6289 search

Le pivotement du monde

Paul Jorion Publié le 21 mai 2010
2052 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
Lire plus tard
Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) Il y a comme une confusion et une précipitation montantes dans l’air, rien sur le marché boursier ou sur le cours de l’euro ne préfigurant une accalmie, comme si la crise était rampante et durable et pouvait à tout moment jouer un nouveau tour. Ce n’est pas seulement le cas en Europe, où le gouvernement allemand continue de jouer en solo pour se faire entendre, mais également aux Etats-Unis. A l’occasion, là-bas, du bouclage de la loi de régulation financière, qui continue d’être à rebondissements. Elle est pour l’instant bloquée, un compromis sur les produits dérivés n’ayant pu être trouvé, les banques jouant l’intransigeance via leurs alliés au Sénat, après avoir été pris à contre-pied. La face du monde – et la poursuite de la crise – ne vont pas pour autant en être changés, mais il faut prendre cette situation pour ce qu’elle est : l’expression d’une grande indécision à propos de ce qu’il convient de faire, alors que l’étau continue de se resserrer et les contradictions de s’intensifier. Ce tunnel, décidément, est sans fin, et a-t-il une issue ? Des dynamiques contradictoires s’affrontent avec vigueur, entre ceux qui veulent reprendre le cours de leurs occupations spéculatives et ceux qui doivent gérer les dégâts que les premiers ont laissé derrière eux, sans en avoir les moyens. La nouveauté est que les Allemands ont pris une initiative qu’Angela Merkel a qualifiée de début de campagne, qui a joué son rôle de coup de pied dans la fourmilière, à observer l’intense agitation qu’elle a suscité. Dans le concert de refus de se joindre au gouvernement allemand qui a suivi son annonce à propos des CDS, une mention d’honneur doit être accordée à la Consob, le gendarme de la Bourse italien, qui a immédiatement annoncé qu’il n’envisageait pas de modifier l’actuelle réglementation sur les ventes à découvert. Le même jour où le substitut du parquet de Milan dressait un panorama apocalyptique de l’exposition des collectivités locales italiennes aux produits dérivés, un tiers de leur endettement global – soit 33,5 milliards d’euros – auraient été souscrits dans des actifs toxiques. « Ces bombes exploseront à l’échéance des contrats » a annoncé le magistrat. Demain vendredi, Wolfgang Schäuble devrait présenter à ses collègues ministres des finances de l’Union européenne un très sévère plan de discipline budgétaire européenne, qui va ordonner les débats avant d’être selon toute vraisemblance fortement amendé. Car ce n’est plus un catalogue, mais un véritable chemin de croix. Nicolas Sarkozy, ne pouvant plus continuer à tergiverser, cherche à cette occasion à enfermer dans le piège d’un obstacle constitutionnel – une version très édulcorée de la loi allemande qui limite le déficit à 0,35% du PIB dès 2016 et impose l’équilibre aux régions à partir de 2020 – des mesures d’austérité qu’il ne sait pas faire passer autrement. Il pourra toujours se réfugier derrière la nécessité de l’appliquer. Mais les Allemands ont un second volet à leur plan, à propos duquel le président Français freine des quatre fers : ils manifestent une ferme volonté de réguler la f...
Cet article est reservé uniquement pour les membres Premium. 75% reste à lire.
Je me connecte
24hGold Premium
Abonnez-vous pour 1€ seulement
Annulable à tout moment
Inscription
Articles en illimité et contenus premium Je m'abonne
Editoriaux
et Nouvelles
Actions
Minières
Or et
Argent
Marchés La Cote
search 6289
search