6290 search

Le bal des vampires

Paul Jorion Publié le 23 mai 2012
2122 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
Lire plus tard

Les dirigeants allemands et français effectuent un premier tour de chauffe. Ils explorent les termes du compromis politique qui devrait être finalisé dans les semaines à venir, au plus tard fin juin à l’occasion du sommet européen. Dans l’état, selon le peu que l’on en pressent, celui-ci ne règle ni la crise grecque, ni l’espagnole. Pendant ce temps, dans le fond d’un décor mal éclairé, d’autres événements interviennent. L’instrument basique de la mesure du risque financier se révèle totalement défaillant et les transferts financiers opérés en faveur du privé et au détriment du public se poursuivent. Comme la démonstration vient d’en être faite avec brio et en grandeur réelle par JP Morgan Chase, la Value at Risk (VaR) est un instrument de l’évaluation du risque qui, bien que systématiquement utilisé, est totalement trompeur. À l’origine employée dans le secteur de l’assurance, la VaR a été introduite fin des années 80 dans les banques américaines, JP Morgan Chase créant en 1994 son service gratuit intitulé RiskMetrics destiné à la promouvoir, ce qui en a alors fait le spécialiste. Le Comité de Bâle institua en 1996 un modèle standard de calcul de la VaR, les banques utilisant jusqu’alors des modèles propriétaires soumis à l’approbation du régulateur. Avec un tel pedigree et après un tel nouvel échec retentissant, la VaR est un des symboles les plus accomplis des errements de l’activité financière. Elle est née alors que cette dernière était en plein essor et que ses artisans étaient persuadés savoir mesurer le risque, et d’être même capables de le faire quasiment disparaître en le faisant prendre à d’autres pour le diluer… Vu le bouillon que JP Morgan Chase vient de prendre, cela ne manque pas d’ironie rétrospectivement. D’un montant annoncé de deux milliards de dollars, ce gadin pourrait atteindre jusqu’à 100 milliards de dollars dans le pire des cas. D’après The Independent de Londres, on en serait déjà à 7 milliards de dollars. 100 milliards est le volume des actifs structurés que la banque a acquis, asséchant ainsi le marché de certains produits structurés ; trouvant en conséquence difficilement des contreparties pour déboucler son énorme position. Pour se financer, la banque s’était auparavant délestée de bons du Trésor américain, au rendement trop faible. Puis, en raison des risques pris, elle a voulu se couvrir et s’est magistralement prise toute seule les pieds dans le tapis en engageant des paris si complexes qu’elle ne les a pas maitrisés. C’est tout du moins l’explication que laisse supposer JP Morgan, dont des analystes doutent. L’affaire est loin d’être finie. Il y a deux moralités à cette histoire très amorale. La première est que la gestion du risque financier reste un pari comme un autre, qui peut donc être perdu ; la seconde est qu’il ne fait pas bon avoir une telle taille de bilan et de disposer des moyens de se lancer dans des spéculations de cette ampleur ! JP Morgan Chase a cherché à bloquer l’entrée en vigueur de la réglementation Volcker, qui était prévue en juillet. À en croire les propos tenus par les régulateurs américains, cette affaire pourrait au contraire aboutir à sa réécriture, car si le texte de loi interdit aux banques de spéculer sur les marchés pour leur propre compt...
Cet article est reservé uniquement pour les membres Premium. 75% reste à lire.
Je me connecte
24hGold Premium
Abonnez-vous pour 1€ seulement
Annulable à tout moment
Inscription
Articles en illimité et contenus premium Je m'abonne
Editoriaux
et Nouvelles
Actions
Minières
Or et
Argent
Marchés La Cote
search 6290
search