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La "Pétition des fabricants de chandelles", modèle 2008.

Georges Lane Publié le 25 février 2009
6281 mots - Temps de lecture : 15 - 25 minutes
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George Lane

Václav Klaus, président de la République tchèque, a tenu le 19 février 2009 devant l'institution dénommée " Parlement Européen" un discours de philosophie politique. Soit dit en passant, cette institution qui n'est que de nom "Parlement européen" s'est éloignée un peu plus de la signification du nom qu'elle usurpe quand on sait que les socialistes ont quitté la salle. Honte à eux. Une fois de plus, un discours du président de la République tchèque mérite grande attention et cette fois pour au moins trois raisons très différentes. Première raison : la veille, le 18 février, dans une intervention télévisée, le président de la République française avait apporté la preuve que le marché politique était devenu en France une peau de chagrin où groupes de pression privilégiés et présidence "discutaient le bout de gras", sans relation avec le Parlement français – un vrai Parlement lui, mais… -, sans relation avec les votes récents de celui-ci (loi de finances pour 2009 et loi de financement de la sécurité sociale pour 2009), mais étant données les manifestations syndicales de la semaine passée et des ressources disponibles imaginaires. Soit dit en passant, je ne résiste pas au plaisir de vous faire connaître le dessin (ci-contre) que Sabine Nourrit a conçu pour croquer le marché politique réduit au fait syndicalo-présidentiel et l'esprit de ce dernier. Deuxième raison : le président de la République tchèque illustre à 160 ans d'intervalle – comme il le souligne lui-même dans le discours – le propos d'un économiste français, Frédéric Bastiat, - très oublié en France pour ne pas dire banni - en relation avec le protectionnisme. Ce ne sont pas les termes d'une pétition de fabricants de chandelles européens quelconques précise qu'a exaucés la Commission européenne, le 14 novembre 2008, mais tout s'est passé comme si, le résultat est le même. Le fait est que la Commission a décidé de grever de droits de douane à 66% les chandelles importées de Chine comme si, à défaut de pouvoir taxer le maître, à savoir le soleil, elle s'était rabattue sur un concurrent subalterne, la Chine. Troisième raison : nous sommes à quatre mois du moment des élections européennes. Le marché politique français est muet sur le sujet, autre indicateur de la peau de chagrin qu'il est devenu. Dans son discours, Václav Klaus explique en définitive les enjeux des prochaines élections européennes et, en particulier, celui de l'intégration européenne étant données les dérives politiques de l'Union européenne de ces derniers temps dont l'une fait dire au président de la République tchèque : "A l'heure actuelle, le plus important est manifestement l'exigence qu’on ne fasse plus passer la discussion libre de ces questions-là pour une attaque contre l´idée même de l'intégration européenne. " Voici le texte du discours de Václav Klaus (portrait ci-dessous) à méditer (les intertitres entre […] sont de mon crû). "Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Parlementaires européens, Pour commencer, je voudrais vous remercier de me donner l'occasion d'intervenir devant le Parlement européen, une des institutions clés de l'Union européenne, à l'occasion d'une séance plénière. J'apprécie d'autant plus cette occasion que les représentants élus des 27 pays, avec leur gamme variée d'opinions et de courants politiques, constituent un auditoire unique à l'image de cette Union européenne, expérience unique – depuis plus de cinquante ans – et, en principe, révolutionnaire, qui tente d'améliorer les processus de prise de décision en Europe en en transférant une partie considérable des pays membres vers les institutions paneuropéennes. Je viens ici devant vous de la capitale de la République tchèque, de Prague, centre historique de l´Etat tchèque, un des lieux importants de développement de la pensée, de la culture et de la civilisation européennes. Je viens devant vous en tant que chef de l'État tchèque qui, malgré les transformations les plus diverses, a toujours appartenu à l'histoire européenne, et ceci de manière significative. Aujourd´hui, il souhaite en faire autant. La dernière fois qu´un président tchèque prononça son discours devant vous, c´était il y a neuf ans. Mon prédécesseur, Václav Havel, s´adressa à vous quatre ans avant notre adhésion à l'Union européenne. Il y a quelques semaines, c'était le Premier ministre du gouvernement tchèque, Mirek Topolánek, qui intervenait devant vous, en tant que Premier ministre du pays qui préside le Conseil de l'Union européenne. Dans son discours, il a traité de sujets concrets résultant des priorités de la Présidence tchèque et aussi des problèmes pressants auxquels font face les pays de l'Union européenne aujourd´hui. Cela me permet d'évoquer devant vous des sujets dont le niveau est plus général, d´aborder des choses qui sont peut-être, à première vue, moins dramatiques que - les solutions portées à la crise économique actuelle, - le conflit