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La retraite pour les nuls: 3 - la retraite par répartition à cotisations définies

Vincent Bénard Publié le 14 avril 2008
4560 mots - Temps de lecture : 11 - 18 minutes
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Objectif Liberté

Dans le volet précédent de ce dossier "retraites", nous avons touché du doigt l'absence de pérennité de la retraite par répartition et à prestations définies actuellement en vigueur en France, et son incapacité à garantir une retraite décente au plus grand nombre dans son état actuel. Selon la novlangue actuellement à la mode, notre système de retraites actuel n'est pas "durable". Deux pistes Deux écoles réformatrices principales proposent des solutions visant à effacer ces tares. La première propose une transformation du système de répartition, la seconde une transition vers des retraites par capitalisation. Sans prendre parti pour l'instant, étudions aujourd'hui la première des deux alternatives: transformation du système "par répartition et à prestation définies" en un système "par répartition à points et à cotisations définies". L'économiste Jacques Bichot et l'ancien ministre libéral Alain Madelin ont édité en 2003 une proposition de réforme du régime de retraite par répartition visant à réformer les tares les plus criantes de notre retraite-cavalerie actuelle. Prestations définies vs. cotisations définies Ils partent du constat que les systèmes de retraite à prestation définie sont dangereux (y compris, d'ailleurs, les systèmes de retraite par capitalisation à prestations définies) et que le véritable clivage se situe donc sur le caractère défini ou non des prestations en sortie. Leur proposition de réforme vise donc à rendre le système structurellement équilibré financièrement, en instituant un niveau de cotisations défini une fois pour toutes, mais en statuant que ce qui sortira de la caisse ne pourra être supérieur à ce qui y rentre. Au passage, leur système permettrait d'en finir avec deux tares congénitales du principe actuel: tout d'abord, le système à prestation définies à permis à certains lobbies de se tailler sur mesure des prestations supérieures à celles des autres: les fameux régimes spéciaux. D'autre part, l'âge du départ en retraite est fixé technocratiquement, sans tenir compte des souhaits des individus, et les décotes et surcotes pour départ anticipé et retardé sont désavantageuses pour le salarié qui agit de la sorte: encore un expédient trouvé par nos dirigeants pour réduire la dette du système... Le système Madelin-Bichot prévoit un mécanisme simple permettant à chaque personne de choisir l'âge de son départ en retraite, tout en assumant les conséquences prévisibles de son choix en termes financiers, ces conséquences faisant l'objet d'un calcul équitable. . Le système Madelin-Bichot constitue, à quelques détails près, une extension au premier euro du système de retraite de l'AGIRC, la caisse de retraite complémentaire des cadres. Essayons de décrire comment fonctionnerait ce système dans notre pays fictif du premier chapitre, celui où tous les chiffres de population et de revenus sont moyennés et arrondis. Arithmétique du système Dans le pays fictif de notre épisode précédent, rappelez vous, le salaire moyen versé par l'employeur était de 2166,66 Euros mensuels, charges patronales de retraite incluses, et le taux de cotisation de 15,4% (333,33€). Madelin et Bichot proposent de fixer une fois pour toutes le taux de cotisation des salariés suite à "une grande consultation nationale". Pour l'exercice, retenons donc un taux de 15,4% sur un salaire moyen complet de 2166,66 Euros (Ce taux est assez voisin de ce qui est généralement consacré aux retraites partout dans le monde). Dans le système proposé, la cotisation de 333,33€ serait convertie en points, un point valant, au hasard, 33,33 Euros. Chaque salarié reçoit donc chaque mois 10 points, 120 par an, qu'il accumule sur un compte de points. Imaginons qu'il solde sa retraite dans une situation identique à celle de la situation initiale: tous les salariés (1000 par année d'âge) entrent sur le marché du travail à 20 ans, en sortent à 65, et meurent à 75. Dans ce cas, la retraite versée est de 1500 Euros, comme dans le cas initial. En effet, chaque salarié accumule 45*120=5400 points de retraite, et chaque salarié vivra 10 ans après le solde de sa pension, donc consommera 540 points annuellement une fois sa retraite soldée. Il y aura 10000 retraités vivants. La caisse, qui va recevoir 180 millions de cotisation, va en déduire la valeur du point en fonction du nombre de points qu'elle aura à servir. Soit 180M / 5,4M points, soit, logiquement, 33,33 Euros par point, chaque retraité touchera donc 540*33,33=18000 Euros/an, pendant 10 ans. Si l'espérance de vie monte à 80 ans, les autres conditions restant inchangées, la retraite sera soldée sur 15 ans. Chacun « brulera » donc 360 points annuels. La caisse devra servir 5,4 M points annuels, avec une rentrée d'argent identiques: la retraite touchée sera de 12.000 Euros/an pendant 15 ans. Si l'âge moyen d'entrée dans la vie active augmente, votre retraite diminue itou, car moins de cotisants égale une moindre valeur du point. Jusqu'ici, vous peinez à voir une différence avec notre système actuel. Ce qui change Ceci dit, dans un système libre, tout le monde ne choisit pas de partir en même temps à la retraite. Certains acceptent de gagner peu et d'avoir pus de temps libre. D'autres préféreront retarder leur départ et jouir d'une retraite plus confortable. Supposons que vous décidiez, à titre individuel, de travailler jusqu'à 70 ans, mais que tous les autres salariés choisissent de partir à 60 ans, donc cotisent moins longtemps, donc font entrer moins d'argent dans le système. Ne serez vous pas pénalisés par la décision collective « moyenne » ? Voyons ce que cela donne avec une espérance de vie à 80 ans et une entrée dans la vie active à 20. Vous travaillez 50 ans, vous accumulez 120 points annuels: votre compte de points est de 6000 à 70 ans. Vous vivrez 10 ans, vous consommerez donc 600 points/An. Tous les autres retraités sont partis à 60 ans. Ils ont donc travaillé 40 ans, et accumulé 4800 points. Il leur reste 20 ans à vivre, soit 240 points/An. La caisse de retraite doit donc servir (240 points * 1000 * 20) -240 + 600 points annuels, soit 4 800 360 points. Dans la caisse rentre chaque année les cotisations de 40 générations, soit 160 Millions. Le point vaut donc toujours 33,33 euros et vous touchez 20 000 Euros annuels, contre 12 000 en partant à 65 ans, alors que les pensionnés pressés ne touchent que 8000 Euros. La retraite augmente donc de plus en plus vite au fur et à mesure que vous retardez votre départ, parce que vous avez cotisé plus et que vous la touchez pendant moins longtemps. Le système a l'avantage d'être une justice arithmétiquement incontestable. Si tout le monde, vivant jusqu'à 80 ans, partait à 70, la retraite touchée par chacun serait de : Entrées dans le système: 200 Millions d'Euros (50 générations de 1000 personnes par 4000 Euros), Sorties: 600 points par an pour 10 000 retraités = 6 M de points par an, valeur du point 33,33 Euros, retraite versée 20.000 euros. Donc une personne partant à 70 ans n'est pas pénalisée si t...
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