6285 search

La politique étrangère libérale (3) L'impérialisme

Ludwig von Mises Extrait des Archives : publié le 27 janvier 2013
3214 mots - Temps de lecture : 8 - 12 minutes
Lire plus tard
Ludwig von Mises.

5. L'impérialisme La soif de conquête des monarques absolus des siècles passés avait pour but d'étendre leur sphère de pouvoir et d'accroître leur richesse. Aucun prince ne pouvait se considérer assez puissant, car seule la force pouvait lui permettre de conserver son autorité face aux ennemis intérieurs et extérieurs. Aucun prince ne pouvait se trouver assez riche, car il avait besoin d'argent pour entretenir ses soldats et son entourage. Pour un État libéral, la question de savoir si les frontières du pays doivent être ou non poussées plus loin n'a que peu d'importance. La richesse ne peut provenir de l'annexion de nouvelles provinces car le « revenu » procuré par un territoire doit être utilisé pour payer les frais nécessaires à son administration. Pour un État libéral, qui n'envisage aucun plan d'agression, le renforcement de son pouvoir militaire n'est pas important. Ainsi, les parlements libéraux se sont opposés à toutes les tentatives d'augmenter le potentiel militaire d'un pays et à toutes les politiques guerrières ou ayant des buts d'annexion. Cependant, la politique de paix libérale qui, au début des années 1860, alors que le libéralisme volait de victoire en victoire, était considérée comme déjà assurée, au moins en Europe, se fondait sur l'hypothèse que les peuples de chaque territoire pouvaient bénéficier du droit à choisir eux-mêmes l'État auquel il voulait appartenir. Or, afin de garantir ce droit et comme les puissances absolutistes n'avaient nullement l'intention d'abandonner pacifiquement leurs prérogatives, plusieurs guerres et révolutions assez sérieuses furent d'abord nécessaires. Le renversement de la domination étrangère en Italie, le maintien des Allemands au Schleswig-Holstein menacés de dénaturalisation, la libération des Polonais et des Yougoslaves ne pouvaient être entrepris que par les armes. Parmi les nombreux cas où l'ordre politique existant fut confronté à une demande au droit à l'autodétermination, un seul put être résolu pacifiquement: quand l'Angleterre libérale accorda la liberté aux Îles Ioniennes. Partout ailleurs, la même situation conduisit à des guerres et à des révolutions. Les luttes pour créer un État allemand unifié engendrèrent le désastreux conflit franco-allemand; la question polonaise resta sans solution parce que le Tsar écrasait les rébellions les unes après les autres; la question des Balkans ne fut que partiellement réglée; et l'impossibilité de résoudre les problèmes de la monarchie des Habsbourg face à la dynastie au pouvoir conduisit finalement à l'incident qui déclencha la [Première] Guerre mondiale. L'impérialisme moderne doit être distingué des tendances expansionnistes des principautés absolues car les esprits qui l'animent ne sont pas ceux des membres de la dynastie au pouvoir, ni même de la noblesse, de la bureaucratie ou des corps d'officiers cherchant conquête et enrichissement personnel par le pillage des ressources des territoires conquis. Non, ces esprits sont ceux de la masse du peuple, qui considère l'impérialisme comme le moyen adéquat pour préserver l'indépendance nationale. Dans la liste complexe des politiques antilibérales qui ont jusqu'ici accru le rôle de l'État pour ne laisser presque aucun champ d'activité humaine à l'écart des interférences gouvernementales, il serait vain d'espérer trouver une solution même partiellement satisfaisante aux problèmes politiques des régions où cohabitent différentes nationalités. Il ne peut y avoir que des dirigeants et des dirigés. Le seul choix est de savoir si l'on sera marteau ou enclume. Par conséquent, la mise en place d'un État national aussi fort que possible – qui puisse étendre son contrôle sur tous les territoires mélangeant les nationalités – devient une exigence indispensable à la préservation nationale. Le problème des zones plurilinguistiques ne se limite pas à des pays établis depuis un bon moment. Le capitalisme permet d'ouvrir à la civilisation de nouveaux terrains, offrant des conditions plus favorables que de nombreuses régions habitées depuis longtemps. Le capital et le travail partent pour les endroits les plus favorables. Les mouvements de migration ainsi amorcés dépassent de loin tous les mouvements de peuples que le monde a connus. Seules quelques nations peuvent voir leurs émigrants aller vers des lieux où la puissance politique est aux mains de leurs compatriotes. Quand cette condition ne prévaut pas, les migrations engendrent à nouveau le type de conflits qui se développent généralement dans les territoires polyglottes. Dans certains domaines particuliers, que nous n'étudierons pas ici, les choses sont assez différentes entre les zones de colonisation d'outre-mer et les pays d'Europe existant depuis longtemps. Néanmoins, les conflits qui proviennent de la situation insatisfaisante des minorités nationales sont en dernière analyse identiques. La volonté de chaque pays de préserver ses nationaux d'un tel destin conduit d'un côté à une lutte pour l'acquisition de colonies permettant l'établissement d'Européens et, d'un autre côté, à adopter une politique de taxes à l'importation destinée à protéger la production nationale opérant dans de moins bonnes conditions que ses concurrents de l'industrie étrangère, ceci dan...
Cet article est reservé uniquement pour les membres Premium. 75% reste à lire.
Je me connecte
24hGold Premium
Abonnez-vous pour 1€ seulement
Annulable à tout moment
Inscription
Articles en illimité et contenus premium Je m'abonne
Editoriaux
et Nouvelles
Actions
Minières
Or et
Argent
Marchés La Cote
search 6285
search