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La solidarité, la vraie et la fausse, d'aujourd'hui ou d'hier.

Georges Lane Publié le 26 janvier 2019
4221 mots - Temps de lecture : 10 - 16 minutes
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1. La solidarité, la vraie et la fausse (2018). "Les manifestations qui ont secoué la France ces deux derniers mois témoignent de la force et de la durabilité du ressentiment, de loin le plus sincère et le plus durable des émotions politiques. Il est facile à stimuler et difficile à apaiser. Même justifié, il conduit rarement à la sagesse et devient rapidement en soi une sorte de plaisir aigre. L’une des mesures impopulaires du président Macron qui l’a fait tomber, à la manière d’Icare, dans l’estime de ses compatriotes, au point qu’il est maintenant détesté par la majorité d’entre eux, aurait été la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (I.S.F.), un impôt sur le capital des particuliers qui aurait conduit 60 000 millionnaires français à partir pour l'étranger, au détriment de l'économie française, en général, et du Trésor français, en particulier. L’important de l’impôt n’est pas pour la population française ses effets économiques réels, mais son prétendu symbolisme. Il est plus important que cela nuise aux riches, ou du moins que cela les gêne, que cela profite aux pauvres. C'est une pure expression de ressentiment élevé dans la législation. Si ce n'était pas le cas, les gens seraient beaucoup plus curieux sur leurs effets. Le nom de l'impôt devrait à lui seul nous alerter sur le tour de passe-passe ou la malhonnêteté intellectuelle qu’elle représente, du type de celui à quoi le regretté Peter Bauer s’est opposé avec l'expression "aide étrangère" - cf. https://dash.harvard.edu/bitstream/handle/1/8705862/bauer.2009.pdf?sequence=1 -. Le problème de cette expression, a-t-il dit, est qu'il présumait ce qui devait être prouvé, à savoir que les décaissements de gouvernement à gouvernement étaient réellement bénéfiques. Il y avait beaucoup de raisons de douter de cela, et en fait de croire le contraire: mais l'expression même aidait à préjuger du jugement. Qui, a demandé Bauer, pourrait éventuellement s'opposer à l'aide aux pauvres ou aux malheureux, à l'exception des insensés et des sans-cœur? Peu importe que l'aide soutienne les tyrans, détruise l'activité économique locale, favorise la corruption et rende la vie politisée. De même, qui pourrait être contre la solidarité? L’inverse de la solidarité est l’égotisme et l’indifférence à l’égard du destin des autres. Il s'ensuit que toute personne digne de ce nom serait heureuse de payer un impôt qui favorise la solidarité. Si 60 000 personnes ont fui le pays à cause de cela, eh bien, bon débarras pour elles, car elles sont du genre à ne se soucier de rien. Curieusement, peu de gens s’arrêtent pour examiner la nature de la solidarité humaine. Ils ne remarquent pas que qualifier un impôt d'impôt de solidarité revient en réalité à externaliser la solidarité vers l’Etat, un organisme qui n’est pas normalement associé à la chaleur humaine ou à ses préoccupations. Bien sûr, beaucoup de personnes qui travaillent pour l’État peuvent manifester une telle chaleur ou une telle préoccupation, mais elles le font en tant qu’êtres humains, en raison de leur personnalité, et non parce qu’ils sont des agents de l’État. Mais quiconque veut voir la chaleur humaine et la préoccupation des différents départements de l’État n’a plus qu’à demander quelque chose qu’il est en leur pouvoir d’accorder ou de refuser. On pourrait aussi bien s'attendre à l'affection d'un reptile. Ce n'est pas tout à fait la même chose que de dire que l'é tat-providence est une racine et une branche erronées. Il serait toujours loisible à ses défenseurs de dire que, dans l’ensemble, l’état-providence a pour résultat une société meilleure que tout autre type d’état connu à ce jour. Je ne le crois pas personnellement, mais je concède que c' est un point de vue respectable. Il me semble toutefois qu'il ne faut pas utiliser un mot tel que "solidarité" pour décrire le fonctionnement de l'état, car l'externalisation de la solidarité détruit les qualités mêmes qui la composent. Quand j'ai payé près de la moitié de mes impôts, pourquoi devrais-je aussi m'occuper de mon voisin? Et si je reçois des prestations à la suite d'une «solidarité» financée par l'État, ce ne sont sûrement que ce à quoi j'ai droit, conformément à la législation et à la réglementation? La vraie solidarité humaine doit être discrétionnaire et impliquer un sentiment humain réel. Quand je visite ma voisine âgée, je le fais parce que je veux atténuer sa solitude et dans l’espoir qu’elle apprécie ma compagnie. Un sondage récent en France a suggéré que 77% de la population souhaitait que l'impôt sur le capital fût réinstaurée. On peut interpréter cela comme une réaction à la destruction des institutions de solidarité réelle créées par des forces économiques ou des développements survenus presque partout, pas seulement en France. Les cafés en France, les pubs en Angleterre, ont été fermés par milliers, les petits magasins ont également disparu au profit de supermarchés ou de centres commerciaux géants. Même la vie sociale minimale et fortement diluée qui se déroule dans les supermarchés ou les centres commerciaux est susceptible de se résorber ou de disparaître entièrement à cause des achats en ligne. Nous approchons de la condition décrite dans l’histoire d’E.M. Forster, The Machine Stops, http://archive.ncsa.illinois.edu/prajlich/forster.html où l’humanité entière vit dans des cellules souterraines isolées, sans contact direct, tous les contacts humains se faisant par l'intermédiaire d'écrans (il est remarquable qu'il ait publié cela en 1909). En France, 50% des femmes adultes vivent seules ou avec leurs enfants sans le père de leurs enfants. . La nouvelle solidarité. Source : Les "gilets jaunes" rassemblés dans les rues de Donzère, Drôme, France, le 17 novembre 2018. Les "gilets jaunes", comme on les appelle, ont recréé un réel sentiment de solidarité. Pour être clair, je ne parle pas ici des jeunes anarchistes, des communistes et peut-être des fascistes qui utilisent l'occasion ou le prétexte pour casser des vitrines ou attaquer des policiers. Je parle des personnes d'âge moyen qui bloquent la circulation dans l'île de circulation provinciale, samedi après samedi, en rassemblant des tentes et des feux de camp. Peu leur importe que leurs revendications soient incohérentes ou contradictoires: davantage de subventions publiques, des impôts moins élevés sauf pour les riches. Ils voudront peut-être six choses impossibles avant le petit-déjeuner, mais, comme l’a regretté le maréchal McCluhan, le moyen est le message. Ils se révoltent contre l'atomisation de leur propre vie. Cette atomisation se manife...
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