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Le cheval de Troie de l'interventionnisme pro-business

Martin Masse Publié le 05 février 2000
2695 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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Le Quebecois libre

J'assistais récemment à une conférence où un économiste expliquait, chiffres et tableaux à l'appui, que les politiques interventionnistes des gouvernements québécois depuis les années 1960 avaient rendu l'économie québécoise moins productive et dynamique que les économies ontarienne, albertaine et américaine. Une journaliste assise à ma table, envoyée d'un des nombreux magazines à la mode consacrés au monde des affaires (Commerce, Affaires +, Entreprendre, etc.) semblait confuse devant l'explication du conférencier, qui tenait un discours clairement pro-marché et anti-étatiste. Lorsque je lui ai fait remarquer en guise d'explication qu'en effet, le Québec n'a pas vraiment une économie capitaliste mais bien une économie mixte avec un gouvernement qui intervient partout, elle s'est exclamée: « Comment ça, pas capitaliste? Bernard Landry n'arrête pas de donner des millions aux compagnies! » Outre ce qu'il révèle de l'ignorance qui règne dans le monde journalistique lorsqu'il est question d'économie (et ce, même dans un magazine spécialisé!), ce commentaire montre à quel point la propagande socialiste a réussi à salir et à détourner de son sens le terme « capitalisme ». La dame, qui s'opposait manifestement et avec raison à cette pratique de saupoudrage de fonds publics, n'y voyait pas une tare interventionniste mais plutôt une manifestation du capitalisme. Surprise de voir des gens identifiés comme des partisans du marché et du capitalisme s'y opposer, elle avait cru jusque-là qu'il fallait au contraire être à gauche, donc anti-capitaliste, pour dénoncer ce genre de pratique. Paradoxe idéologique Dans la tête de bien des gens aussi confus que cette journaliste, le capitalisme n'est pas un système économique fondé sur la propriété privée, la liberté d'entreprendre et une implication idéalement minimale de l'État dans l'économie, un système qui a permis ces derniers siècles le plus grand accroissement de la richesse dans l'histoire humaine; c'est plutôt une sorte de complot qui permet à de grandes compagnies de leur voler leur argent par l'entremise du gouvernement. Ironiquement, l'une des plus évidentes manifestations de l'inutilité de l'intervention étatique dans l'économie et de la corruption de la classe de parasites qui nous gouvernent, la distribution de fonds publics aux entreprises, est donc devenue un argument populaire contre le libre marché. L'alternative à ce « capitalisme d'État », où le gouvernement puise de l'argent dans les poches des contribuables pour le donner aux entreprises, devient alors pour beaucoup de gens une variante du paradis socialiste, où le gouvernement « redistribue la richesse » en taxant plutôt les méchants capitalistes exploiteurs au profit du petit peuple. C'est ce type de paradoxe idéologique qui nous fait prendre conscience à quel point les partisans d'une politique soi-disant « centriste », interventionniste modérée, à mi-chemin entre le capitalisme et le socialisme, peuvent être plus dangereux à long terme pour la liberté que les socialistes cohérents qui prônent ouvertement plus d'État. Au moins, on peut facilement comprendre ce que demandent les seconds: plus de taxes, de dépenses, de réglementation, de planification, de redistribution de la richesse, de tyrannie bureaucratique; moins de liberté d'entreprendre, de commercer, de travailler et de consommer, moins de choix à tous égards. On peut les attaquer directement pour ce qu'ils sont, sans détour. Les premiers au contraire disent reconnaître la supériorité de l'économie de marché sur l'économie planifiée, mais veulent toutefois l'encadrer et aider les entreprises à performer, à devenir compétitives et à se développer avec l'aide de nos « ressources collectives ». Ils ne sont pas les ennemis des entrepreneurs et des gens d'affaires, comme les socialistes plus radicaux, mais adorent plutôt couper les rubans avec eux et être perçus comme leurs plus grands amis. Ils donnent donc l'impression de favoriser le capitalisme, mais leurs actions visent en fait à placer le secteur privé sous la tutelle d'un État paternaliste, ce qui est exactement le contraire. Un grand capitaliste Le ministre québécois des Finances Bernard Landry est bien sûr l'archétype de ce politicien interventionniste. On le voit parcourir le monde à la r...
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