que pour le règlement des paiements internationaux. Les raisons historiques de l’abandon de l’étalon-or (2) Les conséquences monétaires de la première guerre mondiale... Les belligérants forcés de payer leurs importations en or car n’exportant plus suffisamment, les États-Unis se retrouvent avec des stocks considérables qui gonflent la masse monétaire américaine entraînant une forte inflation. Pour retrouver la compétitivité-prix, les pays doivent soit dévaluer leurs monnaies par rapport à l’or (c’est par exemple le Franc Poincaré de 1928 qui entérine une dévaluation de 4/5 par rapport au Franc Germinal de 1803) soit maintenir la valeur en or de leur monnaie mais pratiquer la déflation (ce sera selon Keynes la lourde erreur de Monsieur Churchill en 1925 qui décide le retour de la Livre sterling à sa parité-or d’avant guerre). Selon Robert Mundell, au lieu de forcer l’économie mondiale à s’ajuster au niveau des prix d’avant guerre, il aurait fallu accepter l’inflation de la période de guerre puis poursuivre avec la discipline internationale automatique de l’étalon-or. ... et de la seconde guerre mondiale. Les conséquences furent identiques. Les prix doublèrent et il devint difficile d’obtenir de l’or à 35 $ l’once qui était la parité depuis la dévaluation du Dollar en 1933. L’expansion des échanges internationaux aurait nécessité des augmentations de réserves internationales mais il n’y avait pas assez d’or en circulation et on souffrait d’une pénurie de Dollars qui lors de la conférence de Bretton-Woods en juillet 1944 avaient obtenu le statut d’étalon-de change-or (gold exchange standard). L’économiste belge Triffin alors professeur à Yale University écrivit en 1960 Gold and the dollar crisis où il résuma cette situation par le fameux dilemme qui porte son nom : “le SMI peut s’orienter soit vers une explosion de liquidités et une accélération de l’inflation mondiale si le déficit américain continue de l’alimenter soit s’il devait être repris en main et le rôle du Dollar drastiquement réduit, déboucher en une excessive déflation mondiale” (3). Les justifications théoriques de la démonétisation de l’or (4) Keynes commence par reconnaître les mérites de l’étalon-or (gold standard) d’avant 1914. Mais les conditions de demain ne sont pas celles d’hier. La réussite de l’étalon or au XIXe siècle s’explique pour des raisons qui disparaissent au XXe siècle : la découverte de nouveaux gisements d’or se fit au même rythme que le progrès accompli dans d’autres directions : • la valeur de l’or dépendait de l’offre et d...
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