gazier entre la Russie et l'Ukraine ou bien - la situation à Gaza. Néanmoins – à mon avis – pour le développement du projet d´intégration européenne, elles ont une importance tout à fait essentielle. [1. La République tchèque et l'Europe.] Dans moins de trois mois, la République tchèque commémorera déjà le cinquième anniversaire de son adhésion à l'Union. Elle l’a commémorée avec dignité. Elle l’a commémorée en tant que pays où – à la différence de certains autres nouveaux États membres – on n'éprouve aucune déception due à des attentes frustrées à l'issue de leur adhésion. Ce n'est pas une surprise, cela s'appuie sur une interprétation rationnelle des faits. Nos attentes à nous étaient réalistes. Nous savions bien que nous adhérions à une communauté créée et élaborée par des êtres humains, et non à une construction idéale édifiée sans intérêts, visions, opinions ni idées concrètes. Ces intérêts et ces idées, on peut les trouver partout dans l'Union européenne, et il ne peut pas en être autrement. D'une part, nous avions interprété notre adhésion à l'Union comme la confirmation externe du fait que nous étions assez vite redevenus --en moins de quinze ans après la chute du communisme- un pays européen normal. D'autre part, nous considérions (et nous considérons encore aujourd'hui) notre participation active au processus d'intégration européenne comme une occasion de bénéficier des avantages offerts par une Europe déjà hautement intégrée et en même temps de prendre part à ce processus selon nos convictions. Nous assumons notre part de responsabilités dans le développement de l´Union européenne, et c'est avec cette conscience-là que nous concevons notre présidence au Conseil de l'Union européenne. Je suis persuadé que les six premières semaines de notre présidence démontrent clairement le caractère responsable de notre approche. [2. Justice aux Tchèques.] Je voudrais réaffirmer aussi, lors de cette séance, – pour ceux d'entre vous qui ne le savent pas ou ne veulent pas le savoir – très clairement et à haute voix ma conviction que pour nous il n´y avait pas et qu´il continue à ne pas y avoir d´autre solution que l'adhésion à l'Union européenne et que, dans notre pays, il n'y a aucune force politique pertinente qui puisse ou veuille mettre cette affirmation en doute. C'est pourquoi nous trouvons agaçantes certaines attaques à notre encontre, qui vont s'enflant et se multipliant, et qui se fondent sur le présupposé infondé comme quoi les Tchèques seraient en train de vouloir s’intégrer à un groupe différent de celui auquel ils ont adhéré il y a cinq ans. Cela, ce n'est pas vrai. Les citoyens de la République tchèque estiment que l'intégration européenne remplit une mission nécessaire et importante. Ils la perçoivent – d’après une certaine manière de généraliser – comme suit : - c'est l'élimination des barrières, inutiles et contre-productives pour la liberté humaine et la prospérité, qui intéressent la circulation des personnes, biens et services, idées, philosophies politiques, schémas culturels et modèles de comportement qui se sont constitués au cours de l'évolution historique pour les raisons les plus différentes dans chacun des pays européens ; et - c'est la gestion commune des projets collectifs existant au niveau du continent, donc celle de tels projets qui ne pourraient pas se réaliser sur la base exclusive de négociations entre deux (ou plusieurs) pays européens voisins. Les efforts menés pour atteindre ces deux objectifs – l'élimination des barrières et le choix rationnel des questions à résoudre au niveau global du continent – ne sont pas et ne seront même jamais achevés. Il demeure des barrières et des obstacles. [3. L'excédent bureaucratique.] Et des décisions prises au niveau de Bruxelles sont sûrement plus nombreuses qu´il ne serait optimal. A coup sûr, les décisions y sont prises plus souvent que les citoyens des pays européens ne le demandent. Mesdames et Messieurs les Parlementaires, je crois que vous êtes assurément conscients de ce fait. C'est pourquoi je vais vous poser une question rhétorique : êtes-vous sûrs, lorsque vous votez pour décider d'une affaire, que cette affaire devrait bien être tranchée - dans cette salle même et - non pas dans un endroit plus proche des citoyens, donc au sein des États membres ? De nos jours, la rhétorique politiquement correcte mentionne encore certains autres effets éventuels de l'intégration européenne, mais ceux-ci ne sont en fait que secondaires et remplaçables. En outre, ils représentent les ambitions d'hommes politiques professionnels et de personnes qui leur sont liées plutôt que les intérêts des citoyens ordinaires des États membres. [4. Les mensonges.] En disant qu'il n'y a pas eu d'autre solution pour nous que notre adhésion à l'Union européenne, je n'ai dit que la moitié de ce qu'il y a lieu de dire. La seconde moitié est l'affirmation tout à fait logique selon laquelle les méthodes et les formes de l'intégration européenne ont de nombreuses variantes possibles et légitimes, par rapport à celles qui sont apparues au cours des cinquante dernières années. L'histoire n'est pas terminée. ...
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