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Le krach de 2010 : la crise systémique.

Paul Bara Publié le 23 mars 2010
3840 mots - Temps de lecture : 9 - 15 minutes
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La crise actuelle n’est pas une crise comme celles que nous avons connues depuis 1945. La croissance au quatrième trimestre 2009, en France et au Etats-Unis, n’est due (en partie) qu’a un facteur technique transitoire, le moindre déstockage des entreprises. Nous ne sommes pas dans un enchaînement cyclique normal. Par bien des aspects celle- ci est plus grave que la crise de 1929, en ce qu’elle est doublement globale, affectant à la fois la planète entière et la sphère financière dans sa totalité. Le choc initial a été plus fort qu’en 1929.Pendant les neufs premiers mois, la chute de la production industrielle a été aussi violente qu’en 1929; la chute des cours de bourse deux fois plus rapide, de même que le recul du commerce mondial. L’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis a été amplifié par l’éclatement de la bulle des produits titrisés, ce qui a eu pour conséquence l’éclatement de la bulle de l’endettement des ménages. Des pertes énormes ont rendu le système financier international insolvable, il n’a pu être sauvé que grâce à l’aide des états, qui se sont endettés dans des proportions considérables. Un modèle de croissance basé sur l’endettement des ménages afin de stimuler la croissance a atteint ses limites extrêmes. Une répartition très inégale des richesses et des revenus a fait du crédit un substitut à l’augmentation de ces derniers. La crise actuelle de l’endettement des états (notamment la Grèce) montre que le risque systémique (risque d’écroulement global du système financier) n’est que le symptôme d’une maladie plus grave : la crise systémique. La crise de la dette publique montre que notre modèle de croissance est inadapté: La raison du plus fort est toujours la meilleure. La crise immobilière aux Etats-Unis a donc eu pour conséquence une crise financière et économique mondiale. Afin de juguler la crise financière les états ont mis en œuvre des politiques monétaires très expansionnistes : intérêts à taux zéro, mesures de détentes quantitatives, nouvelles facilités de crédit, émission d’obligations d’état et rachat d’actifs privés non liquides et à risque, auquel s’ajoute la dépense de sommes colossales pour stabiliser le système financier. On a donc transformé les dettes des banques en dette publique (ou du moins une partie). Les états ont donc fait la pari risqué, que sauver les banques, c’était sauver aussi la croissance et les emplois, en s’endettant massivement. Afin de lutter, en outre, contre la crise économique, ils ont mis en œuvre des politiques budgétaires expansionnistes afin de soutenir la demande globale. Ainsi selon le Fonds monétaire international (FMI), les pays du G20 ont consacré 17,6% de leur PIB au soutien direct du système bancaire et seulement, toujours en moyenne, 0,6% du PIB EN 2008, 1,5% en 2009 et 1% en 2010 en mesures budgétaires discrétionnaires. Ajoutons à cela, que les pays de la zone Euro ont consacré 1,6% de leur PIB, sur les trois années considérées, alors que les Etats-Unis y ont consacré 5,2% de leur PIB. On a caché donc le coût historique du sauvetage du système bancaire, qui constitue le plus gigantesque transfert de richesse, de l’histoire économique, du secteur public vers le secteur privé à l’échelle du monde ainsi que ses conséquences en terme de perte de croissance. Il importe donc de poser le problème de l’endettement public dans ce contexte très particulier. Les agences de notations qui ont fait preuve d’une rare incompétence, avant la crise, en notant AAA (aucun risque de faillite) les produits titrisés, essentiellement parce qu’elles ont été grassement rémunérées par les grandes institutions financières; s’attaquent aux états et leur font injonction de revenir à l’orthodoxie budgétaire. Bien évidemment la Grèce est un pays en grandes difficultés: sa compétitivité est faible, la corruption fait partie des mœurs politiques. Elle a maquillé ses comptes afin d’intégrer la zone Eure (avec l’aide de Goldmann Sachs et un montage financier complexe qui reposait sur un swap de devises). Mais, après tout, les pays qui ont des problèmes de déficits budgétaires et de dettes publiques sont légion. Alors pour quoi la Grèce?. Essentiellement parce qu’il s’agit d’un petit pays et que les marchés envoient ainsi un message aux états, en leur indiquant qu’ils doivent restructurer leurs dettes sans attendre; alors que celles-ci résultent (comme nous l’avons vu), pour l’essentiel, du soutien direct apporté aux systèmes bancaires. Cela permettra aussi aux grandes institutions financières de dégager de juteux profits grâce aux credit default swap (CDS) qui sont une sorte d’assurance contre le risque de défaut d’Athènes sur sa dette souveraine. La chose n’a rien de surprenant, dans un remarquable ouvrage (« This time is different : Eight centuries of financial folly) Kenneth Rogoff explique que le phénomène récurrent, le plus significatif, est qu’une crise bancaire internationale est le plus souvent suivie d’une vague de défauts sur la dette souveraine qui a pour conséquence une restructuration de celle-ci. En réalité le véritable problème de la crise de la dette publique, c’est le risque de la contagion, alors qu’il n’y pas de problème global de financement de la dette publique dans la zone Euro. A cause des CDS, on peut craindre que la crise ne s’étende en Espagne et au Portugal, puis en Irlande et en Italie, enfin au Royaume-Uni. L’Europe risque donc une nouvelle récession. Le problème de la zone Euro est qu’il ne s’agit pas d’une véritable zone monétaire. En effet selon le critère de Mundell, une zone monétaire doit non seulement avoir une politique monétaire commune, mais aussi une politique budgétaire et fiscale commune (ou du moins coopérative). C’est précisément ce qui lui manque, comme le montre le cas grec. Selon les traités constitutifs de l’Union Européenne, il n’existe pas de procédure d’aide entre états membres, et la BCE ne peut financer la dette publique d’un état membre. En outr...
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