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La crise se poursuit, l’après crise se dessine

Paul Jorion Publié le 22 mai 2009
2883 mots - Temps de lecture : 7 - 11 minutes
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Le renouvellement prévisible des métaphores utilisées pour évoquer la crise et ses perspectives est en bonne voie. Peter Orszag, le directeur du budget à la Maison Blanche, a bien commencé en déclarant le 17 mai dernier sur CNN : « la chute libre de l’économie semble s’être arrêtée », mais il est hélas immédiatement retombé dans un poncif, ajoutant : « Il y a des lueurs d’espoir… ». Le lendemain, éludant une question lui demandant s’il pensait que nous avions touché le fond, pour rester dans les poncifs, Tim Geithner, secrétaire au Trésor, a préféré sauter à la phase suivante, affirmant en innovant que « la reprise ne sera pas stable et régulière. Elle sera cahotante (…) et fragile pendant un temps ». Au chapitre de la franchise, il a même déclaré : « Pour nombre d’Américains, ça n’ira pas mieux avant longtemps ». Barack Obama, à l’occasion de la première réunion de son conseil pour la reprise économique, a déclaré avec prudence: « Nous sommes contents de voir des progrès, de voir un certain retour à la normale par certains aspects sur les marchés financiers. » A en croire la Fed, le reste ne va pas très fort aux Etats-Unis. L’économie américaine ne devrait pas être conforme à ses objectifs de croissance, de chômage et d’inflation avant cinq ou six ans. Le taux de chômage, qui est actuellement de 8,9%, pourrait atteindre 9,6% en 2009 et toujours 8,5% en 2011, l’objectif de la Fed étant compris entre 4,8 et 5,0%. Le PIB devrait chuter en 2009 plus que prévu, soit de 2,0%, avant de croître de 2 à 3,0% en 2010 et de 3,5 à 4,8% en 2011. Ces nouvelles prévisions plus pessimistes que les précédentes datant de février dernier. Nous ne sommes pas encore sur la branche horizontale du « L », mais nous nous en approchons, Paul Krugman n’en écarte pas la possibilité, Joseph Stiglitz également. Il est frappant de remarquer, toutefois, que les analyses font sauf exception défaut pour expliquer cette période de stabilisation qui nous attend, puisque c’est ce qui nous est au mieux promis. Dans un article syndiqué intitulé « le printemps des zombies », Joseph Stiglitz en donne les raisons : « Les banques zombies - ces morts-vivants - ‘parient sur leur résurrection’, en reprenant les mots immortels d’un économiste, Edward Kane. Tandis qu’elles répètent la débâcle des caisses d’épargne et de prêts américaines (Savings & Loans) des années 1980, les banques utilisent de mauvais modèles de comptabilité. (Elles étaient par exemple autorisées à conserver des actifs non performants dans leur bilan sans les échéances). Pis encore, elles peuvent emprunter à bon marché à la Réserve fédérale, même sans réelles garanties, tout en prenant sur les marchés des positions risquées. » « Certaines banques ont annoncé des bénéfices au premier trimestre 2009, la plupart grâce à des tours de passe-passe comptables et à des gains sur les marchés financiers (c’est-à-dire en spéculant). Mais ce n’est pas ce qui va permettre au monde de se rétablir rapidement. Et si le pari est perdu, le contribuable américain devra régler une note encore plus salée. Le gouvernement américain aussi parie qu’il va s’en tirer : les mesures de la Fed et les garanties du gouvernement signifient que les banques ont accès à un financement à bas prix, alors que les taux des crédits qu’elles accordent restent élevés. » « Sauf une nouvelle mauvaise surprise, il est même possible que les banques puissent s’en tirer sans traverser d’autre crise. D’ici à quelques années, les banques seront recapitalisées et l’économie reviendra à la normale. Cela est le scénario idéal. Mais l’expérience conduit à penser que cette approche est dangereuse. Mais l’expérience conduit à penser que cette approche est dangereuse. Même si les banques se portaient bien, la dépréciation et la perte de richesse qui découlent de la crise signifient que selon toute probabilité l’économie sera faible. Et une économie sans force est plutôt synonyme de pertes bancaires que de bénéfices. » Somme toute, il nous faut prendre notre mal en patience, en attendant que les banques se guérissent de celui qui les a atteint. Nous subissons une double punition, en raison de leur double faute. Si les explications font souvent défaut, les commentaires erronés ne manquent pas, au contraire. Il n’est de jour qu’un commentateur mal inspiré annonce le dégel du marché interbancaire, s’appuyant en Europe sur la baisse du taux du Libor, signe d’une reprise selon lui de l’activité. Occultant une réalité plus dérangeante pour l’...
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