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Le pouvoir d'achat de la monnaie.

Georges Lane Publié le 25 octobre 2014
4920 mots - Temps de lecture : 12 - 19 minutes
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La notion de "pouvoir d'achat de la monnaie" a posé des difficultés aux gens dès que l'expression a commencé à être couramment utilisée. Et les difficultés n'ont pas cessé jusqu'à aujourd'hui inclus. Faisons le point. 1. Pouvoir et puissance. A la fin du XIXème siècle, Vilfredo Pareto refusait le mot "pouvoir" dans son dans son Cours d'économie politique (1896-97) et y préférait voir employé le mot "puissance". Soit dit en passant, on retrouve dans ce choix la tendance de Pareto pour le principe de l'analogie entre l'économie politique et les sciences physiques. Il écrivait ainsi que : "Mais qu'est-ce alors que la puissance d'achat, que certains auteurs (par exemple J. St Mill, E. P. l, liv. III, chap. l, § 2) font synonyme de valeur d'échange ? Ce n'est, au fond, qu'une vague conception de l'ophélimité. Pareillement, les anciens parlaient de corps pesants et de corps légers, et ces termes sont encore en usage dans le langage ordinaire, mais la science leur a substitue la notion plus précise du poids spécifique. 76. L'emploi du terme puissance d'achat a le grand défaut de rendre plus facile une erreur que l'on n'est déjà que trop porté à commettre, en confondant la valeur avec une propriété objective des marchandises." (Pareto, op. cit. §§75-76 ) 2. Pouvoir d'achat de la monnaie et prix en monnaie. Mais c'est Irving Fisher a véritablement installé dans l'économie politique la notion de pouvoir d'achat de la monnaie. La notion en définitive rhétorique au mauvais sens du mot, ne procédait plus d'une analogie avec les sciences physiques, mais de l'application d'une mathématique particulière, l'analyse matricielle, pour y introduire la notion de "niveau des prix en monnaie" des marchandises échangées. En effet, dans son livre de 1911, intitulé The Purchasing Power of Money, Fisher a fait intervenir le pouvoir d'achat de la monnaie en relation avec les prix en monnaie passés des marchandises échangées, mais sans trop insister sur la caractéristique mathématique. Il faut savoir que l'inverse du niveau des prix à quoi a été donné l'expression "pouvoir d'achat de l'unité de monnaie", était d'abord une notion mathématique. Elle a fait florès pour mettre en relation les taux de change des monnaies les unes avec les autres. 3. Le pouvoir d'achat de la monnaie et sa valeur d'échange objective. Autant Irving Fisher que Ludwig von Mises ont vu dans le pouvoir d'achat de la monnaie une valeur d'échange économique. Mises était explicite sur le point dans son ouvrage intitulé Théorie de la monnaie et du crédit (1912). En effet, il n'a pas hésité à parler de la "valeur d’échange objective" du pouvoir d'achat de la monnaie dans le chapitre 2. 4. L'erreur de l'équation des échanges. Il a fallu attendre quelques décennies ultérieures pour que la démarche de Fisher prétendument économique soit mise à bas par Murray Rothbard. En effet, Rothbard s'y est opposé, à juste raison, dans son ouvrage intitulé Man, Economy and the State (1962). Il y a expliqué pourquoi la notion de "niveau général des prix" des marchandises échangées dans l'équation des échanges n'avait aucune raison d'être économique. On retiendra ce qu'il a écrit dans son chapitre 11 sous le titre "Fallacy of the Equation of Exchange ". En voici ma traduction : 13. L'erreur de l'équation de change. La base sur laquelle nous avons expliqué le pouvoir d'achat de la monnaie et les changements et conséquences des phénomènes monétaires a été une analyse de l'action individuelle. Le comportement des agrégats tels que la demande globale pour la monnaie et l'offre globale, a été construit à partir de leurs composants individuels [...]. La théorie monétaire dans l'économie américaine, cependant... , a été présenté dans des termes entièrement différents de l'équation des échanges quasi- mathématique, globale, issu notamment de Irving Fisher. La prévalence de cette approche fallacieuse vaut une critique détaillée. [...] Fisher a fait un bond dans le monde réel d'une zone de prix individuels pour une liste innombrable d'articles en béton dans la fiction mensongère d'un niveau de prix, sans parler des graves difficultés auxquelles une telle notion doit faire face. Le sophisme du concept “niveau des prix” sera traité plus loin. Le “niveau des prix” est prétendument déterminée par trois facteurs agrégatifs : - la quantité de monnaie en circulation , - sa “vitesse de circulation”, - le nombre moyen de fois au cours d'une période pendant laquelle une unité de monnaie est échangée contre des biens et le volume total de marchandises achetées en monnaie. Ils sont liées par la célèbre équation des échanges : MV = PT [...] Cette hypothèse hors main d'égalité n'est pas auto évidente, comme Fisher le suppose apparemment, mais un enchevêtrement d'erreurs et de manques de pertinence [...] Il n'y a donc jamais d'égalité des valeurs de la part des deux parties. L'hypothèse selon laquelle un échange suppose une sorte d' égalité a été une illusion de la théorie économique depuis Aristote, et il est surprenant que Fisher, un exposant de la théorie subjective de la valeur à bien des égards , soit tombé dans le piège antique. Il n’y a certainement pas d'égalité des valeurs entre deux biens échangés ou, comme dans le cas, entre la monnaie et le bien [...] Nous avons vu, cependant, que même pour l'échange individuel, et en mettant de côté le problème global des “échanges totaux”, il n'y a rien d’”égalité” qui nous dise quelque chose sur les faits de la vie économique. Il n'y a pas de “côté valeur de la monnaie” qui équivaut au “côté valeur des biens”. Le signe “égal” est illégitime dans l'équation de Fisher. Comment, dès lors, tenir compte de l'acceptation générale du signe « égal » et de l'équation? La réponse est que, mathématiquement, l'équation est évidemment un truisme évident: 70 cents = 10 livres de sucre x 7 cents la livre de sucre. En d'autres termes, 70 cents = 70 cents. Mais ce truisme ne transmet aucune connaissance que ce soit des faits économiques [...] En bref, ce que nous avons dans l'équation de Fisher, ce sont les deux côtés de monnaie, chacun identique à l'autre. En fait, il s'agit d'une identité et non pas une équation. Dire qu'une telle équation n'est pas très éclairante est évident. Tout ce que cette équation nous dit à propos de la vie économique est que la monnaie totale reçue dans un échange est égale à la monnaie totale abandonnée dans l'échange, à coup sûr, un truisme sans intérêt [...] La seule connaissance que nous pouvons avoir des déterminants de prix est déduite de la connaissance déduite logiquement des axiomes de la praxéologie. Les mathématiques peuvent, au mieux, ne traduire nos connaissances antérieures qu'en forme relativement inintelligible ; ou bien, habituellement, elles tromperont le lecteur, comme dans le cas présent. Le prix de l'échange de sucre peut être fait pour égaler n'importe quel nombre d'équations truistiques, mais il est déterminé par l'offre et la demande des participants, et celles-ci, à leur tour, sont régies par l'utilité des deux biens sur les échelles de valeurs des participants aux échanges. C'est l'approche fructueuse de la théorie économique, et non pas la stérile mathématique [...] Seuls les acteurs individuels peuvent décider ou non d'acheter; seules leurs échelles de valeurs déterminent les prix. C'est cette erreur profonde qui se trouve à la racine des erreurs de l'équation des échanges de Fisher : l'action humaine est mise hors de l'image et les choses sont supposées être sous contrô...
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