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La permanence en France du socialisme "modèle 1957".

Georges Lane Publié le 25 février 2017
4215 mots - Temps de lecture : 10 - 16 minutes
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1. Dans l'ouvrage de 1942 intitulé Précis d'histoire des doctrines économiques, conforme au programme de la partie générale du diplôme d'études supérieures d'économie politique de la Faculté de droit de Paris , Louis Baudin (1887-1954), professeur de droit et de science économique, a livré une connaissance de l'économie politique tout à fait surprenante. En voici la table des matières: Table des matières Introduction .....................................................9 Chapitre 1. - Le mercantilisme. L'économie de puissance ..13 Chapitre 2. - La physiocratie. L'économie de bien être. 43 Chapitre 3. - Les classiques. L'individualisme ... 69 section 1. - Adam Smith ..................................... 71 section II. - ].-B. Say section III. - Malthus . section IV. - Ricardo ... Chapitre 4. ~ Les dissidences de l'individualisme.121 section 1. - Saint-Simon. La notion d'élite section II. - Fourier. L'idée de coopération section III. - Sismondi. L'économie de sécurité ... 141 Chapitre 5. - Les années [18]quarante .................149 section 1. - Louis Blanc. Le socialisme d'Etat .... 151 section II. - Bastiat. Le libéralisme section 1I1 - Proudhon. L'anarchisme section IV. - Stuart Mill. La codification de l'individualisme ..... 183 section V. - List. Une nouvelle forme d'économie de puissance ..203 Chapitre 6. - L'annonce du XXème siècle .............. 214 section I. - L'école historique. La méthode ............ 214 section II. - Karl Marx. Le collectivisme ............... 222 section III. - Le Play. La moralisation de l'individualisme 252 Quelques ouvrages à consulter .............................. 271 Ouvrages d'auteurs contemporains dont les citations figurent dans le texte .........................................................................272 Index alphabétique des noms cités .......................... 275 2. On ne peut qu'être étonné que le livre se conclue sur Marx (mort en 1883) et Le Play (mort en 1882) - c'est-à-dire soixante ans avant la date du livre -. Comment Baudin pouvait-il ignorer, en particulier, les travaux de Cournot, Walras, Pareto, … pour ne parler que des Français, contemporains de Marx ou Le Play ? Pourquoi ces choix de l'auteur ? Pourquoi s'est-il intéressé, implicitement, seulement aux hérauts des quantités des choses en économie politique ? Que n'avait-il lu les propos du Cours d'économie politique (1896-97) de Vilfredo Pareto s'opposant à Ricardo ou à Marx en ces termes: « K. Marx dit aussi fort bien': "La marchandise est d'abord un objet extérieur, une chose qui par ses propriétés satisfait des besoins humains de n'importe quelle espèce. Que ces besoins aient pour origine l'estomac ou la fantaisie, leur nature ne change rien à l'affaire." Mais il oublie aussitôt que cette propriété qui dépend de la « fantaisie» ne peut être que subjective, et c'est la cause principale de l'erreur, qu'il a en commun avec Ricardo, de placer l'origine de la valeur dans le travail; ce qui est proprement confondre le but avec le moyen. » Le travail n'est pas une quantité objective ! Juriste qu'il était, aurait-il été "nul" en mathématiques au point de ne rien comprendre aux développements que ces derniers auteurs avaient écrits ? Pourquoi, par exemple, était-il muet sur la notion d’"ophélimité élémentaire d'une chose" qui va certes contribuer à la déformation, voire à la dénaturation de l'économie politique, par certains à partir de la décennie 1930 (cf. texte de juillet 2009)? Quid des conséquences de cette notion pour ses lecteurs dont la dernière en date est le livre de Jean Tirole intitulé Economie du bien commun ? 3. Osons l'écrire, le livre de Baudin est mauvais hormis, peut-être, le fil directeur de l’individualisme que son auteur semble suivre (mais quid de la codification ou de la moralisation évoquées …). Il ne semble pas excessif de considérer que, sans le vouloir, il a conforté le socialisme alors en développement tant en France que dans le monde (nous étions en 1942...) et que des économistes se sont moulés dans ce qu'il avait malheureusement écrit ou enseigné. 4. On est bien loin de ses textes sur l'Inka dont Ludwig von Mises a fait en 1961, une préface pour l'édition américaine du livre de 1928, intitulé L'Empire socialiste des Incas. 5. On est surtout bien loin de son opposition profonde au socialisme français qu'il a développé dans un article en l'honneur de Ludwig von Mises (1957) intitulé Socialisme français (traduit du français par Stephen Di Bari) et dont le texte est le suivant (traduit par mes soins) : "Le professeur von Mises a vaincu le socialisme après l'avoir mis sur le terrain scientifique. C'est un de ses titres de gloire. Et pourtant le nom de socialisme est encore identifié avec des espoirs illusoires et avec des souvenirs déformés par le temps. Nous proposons donc d'examiner la doctrine dite «socialiste» qui a survécu en France et qui sert maintenant de bannière du parti à la « Section française de l'Internationale ouvrière » (S.F.I.O.). Les économistes s'accordent à croire qu'il existe deux caractéristiques du socialisme sous sa forme non communiste: (1) son objectif, à savoir la socialisation des moyens de production et de redistribution selon les services rendus; (2) ses moyens appliqués, c'est-à-dire les réformes obtenues par la manipulation des forces politiques. Les communistes, cependant, préconisent la socialisation totale de la production, avec la distribution des biens selon le besoin. Ils comptent sur l’évolution des forces productives pour obtenir ce résultat. Ceux qui tiennent à la première doctrine modifieront le capitalisme avec des greffes d'étatisme, tandis que les communistes anticipent son effondrement spontané. En réalité, le communisme révèle une forme définie, alors que nous n'avons qu'une vision fugitive du socialisme. Une grande partie de l'opinion publique conçoit la différence entre les deux doctrines de se trouver dans la soumission de l'un aux ordres du Kremlin et le maintien d'une indépendance de Moscou par l'autre. Sans aucun doute, en stalinien, le seul critère du monde non capitaliste est sa conformité avec la société telle qu'elle est organisée en Russie - qui, dans son évolution, doit théoriquement évoluer par le socialisme pour atteindre le communisme. Pour cette raison, les socialistes français qui refusent d'obéir à Moscou s'appellent eux-mêmes « socialistes français ». Ainsi, notre socialisme français prend un caractère contraire à la tradition - car il a toujours posé comme champion de l'internationalisme - et contraire à son nom: Section de l'Internationale. Pour renforcer leur position, les socialistes français tentent de donner à leur parti des fondements historiques. Ils s'efforcent de rétablir sa connexion avec les prédécesseurs de Marx. Mais ils n'ont pas été trop heureux dans cette entreprise....
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