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La crise du système monétaire international toujours recommencée.

Georges Lane Publié le 04 mai 2011
4799 mots - Temps de lecture : 11 - 19 minutes
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Il y a quarante ans, ce qu'il est convenu de dénommer « système monétaire international » - par ignorance - était « en crise », autre expression en vogue tant hier qu'aujourd'hui. De fait, quarante ans plus tôt, c'était pareil, et ... quarante ans plus tard, c'est pareil. Raymond Aron, philosophe en vogue, écrivait alors, périodiquement, dans le quotidien Le Figaro des articles sur le sujet (cf. par exemple les textes reproduits dans le billet intitulé « Plus ça change, plus c'est pareil. » ou dans le billet « « Le système monétaire international, cet inconnu. ») Les articles, que certains prenaient pour des raisonnements économiques, avaient surtout pour fond une opposition feutrée à l'analyse économique du même sujet par Jacques Rueff qui, lui, était économiste et savait explique. Le temps a passé et on a pu se rendre compte de qui entre les deux détenait la vérité. Il reste que “la crise du système monétaire international” est permanente depuis la décennie 1930 - depuis l'interdiction de la convertibilité intérieure des monnaies en or - et que les concepts employés par R. Aron étaient et sont restés au coeur de beaucoup de développements en dépit de l'évolution de la théorie économique, de l'évolution de la réglementation du système monétaire et de l'inanité tant explicative que prédicative de beaucoup de ces concepts. Les deux textes de la plume d'Aron qui suivent, l'un intitulé "le mark et le dollar", l'autre "face au dollar, en date des 10 et 11 mai 1971, sont là pour l'attester. Le seul concept qui a disparu du discours et qui n'aurait pas dû connaître cette destinée car perdure la réalité qu'il désignait : c'est le concept d'”eurodollar”. Soit dit en passant, pourquoi ce choix ? Je laisserai la réponse en suspens. Dans ces conditions et tant il se moquait en définitive du présent et de l'avenir qu'à quelques mots près à changer, on peut voir dans les développements proposés une description de la réalité du système monétaire international actuel, les institutions créées entre temps, en particulier la banque centrale européenne, n'y ont rien changé. Pour cette raison, je les donne en les ponctuant de remarques personnelles. 1. LE MARK ET LE DOLLAR Le Figaro, 10 mai 1971 Chacune des crises qui ébranlent le système monétaire international ranime la controverse, inépuisée et inépuisable, sur le dollar et l'or, sur l'étalon de change-or et autres problèmes connexes. Il me semble vain de saisir cette occasion de prolonger un débat, doctrinal ou politique : la fermeture des bureaux de change en Allemagne, en Suisse, en Hollande et en Belgique ne signifie pas que « ce qui doit arriver arrive » ou que l'économie occidentale va s'effondrer tout entière en une catastrophe de fin du monde. [Remarque 1 : c'est ainsi qu'à fleurets certes très mouchetés, en reprenant des expressions de Jacques Rueff, Raymond Aron attaquait celui-ci. Mais si les paroles s'envolent, les écrits restent et leurs erreurs peuvent devenir un jour des semelles de plomb...]. L'épisode actuel a pour cause l'afflux de capitaux flottants en République fédérale allemande. [Remarque 2 : bien évidemment, ce propos est nul et non avenue : le concept de capitaux flottants est absurde ; aujourd'hui, ce ne sont plus les capitaux flottants - notion d'historiens peu empreints de connaissances d'économie politique - qui sont dans leur ligne de mire, mais "les ou le marchés financiers" : ah les marchés financiers!]. Cet afflux, à son tour, peut être interprété de diverses manières et, selon l'interprétation, telle ou telle réplique paraîtra justifiée. [Remarque 3: Et maintenant un peu de relativisme...]