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Le pari stupide de la rigueur

Paul Jorion Publié le 11 avril 2010
2056 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) De réunion en réunion, les gouvernements de la zone euro ne sont toujours pas parvenus à lever le veto de l’Allemagne, dont l’objectif est de pousser la Grèce dans les bras du FMI, afin de ne pas être financièrement impliqué dans son sauvetage, et de défendre ce que l’on commence à appeler le deutscheuro. Une téléconférence de l’Eurogroup doit avoir lieu ce dimanche à 14 heures, sans attendre la réunion des ministres du week-end prochain de Madrid, la situation réclamant qu’une décision soit prise sans tarder. C’est sans doute la réunion de la dernière chance, la Grèce n’ayant ensuite plus comme issue que de demander tôt ou tard l’intervention du FMI, dont les experts sont déjà à pied d’oeuvre. Cette gestion calamiteuse de la première crise de la dette publique augure très mal de celles qui vont suivre. En Europe pour commencer. L’heure n’est plus à déplorer l’impéritie dont les gouvernements font preuve ou bien de tenter de décrypter leurs calculs. Peu importe, car le fait est là : la Grèce va être pour les Etats le signal que Lehman Brothers a été pour les banques, aussi résolument même si son effet va être plus progressif. L’affaire ne peut pas et ne va pas en rester là. De premiers Etats, les plus vulnérables, vont rejoindre les banques dans un même statut de sinistré. « Dans quoi nous entraînent-ils ? quelle démonstration veulent-ils faire? », nous commençons à la comprendre. Si la crise grecque a mis en évidence une chose, c’est que l’effet domino (on dit systémique maintenant) est susceptible de fonctionner en Europe, non pas selon un seul mécanisme mais avec la combinaison de deux : une brutale et incontrôlable hausse des taux obligataires atteignant un nouveau pays – la liste des pré-sélectionnés est connue – les banques pouvant ensuite vite répandre le mal, comme le cas de la Grèce le montre en ce moment. Car les grandes banques européennes sont gavées d’obligations d’Etats, et un plan global de restructuration de la dette qui interviendrait à la faveur de la crise d’un pays européen, avec réduction de peine à la clé, pourrait générer en retour un rude choc pour certaines. Confirmation du fait que les secousses successives de la crise – dégonflement brutal puis très lent de la dette privée, gonflement irrésistible de la dette publique – influent l’une sur l’autre, ce qui n’arrange rien. En conséquence, il n’est pas concevable de laisser un pays faire défaut. Cette contrainte risquerait à force de poser problème, même au FMI, si les sauvetages devaient se succéder et le montant de l’addition s’envoler. Quant à elles, les banques centrales ont déjà donné tout ce qu’elles pouvaient, et sont désormais réduites au rôle de figurant. C’est clairement le cas de la BCE, qui n’est pas aux commandes, comme celui de la Fed. Cette dernière est traversée par des débats internes transparaissant de plus en plus, exprimant des désaccords accrus entre les membres du comité de politique monétaire à propos du maintien ou non de ses mesures de soutien et du risque d’apparition d’une nouvelle bulle financière privée pour certains, du retour de l’inflation pour d’autres. Ayant utilisé leur artillerie monétair...
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