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Le dernier leurre de l'euro est-il arrivé?

Georges Lane Publié le 23 juin 2010
3194 mots - Temps de lecture : 7 - 12 minutes
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Pour comprendre l'actualité de l'euro du point de vue français, il conviendrait de rapprocher le « pacte de stabilité et de croissance », l’"indépendance de la banque centrale européenne" et le « bouclier fiscal ». Qu’est-ce qui rapproche ces considérations ? Le leurre de la protection qu'apporterait l'euro, monnaie dirigiste sans précédent dans l'histoire. Le « pacte de stabilité et de croissance » devait, dans la zone des pays de l’euro, protéger les gouvernements et, par conséquent, leurs assujettis respectifs – vous lecteur peut-être si vous habitez dans l’un d’eux, moi à coup sûr – contre les agissements arbitraires de l’un ou l’autre d’entre eux en matière de déficit budgétaire. Il n'a pas été respecté par les hommes de l'Etat des Etats. A ce titre, il était lui-même un leurre. L’ « indépendance de la banque centrale européenne » devait, dans la zone des pays de l’euro, protéger les détenteurs obligés de monnaie « euro » de la tendance arbitraire des hommes de l’Etat national à manipuler la monnaie nationale via la banque centrale nationale. Elle n'a pas été respectée par les hommes de l'Etat des Etats. A ce titre, elle était elle-même un leurre. Le « bouclier fiscal » devait, en France, protéger les contribuables contre l’arbitraire fiscal des hommes de l’Etat de la France. Il n'a pas été respecté par les hommes de l'Etat des Etats. A ce titre, il était lui-même un leurre. Je ne reviendrai pas ci-dessous sur le « bouclier fiscal » que la majorité parlementaire actuelle est à deux doigts d’abandonner et qui, en tout état de cause, va être écorné par la prétendue réforme des retraites, car j’ai eu l’occasion d'en parler dans le billet du 3 avril 2010. Je préfère m'attarder sur le « pacte de stabilité et de croissance » et sur l'« indépendance de la banque centrale européenne ». J'y ajouterai un développement sur le dernier artifice en date qui vient d'être convenu entre les hommes de l'Etat des pays de l'euro au nom, à la fois, du sauvetage et de la protection, à savoir la « facilité européenne de stabilité financière ». 1. Le « pacte de stabilité et de croissance ». Conçu en 1997, le « pacte de stabilité et de croissance » n’a pas été respecté dès le début de la décennie 2000, en particulier par les Etats de la France et de l’Allemagne qui ont été « poursuivis » par la Commission. Il était d’ailleurs merveilleux de voir alors les hommes de l'Etat s'entredéchirer à propos du "pacte de stabilité et de croissance" au moment même où ils tentaient de convaincre de voter "oui" au projet de constitution européenne qu'ils avaient tout autant concocté. Toute proportion gardée, le pacte de stabilité n’était jamais qu'une constitution limitée à deux règles, l'une en matière de déficit des finances publiques, l'autre en matière d'endettement public. D'une certaine façon, les hommes de l'état avaient vu dans ce pacte la deuxième porte ouverte à l'état européen de leurs rêves, la première étant la fusion des monnaies nationales dans la monnaie européenne dénommée "euro" et la troisième, la prochaine, un pacte élargi, à savoir une constitution européenne. Et c'est la raison pour laquelle ils étaient convenus du pacte au sommet européen d'Amsterdam en juin 1997. Reportez-vous aux discours élogieux qu'ils avaient prononcés pour se féliciter de ce qu'ils venaient de faire. "La philosophie en est simple : chaque pays doit équilibrer à moyen terme – 2002 -ses finances publiques", pouvait-on lire début 1999. De fait, des états n'ont pas respecté leurs engagements, une fois ceux-ci signés. A fortiori, il n'y a pas eu d'équilibrage des budgets en 2002. La sévérité des jugements portés par la suite sur le pacte de stabilité (le président de la Commission européenne en exercice, Romano Prodi, parle de sa « stupidité » en 2002) ne saurait faire oublier les éloges dont il avait été l'objet hier, le cas échéant, de la part des mêmes. Mais le pacte a été réformé en 2005. Pourtant, de nouveau, contre l’Allemagne, puis contre la France, à partir de 2006, la Commission envisageait d’engager une procédure pour déficit excessif. Et on en arrive aujourd’hui au cas de l’Etat grec qui a défié l’imagination de certains. Il s’est ainsi vu attribué par ses pairs le rôle du « baudet » de la fable (cf. le billet du 14 février 2010 intitulé “On cria 'haro' sur le baudet” …) 2. L’ « indépendance de la banque centrale européenne ». Dans le cadre de l’ajustement économique mondial en cours depuis 2007, la banque centrale européenne a accepté d’escompter des quantités de créances « officielles » extraordinaires à des conditions qui sont loin de témoigner de son indépendance. J'ai eu l'occasion de développer le point dans les billets suivants : * 19 septembre 2008, Les "grands collecteurs", * 4 mars 2009, Apparences et réalité , * 13 avril 2009, Un grand écart ? Non, une hyper inflation ...
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