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La tentation et l'illusion du régulateur

Jean Louis Caccomo Publié le 08 décembre 2001
1684 mots - Temps de lecture : 4 - 6 minutes
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Chroniques en liberté

Les politiques économiques sont souvent élaborées à partir d'agrégats arbitrairement définis (le taux d'inflation, le taux de chômage, M1, M2…), sur la base de données imprécises et orientées (par exemple la mesure de la pauvreté ou l'évaluation des inégalités), avec un grand décalage par rapport à la conjoncture, et enfin, en référence à des modèles théoriques outrageusement simplificateurs quand bien même ils ont l'apparence mathématique de la sophistication (mais c'est peut-être ce scientisme qui est le plus dévastateur). Il suffit d'entendre aujourd'hui le débat autour de la Banque Centrale Européenne qui devrait baisser le taux d'intérêt si l'on en croit les ministres concernés. Certes, tous les théoriciens de l'économie reconnaissent que, par construction, une théorie économique repose toujours sur un modèle qui ne peut pas intégrer tous les éléments qui interviennent dans la réalité du phénomène étudié, puisqu'il se veut une abstraction de cette réalité. Cependant, les politiques économiques et autres interventions publiques sont bien réelles, elles; elles ne sont pas de simples abstractions mais vont profondément modifier notre vie quotidienne alors même qu'elles s'appuient sur ces constructions théoriques pour en retirer une légitimité scientifique sinon une caution morale. Ainsi, Marc Blondel, syndicaliste français très en vue et dont le moindre propos est repris par tous les médias français, se réclame explicitement de Keynes pour justifier son appel à une relance par la consommation alors que la théorie keynésienne n'est valable que sous certaines conditions très restrictives (économie fermée, pas de changement des technologies, stabilité de la fonction de consommation, etc.). À problème mal posé, mauvaise réponse Quand un problème est systématiquement mal posé, on a peu de chance de le résoudre. Nos dirigeants de gauche comme de droite se placent dans la position de régulateur en dernier ressort: selon eux, il conviendrait évidemment de « réguler le marché » ou du moins de palier ses défaillances puisque l'existence de crises conjoncturelles prouveraient que les marchés ne fonctionnent pas. On peut faire, à ce stade, plusieurs remarques:  Dans des pays libres, c'est le marché qui est censé être le régulateur et les prétendues « défaillances du marché » sont la plupart du temps le résultat d'un environnement réglementaire et législatif qui neutralise les processus de marché eux-mêmes (on peut donner l'exemple de la crise de l'électricité en Californie ou celui de la crise des cliniques privées en France).  Les « défaillances du marché » sont elles-mêmes définies en référence à un modèle de marché parfait qui n'a jamais existé et qui est même l'antithèse de la compétition tel...
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