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Le capitalisme, son propre ennemi…

Georges Lane Publié le 28 janvier 2009
3377 mots - Temps de lecture : 8 - 13 minutes
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George Lane

La monnaie est une organisation ou, si on préfère, un processus perpétuel en partie spontané, découvert un beau jour dans le passé, qui contribue toujours davantagenaux échanges entre êtres humains, des échanges qui apportent paix et prospérité. Au XXème siècle, les dirigistes ont tendu à réduire ce processus à un simple objet et à le volatiliser (au sens où on volatilise un objet par explosif…). On l'a bien vuen 1998 avec la création de l'euro qui repose en tout et pour tout sur des promesses d'hommes politiques d'Etats différents, institutionnellement irresponsables et a priori fermés au sujet tant les connaissances qui s'accumulent font évoluer celui-ci. Lorsqu'il était libre, le dernier stade qu'avait atteint le processus monétaire était au XIXème siècle l'étalon-or avec liberté d'émission : l'incarnaient les banques libres de Nouvelle-Angleterre et celles de l’Empire britannique qui échappaient au monopole de la Banque d’Angleterre, celui-ci étant limité à la région de Londres. Force est de constater que ces systèmes là étaient stables puisqu’ils n’ont jamais connu aucune crise financière significative, et qu’ils résistaient fort bien aux paniques nées dans les systèmes à monopole d'émission. Tous les économistes libéraux de ce temps l'avaient remarqué et en faisaient état : Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat, Gustave de Molinari... et Charles Coquelin (bien avant Lawrence White, George Selgin et Jean-Pierre Centi) avait expliqué pourquoi : la banque libre comprend une procédure d'ajustement immédiat des offres aux demandes de monnaie, que tout monopole réglementaire empêche de fonctionner. Dans les systèmes réglementés, malgré les crises périodiques qu’y engendraient immanquablement les monopoles d'émission, l’étalon-or n’en exerçait pas moins une forte influence stabilisatrice : ne convient-il pas de rappeler à ce titre qu'entre 1726 et 1914, pendant près de deux cents ans, le franc français a gardé un prix libre en or, égal à 322 mg d'or ? * En 1726, on se situe après les événements monétaires en relation avec les faits et gestes de Law – tant montés en épingle par les historiens -, * En 1914, on échappe encore à la plupart des désordres que vont déclencher les doctrines d'économie dirigée appliquée à la monnaie et où aujourd'hui on se trouve enfoui. 1. L'accusation de Sir John Hicks. En 1934, John Hicks - qui devait devenir « Sir John Hicks » trente ans plus tard puis recevoir le prix Nobel d'économie en 1972 …conjointement avec K.J. Arrow -, introduisait une conférence de novembre, reproduite en article dans Economica, 1935, où, après avoir avoué son incompétence en matière monétaire (il avait étudié l’« équilibre général » et l’« économie du bien-être »), il traduisait bien ce « nouvel » état d’esprit, mettant en cause non pas l’irresponsabilité institutionnelle et la cupidité aveugle des manipulateurs de la monnaie, mais une tendance « naturellement croissante » du capitalisme à l’instabilité [ma traduction] : "Après les orages de ces dernières années, c'est avec une particulière méfiance et même avec appréhension qu'on s'aventure à ouvrir la bouche, sur le sujet de la monnaie. Dans mon cas, ces sentiments sont particulièrement intenses parce que je me sens tenir beaucoup plus d'un novice à ce sujet. Mon éducation a été surtout dans les domaines non monétaires de la science économique et j'en suis venu seulement maintenant à m'intéresser à la monnaie car j'ai trouvé que je ne pouvais pas la tenir hors de mes problèmes non monétaires." (Hicks, 1935, p.1) En somme, Hicks reconnaît son ignorance des problèmes monétaires, même s’il a bien dû s’y aventurer à la fin. Comment conclut-il sa conférence ? Par ces mots : "[…] je peux conclure avec deux réflexions générales. Si ce sont les gens insensibles [n.d.t., sous entendu ... aux coûts d'échange] qui préservent la stabilité du capitalisme, des gens qui sont insensibles (vous vous rappellerez) en grande partie parce que, pour eux, les coûts des transfert d'actifs sont importants par rapport au montant des actifs qu'ils possèdent, alors il est vraisemblable que le développement du capitalisme, par la diminution de ces coûts, soit une cause directe de fluctuations de plus en plus nombreuses. Il réduit les coûts de deux manières: - par des dispositifs techniques (dont les banques ne sont qu'un exemple), et - en instillant un esprit plus "capitaliste", qui fait davantage attention au profit, et réduit ainsi les coûts subjectifs. En agissant ainsi, le capitalisme est son propre ennemi [c'est moi qui souligne] car il met en péril la stabilité sans laquelle il s'anéantit. Enfin, il semble s'ensuivre que lorsque nous sommes à la recherche de politiques qui contribuent à la stabilité économique, nous ne devons pas être éconduits par le sentiment que les troubles monétaires sont dus à une «mauvaise» politique économique, au sens ancien de l'expression que tout se passerait bien si nous revenions à la liberté du commerce et au laisser-faire [c'est moi qui souligne, en français dans le texte]. En agissant ainsi, nous ne sommes pas mieux inspirés que les Thébains qui attribuaient la peste à une culpabilité du sang ou que les partisans de M. Roosevelt qui s'attendent à atteindre la sortie du tunnel grâce à la réforme. Il n'y a pas de raison pour que des politiques qui tendent au bien-être économique, considéré s...
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