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La politique monétaire suisse serait-elle vassalisée par l’Allemagne? Liliane Held-Khawam

Liliane Held-Khawam Publié le 02 mars 2015
3015 mots - Temps de lecture : 7 - 12 minutes
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Autrefois, le vassal devait offrir son aide militaire en échange de privilèges. Aujourd’hui l’aide est financière mais les privilèges et les privilégiés sont inconnus (Photo)… pour l’instant. Le 27 février, la BNS a publié une partie de ses données comptables valables à fin janvier 2015, soit 15 jours après le désarrimage de l’euro. Le total du bilan est passé en un mois de 561 milliards à 558 milliards. Or, on relève sur ce bilan une diminution de 2 milliards des billets en circulation et une baisse de 1 milliard des engagements de la BNS vis-à-vis de la Confédération. Rien qu’avec ces 2 montants, nous avons l’explication du recul de 3 milliards entre fin 2014 et fin janvier 2015. La BNS a augmenté ses passifs pour financer la baisse de ses actifs. Elle comptabilise l’euro à 1.09 comme moyenne sur le mois de janvier. Cela explique qu’il lui reste encore un petit 6% de fonds propres. Quant à sa dépendance à l’euro, 46.3% de ses devises étaient détenus en euros à fin décembre 2014, soit 236 milliards de francs suisses. On peut dire que ces banquiers (y c centraux) qui ont vu leurs comptes de virements littéralement explosés sont les grands gagnants du désarrimage tout comme la zone euro qui a un sponsor- mécène inespéré. Ce comportement étrange qui met la BNS en porte-à faux avec sa mission devrait nous interpeller. On a le sentiment que la connexion entre la BNS et la zone euro est une sorte de boîte noire méconnue du citoyen, voire des élus. Il est bien sûr impossible d’appréhender l’ensemble de la situation mais rien ne nous empêche d’essayer. Quelques connexions de la BNS à la zone euro Une analyse du cheminement du trafic des paiements entre la Suisse et l’étranger révèle des choses pour le moins étonnantes! On constate que la Banque nationale suisse a délégué l’ensemble de son trafic de paiements aux banques commerciales, avec un fort leadershiip accordé aux 2 banques too-big-to-fail que sont UBS et Credit Suisse. Les conflits d’intérêts s’accumulent sans susciter les moindres interrogations. Plus grave encore, nous avons découvert que 4 acteurs privés majeurs se sont constitués une banque commerciale privée qui s’est postée à Francfort sous le contrôle de la Bundesbank. L’ensemble des flux financiers qui partent depuis la Suisse vers l’Europe et vice versa sont obligés de passer par cette banque de Francfort. Un scénario identique est appliqué à tous les flux financiers qui entrent et sortent de la Suisse en euros. Cela constitue un monopole privé qui s’est approprié la gestion de flux financiers gigantesques avec l’approbation des pouvoirs publics. Des pans entiers du pouvoir régalien (appartenant en démocratie au peuple et donc à l’Etat bénéficient aujourd’hui à des intérêts privés dans un déni de la législation du pays. On retiendra deux conséquences potentielles à cette découverte: La balance des paiements allemande bénéficierait de flux gigantesques suisse de manière injustifiée. On peut raisonnablement se demander si elle ne serait tout simplement pas faussée. Cela signifie la mise à l’écart de la Suisse et du franc en tant qu’acteurs de la place financière mondiale. Une petite recherche montre que tout ce processus ne doit rien au hasard. Dans ce contexte, le taux-plancher ne serait qu’un épiphénomène dans une stratégie de soumission de la Suisse et du franc au profit de l’Allemagne, de la place financière de Francfort et de l’euro. Cette découverte éclaire la prise de risques de la BNS, son refus de constituer de fonds souverain, la stratégie expansionniste de son bilan basée sur des dettes etc. La question de l’abandon du franc suisse au profit de l’euro se pose plus que jamais avec une perspective d’intégrer l’Union monétaire européenne. Voici des faits. Intégrer une union monétaire par le trafic des paiements Une union monétaire est constituée par définition d’un marché financier unique dans le cadre duquel les capitaux (monnaie, titres, hedge funds…) circulent librement. La plateforme à travers laquelle ces produits financiers vont circuler est la pièce maîtresse qui va rendre possible cette libre circulation des capitaux. N’oublions pas que celle-ci est le cœur de la construction européenne. Dans le cadre de la mission de la BNS, le législateur lui a confié en 2003 entre autres la responsabilité suivante (art19) : « 1 En vue de protéger la stabilité du système financier, la Banque nationale surveille les systèmes de compensation et de règlement des paiements (systèmes de paiement) et des opérations sur instruments financiers, en particulier sur valeurs mobilières (systèmes de règlement des opérations sur titres). 2 Les systèmes de paiement et les systèmes de règlement des opérations sur titres dont les exploitants ont leur siège à l’étra...
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Par Liliane Held-Khawam via lilianeheldkhawam.wordpress.com
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