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Le paradoxe libertaire

Lew Rockwell Extrait des Archives : publié le 13 mars 2016
2668 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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Lorsque les libertaires tentent de convaincre d’autres d’adopter leur point de vue, ils se heurtent à un paradoxe intéressant. D’une part, le message libertaire est simple. Il implique des fondements moraux et des intuitions qui dans le principe sont partagés par tous, y compris les plus jeunes. Ne fais de mal à personne. Ne vole pas. Occupes-toi de ce qui te regarde. Un enfant pourrait dire « mais je l’ai eu avant lui ». Nous partageons tous le sentiment que le premier propriétaire d’un bien qui n’appartenait à personne avant lui possède une supériorité morale sur ceux qui arrivent après. Voilà qui est un aspect central de la théorie libertaire. Prenant exemple sur Luke, Murray Rothbard et d’autres philosophes libertaires ont cherché à établir une théorie philosophique défendable qui explique comment naît la propriété. Locke pense les ressources naturelles comme appartenant au départ à tous, alors que Rothbard estime que toutes les ressources n’appartiennent au début à personne. Mais ce différent n’affecte pas leur analyse. Locke cherche à justifier comment quelqu’un peut retirer un bien de la propriété commune à des fins individuelles, et Rothbard s’intéresse à la manière dont quelque chose qui n’appartient à personne peut être décrétée par quelqu’un comme étant sienne. La philosophie de Locke vous paraîtra certainement familière. Il note tout d’abord que tout Homme est propriétaire de sa personne. Par extension, tout un chacun est propriétaire des biens liés à son travail. Cultiver une terre, cueillir une pomme – la première personne qui récolte un bien jusqu’alors à l’état naturel et sans propriétaire peut s’en proclamer propriétaire. Une fois qu’un produit a été récolté ou ramassé, son propriétaire n’a pas besoin de le transformer pour garder son titre. Une fois le processus initial achevé, d’autres propriétaires peuvent en obtenir la propriété non pas en y liant leur travail – ce qui à ce moment serait une violation – mais en l’achetant ou le recevant comme cadeau. Comme je l’ai dit, nous avons tous conscience de la justice qui dirige cette règle. Si un individu n’était pas propriétaire de lui-même, alors que feraient les autres ? Si un individu qui transforme un bien qui autrefois n’était la propriété de personne ne peut pas se dire en être le propriétaire, alors qui d’autre le pourrait ? En plus d’être juste, cette règle minimalise le conflit. Tout le monde est en mesure de la comprendre, grâce à un principe applicable à tous. Elle ne mentionne pas de race particulière ou de niveau d’intelligence. C’est une règle qui décrit la propriété d’une manière accessible à tous, et qui vise à limiter les disputes jusqu’au minimum. Les alternatives à ce principe sont peu nombreuses et manquent de logique. Si le propriétaire d’un bien n’est pas son premier utilisateur, alors qui est-il ? Son quatrième utilisateur ? Son douzième ? Si seul le quatrième ou le douzième utilisateur d’un bien en est le propriétaire, alors lui seul a le droit d’en faire quelque chose. C’est la base du principe de propriété : la capacité de disposer d’un bien de quelque manière que ce soit sans pour autant causer de tort à quiconque. Déclarer la propriété au travers d’une méthode verbale ne peut que difficilement minimiser un conflit. Les gens finiraient par se hurler dessus, chacun d’entre eux s’étant proclamé le propriétaire de l’objet de la dispute, et une résolution pacifique de l’affaire serait presque impossible. Ces principes sont à la portée de tous, et comme je l’ai dit, ils impliquent des règles morales partagées par tous. Mais voici où se trouve le paradoxe libertaire. Les libertaires commencent par énoncer ces principes de base et cherchent à les appliquer à tous. Mais bien que les gens disent supporter ces principes, et qu’ils croient pour la plupart en le principe d’égalité – ce que soutiennent les libertaires en appliquant ces principes moraux à tous sans exception – le message libertaire devient vite extrême, irraisonnable et inacceptable. Pourquoi est-il si difficile de convaincre des gens de ce en quoi ils croient déjà implicitement ? La réponse à cette question est des plus ...
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