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La Corde Raide

Paul Jorion Publié le 10 juin 2010
1786 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) En première ligne dans une situation toute inconfortable, les gouvernements européens sont sur la corde raide et vont y demeurer. Divisés entre eux, ils tentent de préserver ce qui peut l’être d’une Europe dont ils ne peuvent plus économiquement se passer, tout en ne sachant plus vers où la diriger. Repliés dans leurs frontières nationales, ils se sont trouvés un rôle – car il faut bien exister – en adoptant une posture de cost-killers, à l’image de ces bons gestionnaires à la réputation usurpée qui sévissent dans les entreprises. Mais ils savent en leur for intérieur qu’ils vont rapidement atteindre à ce jeu la limite de ce qui est politiquement et socialement tenable, et que les mesures d’austérité qu’ils engagent ou étudient encore ne feront pas le compte à l’arrivée. Ce n’est pas encore clairement l’impasse qu’ils redoutent, mais c’est déjà une voie de garage. Coincés entre des impératifs contradictoires, ils tâtonnent, exposés aux crises de toutes natures dont ils craignent le déclenchement inopiné. Avec, pour les plus lucides, la hantise de ces deux repoussoirs que sont les situations grecque et japonaise, comme le décrit dans sa dernière chronique du Financial Times Martin Wolf. D’un côté le risque d’un blocage sur le marché obligataire qui s’étendrait à d’autres pays, avec des conséquences en chaîne imprévisibles, de l’autre la profonde trappe à liquidités et la déflation qui l’accompagne. Comme la communauté des analystes le craint, l’Europe est à la veille d’une récession économique, et peut-être même de la déflation. Ce constat a amené Naoyuki Shinohara, le directeur général adjoint du FMI, à déclarer à Singapour que la croissance asiatique allait aider l’économie mondiale à atténuer le contrecoup des politiques d’austérité européennes, tout en s’inquiétant de leurs effets sur le commerce extérieur de la région, principal moteur de cette même croissance. Ben Bernanke, président de la Fed, reconnait de son côté que la banque centrale américaine reste « extrêmement attentive » à l’évolution de la situation européenne, rejoignant ceux qui, aux Etats-Unis, estiment que les effets de la crise grecque seront « probablement limités ». Au sein de la Fed, des voix discordantes se sont toutefois fait entendre à ce propos parmi les gouverneurs : Daniel Tarullo considérant les retombées sur la croissance américaine de la crise européenne plus préoccupantes que Charles Evans. L’adoption d’un remède unique à des situations nationales très diverses en Europe – la crise qui s’est installée dans la région ayant en réalité des particularités et des manifestations très différentes d’un pays à l’autre – est l’expression même du désarroi qui règne dans les sphères dirigeantes, lesquelles tentent de se raccrocher à ...
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