6290 search

La recherche publique en France: l'enjeu de son ouverture et de sa réforme

Jean Louis Caccomo Publié le 15 février 2003
2071 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
Lire plus tard
Chroniques en liberté

« Il est fort inutile que l'autorité se mêle d'encourager ce qui est nécessaire. Il lui suffit de ne pas l'entraver. » –Benjamin Constant(1) Il existe une forte tradition en France, qui a présidé à la création du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), selon laquelle l'État aurait vocation à piloter le changement technologique dans le cadre d'un planification indicative. L'ouverture des économies et la dimension transnationale de la recherche et de la diffusion des connaissances dans un contexte de compétition technologique intense font toutefois aujourd'hui voler ce dogme en éclat. Les connaissances et l'État Il existe au moins deux grandes raisons qui remettent en cause le mythe du monopole de l'État dans la production des connaissances sous le prétexte que les connaissances ne sauraient être des biens privés. D'une part, sur le plan international, on constate que les États ne sont pas les seuls à s'intéresser à la recherche et que les firmes ont toujours participé activement au financement et à l'avancement de la R&D. Carl Duisberg créa dans les années 1890 un laboratoire industriel à la pointe du progrès et fut l'un des pionniers de la rationalisation de la recherche-développement dans le domaine balbutiant de la chimie des colorants, contribuant au développement foudroyant de l'industrie chimique allemande. Dans cette période, les industriels prennent conscience des possibilités de l'électricité: Edison invente la lampe à incandescence, Gramme, le moteur électrique et Siemens, la locomotive électrique. Par leur choix d'innovation, ces entrepreneurs sont à l'origine de l'émergence de nouveaux secteurs et de nouvelles industries qui alimentent la croissance économique dans un processus auto-entretenu. Plus près de nous, Bill Gates a participé à la mise en place d'une industrie micro-informatique mondiale qui a nourrit, avec les bio-technologies et la génétique, la croissance de la fin du XXe siècle(2). Ainsi, avant de tomber un jour dans le domaine public, une connaissance a d'abord été produite ou créé par des individus en particulier. Dans ce processus de création de connaissances nouvelles, les acteurs privés ont toujours joué un rôle essentiel(3). D'autre part, il apparaît que la science seule ne fait pas l'innovation et que les États qui prétendent monopoliser la recherche en évinçant les acteurs privés prennent le risque de briser le ressort de l'innovation et de sa diffusion. Ainsi, les pays qui ont annihilé le jeu du marché n'ont sans doute pas perdu leur rang dans les domaines de la science et de la recherche académique mais ils ont bloqué à l'intérieur de leur territoire toute dynamique de transformation de la science en technologies utilisables par les agents économiques. En son temps, l'URSS a sacrifié dans un contexte de guerre froide son économie civile pour financer des programmes scientifiques prestigieux et politiques aux retombées économiques pour le moins douteuses. À un moindre degré, le fait que la R&D publique représente, en France, la part essentielle de la R&D totale explique en grande partie le « paradoxe français » soulevé par la Commission européenne et selon lequel la France obtient de faibles retombées technologiques en termes d'innovation et de brevets eu égard aux sommes engagées dans les programmes de recherche publique. Il y a là une sorte « d'ef...
Cet article est reservé uniquement pour les membres Premium. 75% reste à lire.
Je me connecte
24hGold Premium
Abonnez-vous pour 1€ seulement
Annulable à tout moment
Inscription
Articles en illimité et contenus premium Je m'abonne
Editoriaux
et Nouvelles
Actions
Minières
Or et
Argent
Marchés La Cote
search 6290
search