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La politique étrangère libérale (2)

Ludwig von Mises Extrait des Archives : publié le 06 janvier 2013
4082 mots - Temps de lecture : 10 - 16 minutes
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Ludwig von Mises.

3. Les fondements politiques de la paix On aurait pu penser qu'après l'expérience de la [Première] Guerre mondiale, la nécessité d'une paix perpétuelle serait devenue une idée de plus en plus répandue. Cependant, on ne comprend toujours pas qu'une paix éternelle ne peut être obtenue qu'en mettant en oeuvre le programme libéral de manière générale et en le maintenant de manière constante et cohérente. On ne comprend pas que la [Première] Guerre mondiale ne fut que la conséquence naturelle et inéluctable des politiques antilibérales des dernières décennies. Un slogan dépourvu de signification et de réflexion rend le capitalisme responsable des origines de la guerre. Le lien entre cette dernière et la politique protectionniste est évident et, très certainement en raison d'une ignorance crasse des faits, la politique des droits de douanes protecteurs est entièrement identifiée au capitalisme. Les gens oublient qu'il y a encore peu de temps les publications nationalistes étaient remplies de violentes diatribes à l'encontre du capital international (du « capital de la finance » et du « trust international de l'or ») parce ce qu'il est apatride, s'oppose aux tarifs protecteurs et parce qu'il est favorable à la paix et ennemi de la guerre. Il est tout aussi absurde de tenir l'industrie de l'armement pour responsable du déclenchement de la guerre. Cette industrie n'est née et n'a pris de l'importance que parce que les gouvernements et les peuples enclins à la guerre demandaient des armes. Il serait vraiment grotesque de supposer que les nations se sont tournées vers des politiques impérialistes pour aider les usines d'artillerie. L'industrie de l'armement, comme toutes les autres, est là pour répondre à une demande. Si les nations avaient préféré autre chose que des balles et des explosifs, les propriétaires d'usines auraient produit ces autres choses au lieu du matériel de guerre. On peut supposer que le désir de paix est aujourd'hui universel. Mais les peuples du monde ne comprennent pas clairement les conditions à remplir pour assurer cette paix. Si la paix ne doit pas être perturbée, toute incitation à l'agression doit être éliminée. Il faut établir un ordre mondial dans lequel les nations et les groupes nationaux soient suffisamment satisfaits des conditions de vie pour ne pas se sentir obligés d'avoir recours à la solution du désespoir que représente la guerre. Le libéral n'espère pas supprimer la guerre par des prêches moralisateurs. Il essaie de créer les conditions sociales qui élimineront les causes de la guerre. La première exigence à cet égard concerne la propriété privée. Si l'on respecte la propriété privée même en temps de guerre, si le vainqueur n'a pas le droit de s'approprier la propriété des personnes privées et que l'appropriation de la propriété publique n'est pas très importante parce que la propriété privée des moyens de production prévaut partout, alors un motif majeur d'entreprendre la guerre est déjà éliminé. Toutefois, ceci est loin de garantir la paix. Pour que le droit à l'autodétermination ne se réduise pas à une farce, les institutions politiques doivent faire en sorte que le transfert de souveraineté sur un territoire d'un gouvernement à un autre ait le moins d'importance possible et n'implique ni avantage ni inconvénient pour quiconque. Les gens ne comprennent pas ce que cela signifie. Il est donc nécessaire de clarifier ce point par quelques exemples. Regardez une carte des groupes nationaux et linguistiques de l'Europe centrale ou de l'Europe de l'Est et notez le nombre de fois où, par exemple dans le Nord et l'Ouest de la Bohême, les frontières entre ces groupes sont traversées par des lignes de chemins de fer. Dans ce cas, en situation d'interventionnisme et d'étatisme, il n'existe aucune manière de faire coïncider les frontières de l'État et les frontières linguistiques. Il serait impossible de mettre en place un chemin de fer d'État tchèque sur le sol de l'État allemand, et il serait encore moins possible de faire fonctionner une ligne de chemin de fer sous une direction différente tous les quelques kilomètres. Il serait tout aussi impensable, lors d'un voyage en train, de devoir faire face toutes les quelques minutes ou tous les quarts d'heure à une barrière douanière et à toutes ses formalités. Il est donc facile de comprendre pourquoi les étatistes et les interventionnistes en viennent à conclure que l'unité « géographique » ou « économique » de telles zones ne doit pas être « interrompue » et que le territoire en question doit donc être placé sous la souveraineté d'un unique « dirigeant » (bien évidemment, chaque nation cherche à prouver qu'elle seule est légitime et compétente pour tenir ce rôle dirigeant dans de telles circonstances). Pour le libéralisme, un tel problème n'existe pas. Des chemins de fer privés, s'ils sont laissés libres de travailler sans interférence de la part du gouvernement, peuvent traverser le territoire de nombreux États sans problèmes. S'il n'y a ni droits de douane ni limites aux mouvements des personnes, des animaux ou des biens, il est sans importance qu'un train traverse plus ou moins souvent la frontière d'un État au cours d'un voyage de plusieurs heures. La carte linguistique montre aussi l'existence d'enclaves nationales. Sans aucun lien territorial avec la majeure partie de leur peuple, des compatriotes se rassemblent dans des colonies fermées ou dans des îlots linguistiques. Dans les conditions actuelles, ils ne peuvent pas être incorporés à leur mère-patrie. Le fait que la zone sous le contrôle de l'État soit de nos jours « protégée » par des barrières douanières rend politiquement nécessaire la continuité territoriale ininterrompue. Une petite « possession étrangère », isolée des territoires adjacents par les droits de douanes et les autres mesures protectionnistes, serait exposée à un étranglement économique. Mais si l'on met en place le libre-échange et que l'État se contente d'assurer la protection de la propriété privée, rien n'est plus facile que de résoudre ce problème. Aucun îlot linguistique n'a à accepter de voir ses droits en tant que nation bafoués sous le prétexte qu'il n'est pas relié à la partie principale de son propre peuple par un territoire peuplé de compatriotes. Le fameux « problème du corridor » ne survient également qu'en raison du système impérialo-étatico-interventionniste. Un pays situé à l'intérieur des terre...
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