. Le système, tel qu'il existe depuis mars 1968 et la création d'un double marché de l'or, présente effectivement des facteurs d'instabilité. [Remarque 4: le système n'est pas tombé du ciel, mais résulte de réglementations politiques, nécessairement aveugles...]. Le dollar, théoriquement convertible en or, ne l'est plus en fait. En tant que monnaie nationale, il dépend des décisions prises par le gouvernement des Etats-Unis, qui en déterminent indirectement le pouvoir d'achat. Unité de compte dans laquelle sont exprimés les prix agricoles du Marché commun, bon d'achat utilisé dans le monde entier, le dollar constitue l'équivalent d'une monnaie mondiale sans que pour autant aucune autorité monétaire, en dehors de Washington, puisse en contrôler effectivement la gestion. [ Remarque 5: les prix sont aujourd'hui en euro...]. Même au Fonds monétaire international, le Trésor américain exerce une influence décisive, sinon discrétionnaire. Les droits de tirage spéciaux (D. T. S.), justifiés par le manque de liquidités internationales dans l'hypothèse d'un équilibre de la balance des comptes américaine, offre un exemple de plus de la toute-puissance de Washington : il n'y a pas d'équilibre de comptes américains et pourtant le F. M. I. continue à mettre en œuvre les D.T.S. [ Remarque 6: malgré ce qu'il en disait, il n'y avait pas à l'époque de manque de liquidités internationales, mais "trop" comme l'expliquait, lui, J. Rueff qui en arrivait à parler de "plan d'irrigation pendant le déluge" pour cadrer la question des D.T.S. Certains voudraient réactiver aujourd'hui les D.T.S.]. En cette conjoncture, quel que soit l'adjectif que l'on emploie pour la qualifier, n'importe quel gouvernement d'Europe doit considérer la gestion américaine de l'économie comme une contrainte à laquelle il faut s'adapter (jusqu'au jour où les Européens s'uniront pour mettre un terme à ce pouvoir arbitraire). Dès lors, la question du partage des responsabilités entre Allemands et Américains se pose dans les termes suivants : le système étant ce qu'il est, comment les autorités de Bonn ont-elles réagi aux contraintes ? [ Remarque 7: à entendre certains, aujourd'hui ce serait entre habitants des pays de la zone euro et Américains]. Pour relancer l'économie, le président Nixon provoqua une baisse des taux d'intérêt, supprima la régulation qui empêchait les banques de recueillir certains fonds en payant un loyer de l'argent plus élevé. Le taux de l'argent à court terme baissa, les banques américaines remboursèrent quelque treize milliards de dollars qu'elles avaient empruntés à leurs filiales européennes. [ Remarque 8: idem aujourd'hui en apparences ; ce qui ne doit pas cacher une abondance de "liquidités" ]. Les capitaux flottants affluèrent en République fédérale allemande parce que les taux d'intérêt y dépassaient ceux des Etats-Unis et des eurodollars. [ Remarque 9: idem aujourd'hui. en apparences..]. D'autre part, le gouvernement de Bonn ne voulait pas réduire les taux d'intérêt parce que prix et salaires avaient monté en 1970 à une allure supérieure à la moyenne allemande. D'octobre 1969 à octobre 1970, les prix des biens d'équipement ont progressé de 8,3 %, ceux, des biens de consommation de 5,2 % et enfin les prix à la consommation, pour l'ensemble des biens et des services, de 4 %. [Remarque 10: "tout cela est dans les tuyaux" aujourd'hui...]. On peut plaider que pour lutter contre l'inflation, l'arme du crédit était la meilleure mais, dans le contexte international créé par la politique américaine d'argent facile, le maintien de taux d'intérêt élevés devait provoquer les conséquences qu'il a effectivement provoquées : les capitaux qui se seraient portes sur le marché des eurodollars se sont changés en marks. [ Remarque 11: q uoique personne n'en parle, on ne peut exclure que le même phénomène se développe aujourd'hui en s'articulant à l'euro et non plus au mark allemand]. De plus, les entreprises allemandes empruntaient, plus, sur le marché des eurodoll...
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