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La « parité » des prix

Henry Hazlitt Extrait des Archives : publié le 25 octobre 2012
2989 mots - Temps de lecture : 7 - 11 minutes
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Henry Hazlitt.

L'histoire des tarifs douaniers est là pour nous rappeler que certains intérêts particuliers savent trouver d'ingénieuses raisons pour soutenir qu'ils devraient être l'objet d'une sollicitude toute spéciale. Ils commencent par faire faire une déclaration par leurs porte-parole, exposant leur projet ; et celle-ci semble tellement absurde que les critiques économistes non intéressés dans l'affaire ne se donnent même pas la peine de la relever. Mais les intéressés recommencent à faire exposer le projet, car si le Gouvernement l'acceptait, leurs affaires prendraient un tel essor qu'ils n'hésitent pas, en vue de sa réussite, à enrôler au service de leur cause des économistes distingués et des « experts en relations publiques ». L'argumentation des uns et des autres revient si souvent aux oreilles du public, elles s'accompagne d'un tel luxe de diagrammes, statistiques, courbes et figures variées, genre portions de gâteau, que l'on a tôt fait de s'y laisser prendre. Et quand enfin les critiques désintéressés finissent par comprendre que le danger de voir adopter un tel projet est imminent, il est généralement trop tard. Ils n'ont plus le temps, en quelques semaines, de s'assimiler la question aussi bien que l'ont pu faire les cerveaux engagés depuis des années pour l'étudier ; on les accuse alors d'être mal renseignés, et ils font figure d'hommes qui ont la prétention de vouloir mettre en doute des vérités évidentes. Cet aperçu général suffit pour servir d'introduction à l'histoire de la parité des prix agricoles. J'ai oublié à quel moment il en fut question pour la première fois dans un texte de loi, mais avec l'avènement du New Deal en 1933, c'était devenu un principe définitivement accepté et qui se transforma en une loi, et au fur et à mesure des années, lorsque ses conséquences absurdes se faisaient pourtant déjà sentir, celles-ci furent également incorporées dans la loi. Les arguments présentés en faveur de la parité des prix agricoles se résument à peu près ainsi. L'agriculture est une industrie de base, la plus importante de toutes. Il faut la protéger à tout prix. De plus, la prospérité de toute la nation dépend de la prospérité du fermier. S'il n'a pas le pouvoir d'achat nécessaire pour se procurer des produits industriels, l'industrie périclite. Telle fut la cause de la dépression de 1929 ou du moins de notre incapacité de nous en remettre, car les prix agricoles sont alors tombés très bas tandis que les prix industriels ne subissaient qu'une dépréciation peu sensible. Il en résulta que le fermier ne put se procurer aucun produit industriel, les travailleurs des villes furent réduits au chômage et ne purent plus acheter de produits agricoles, et la dépression s'étendit en cercles vicieux sans cesse plus larges. A cette situation il n'était, assurait-on, qu'un remède, un seul, et il était bien simple : Ramener le prix des produits agricoles « au pair » avec le prix des produits dont le fermier a besoin. Cette parité d'ailleurs avait existé de 1909 à 1914, à l'époque où la condition du fermier était prospère. Il fallait donc rétablir cette parité et la maintenir indéfiniment. Ce serait trop long et trop éloigné de notre véritable sujet, que d'examiner toutes les absurdités contenues dans ce raisonnement apparemment plausible. Il n'y a aucune raison valable pour que le rapport entre prix agricoles et prix industriels, qui a existé à une certaine date ou pendant une certaine période, soit considéré comme « sacro-saint » ou même comme étant nécessairement plus « normal » que les rapports existant pendant aucune autre période. Même si ce rapport était normal à ce moment là, quelle raison a-t-on de supposer que ce même rapport devrait être constaté une génération plus tard, en dépit des changements considérables qui se seront produits dans l'intervalle dans les conditions de la production et de la demande ? Ce ne fut pas par hasard que la période entre 1909 et 1914 fut choisie pour servir de base à l'établissement de la « parité ». Comparativement aux autres prix alors en vigueur, ce fut, dans toute l'histoire des États-Unis, l'une des plus favorables à l'agriculture. Si le plan avait eu quelque logique ou même quelque sincérité, on l'eût appliqué à toute notre économie. Si le rapport entre les prix agricoles et les prix industriels, tel qu'il exista entre août 1909 et juillet 1914, méritait d'être conservé indéfiniment, pourquoi ne pas conserver indéfiniment aussi le rapport des prix existant à ce moment là entre toutes les marchandises offertes sur le marché. Une automobile Chevrolet de tourisme à 6...
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