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Leçon numéro 4 : l'hypothèse originale de Mundell et Laffer

Jude Wanniski Publié le 02 novembre 2012
3577 mots - Temps de lecture : 8 - 14 minutes
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Lors des leçons 2 et 3 de la session d'été 2000, j'ai déterré deux articles que j'avais écrits durant l'automne 1974 pour la page éditoriale du Wall Street Journal et je les ai présentés comme les premiers débuts de l'économie de l'offre. Le premier parlait de politique fiscale, le second de politique monétaire et des taux de change. C'est à cette époque, qui voyait se développer l'économie de l'offre, en septembre 1974, que l'intellectuel le plus important de notre époque, Irving Kristol, m'a invité à déjeuner au Pavillon Italien, au cœur de Manhattan. Irving, que j'ai depuis commencé à appeler "Don Corleone", le grand-père du néo-conservatisme (et de bien d'autres choses), était professeur de sciences sociales (ou quelque chose comme ça) à l'Université de New York ainsi que rédacteur en chef du trimestriel Public Interest. Lui et sa femme "Bea", qui signe des livres importants sous son nom de jeune fille, Gertrude Himmelfarb, sont les fiers parents de Bill Kristol, rédacteur en chef du Weekly Standard, et que vous pouvez voir presque partout dans les entretiens télévisés. Au cours du déjeuner, Irving m'a fait part de sa consternation devant le fait que les journaux étaient remplis d'articles racontant que la crise du pétrole était un complot des grandes compagnies pétrolières, avec l'appui des Arabes. Il savait que c'étaient des bêtises, comme je l'avais écrit, et me dit qu'il aimerait me voir écrire un article pour Public Interest sur l'ignorance économique de la presse nationale. Je répondis alors que le problème ne concernait pas les journalistes, mais les économistes, que la presse n'était qu'un relais entre le peuple et les décideurs politiques. C'étaient les économistes professionnels qui ne comprenaient pas ce qui se passait et qui fournissaient les raisons boiteuses qui étaient reprises en première page des principaux journaux, à la radio et à la télévision. Irving me demanda s'il y avait un économiste qui connaissait les véritables raisons de la crise pétrolière et je lui dis qu'il n'y en avait à ma connaissance que deux : Robert Mundell et Arthur Laffer. Je lui précisais que Mundell avait prédit les événements lorsque Nixon avait abandonné l'étalon or, officieuseusement en 1971 et officiellement en 1973, l'année précédente. Sur quoi Irving me demanda si je pouvais écrire un article sur ces deux économistes. Faites-le en 10 000 mots, dit-il, et apportez le moi dans six semaines : je le publierai dans le numéro de l'automne 1975. C'est cet article qui attira l'attention de l'équipe de Ronald Reagan et me conduisit par ailleurs à écrire The Way the World Works, qui a fourni les bases intellectuelles de la campagne présidentielle républicaine de 1980. Sur la suggestion d'un étudiant de l'Université de l'offre, qui avait entendu parler de cet article mais n'arrivait pas à le trouver, j'ai décidé que ce serait une bonne occasion de le publier sur mon site ( www.polyconomics.com), ce que je ferai en trois parties. Ceux qui ont suivi les cours de l'Université de l'offre au cours des derniers semestres se rendront compte que l'article était très élémentaire pour cette première présentation, mais aussi que les bases n'ont pas du tout changé. L'hypothèse de Mundell-Laffer - Une nouvelle vision de l'économie mondiale, par Jude Wanniski, "The Public Interest" Numéro 39, printemps 1975 Les États-Unis ont traversé un cauchemar économique. Il semble que l'autre jour - et c'est bien ce qui s'est passé- les économistes américains de premier plan parlaient avec confiance de "piloter à vue" [fine tuning] l'économie pour assurer un taux de croissance prédéterminé dans des limites acceptables d'inflation et de chômage. Et même ceux qui, au sein de la profession, se moquaient d'un tel pilotage à vue, ceux qui expliquaient qu'il n'était pas possible de le faire comme le préconisait la "Nouvelle économie" [New Economics, terme qui se réfère ici à l'économie keynésienne, pas à la "Nouvelle économie" française et libérale (Garello, Salin, etc.), ni à la "Nouvelle économie" associée actuellement aux "nouvelles technologies" ! NdT] étaient prêts à affirmer que d'autres stratégies - habituellement liées à la masse monétaire - pouvaient être utilisées pour aider les États-Unis à rester sur la voie magique de la croissance non inflationniste. A l'évidence, la profession connaît une crise intellectuelle. Sur une période de six ans, le Républicanisme pragmatique de Richard Nixon a donné au malade convulsif tous les anticorps préparés par les docteurs économiques de Cambridge et de Chicago. Et, à chaque fois, les signes de vie diminuaient. La masse monétaire était restreinte, puis augmentée. M. Nixon devint un keynésien et on mit en place un "budget de plein emploi". On créa délibérément des déficits, on en créa aussi accidentellement. La courbe de Phillips, un mécanisme merveilleux par lequel les politiciens sont supposés pouvoir équilibrer chômage et inflation suivant une politique finement calibrée, était enseignée religieusement dans les manuels. Le dollar fut dévalué et la fenêtre sur l'or refermée. Les Japonais et les Allemands étaient dénoncés comme étant des gens têtus et, pire, efficaces. Le dollar fut dévalué à nouveau, puis on le laissa flotter. Les salaires et les prix furent contrôlés avec un degré variable de rigueur. A la fin de toutes ces efforts, beaucoup se demandent si l'état du malade était pire que l'on ne l'avait pensé ou si ce ne serait pas le remède qui aurait accentué la maladie. Nous pouvons être...
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