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Le vent de la dérégulation souffle à nouveau

Actualité de la Crise Publié le 29 juin 2009
3416 mots - Temps de lecture : 8 - 13 minutes
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Paul Jorion

Ce texte est un « article presslib’ » (*) Un nouveau ballet diplomatique vient de s’engager, dans la double perspective du G8 de juillet en Italie et du G20 de fin septembre à Pittsburgh (USA). Pour commencer, Tim Geithner, secrétaire d’Etat au Trésor, va entamer en juillet une tournée européenne et au Moyen-Orient. Angela Merkel, la chancelière allemande, est quant à elle déjà en visite à Washington. Mais il n’est plus question cette fois-ci, comme lors de la préparation du précédent G20 de Londres, de préparer un grand geste magistral destiné à montrer que l’on tient la situation bien en main. L’objectif est d’essayer de coordonner des actions nationales lancées dans le désordre, au fur et à mesure des improvisations des uns et des autres. Reflétant des approches de la crise, des situations économiques et financières et des intérêts différents. Et d’essayer de retomber sur ses pieds par rapport aux décisions prises en commun à Londres, afin de démontrer qu’elles sont bien appliquées, ce qui va demander une certaine adresse. Il va falloir s’atteler à donner une cohérence à tout ce fouillis de mesures passées et à venir, puisque de toute façon « les marchés » y pourvoiront d’eux-mêmes si l’initiative n’en est pas prise par les gouvernements, qui défendent chacun leur bout de gras et ne veulent pas laisser totalement le champ libre aux financiers. Car ceux-ci témoignent sans attendre d’un appétit sans limites, ne voulant pas que la régulation fasse obstacle à sa satisfaction. Comme s’il s’agissait bizarrement d’une compétition ou d’un jeu-concours, le FMI, la Banque Mondiale, l’OCDE et le FMI, viennent ou vont prochainement actualiser leurs prévisions sur l’évolution de la crise, donnant ainsi le socle sur lequel les discours vont être bâtis, non sans quelques discordances. La Banque mondiale prévoit désormais pour 2009 une croissance de 1,2% dans les pays en développement. Hors Chine et Inde, le PIB devrait y régresser de 1,6%. Mondialement, le PIB devrait reculer de 2,9%. En 2010, la croissance mondiale devrait être de 2,0%, celle des pays en développement de 4,4% (+2,5% hors Chine et Inde). Le tout en très légère amélioration par rapport aux prévisions précédentes. La Banque prévoit également un recul de 9,7% du volume du commerce mondial en 2009, avant qu’une reprise de 3,8% n’intervienne l’année prochaine. Face à cette situation, elle estime nécessaire « une attention toute particulière (pour) les risques de crise de balance de paiements et de restructuration de la dette dans bon nombre de pays », afin « d’éviter une autre crise de l’endettement comme celles vécues dans les années 1970 et 1980 ». Elle considère également que, « pour prévenir une deuxième vague d’instabilité, les politiques doivent être rapidement axées sur une réforme du secteur financier et sur l’aide accordée aux pays les plus pauvres ». L’OCDE, dont le champ d’activité est plus restreint et se limite aux trente pays les plus développés, envisage désormais pour cette zone une chute du PIB de -4,1% en 2009, puis un rebond de +0,7% en 2010, en nette amélioration par rapport à ses prévisions antérieures de mars (-4,3% en 2009, -0,1% en 2010). La reprise devrait, selon ces nouvelles prévisions un peu plus optimistes, être plus significative aux Etats-Unis, dont le PIB devrait baisser de -2,8% en 2009 avant de repartir à la hausse en 2010. Le PIB de la zone euro devrait, quant à lui, chuter de -4,8% en 2009, avant d’enregistrer une croissance nulle en 2010. « Les signes d’une reprise imminente dans cette zone ne sont pas encore clairement visibles », commente l’OCDE. S’agissant du commerce mondial, l’Organisation est bien plus pessimiste que la Banque mondiale, estimant qu’il devrait chuter en volume de 16% cette année. Il est estimé en conclusion que « de nouvelles secousses du système financier ne sont pas à exclure » et que, celles-ci n’intervenant pas, « la reprise qui arrive sera à la fois faible et fragile pour un certain temps et les conséquences sociales et économiques de la crise seront durables ». Au chapitre des recommandations, « de très substantiels efforts de redressement des finances publiques seront requis dans plusieurs pays ». Il est également « crucial pour le futur » de modifier les règles de régulation et de supervision financières, des tests de résistance sur les banques devant être effectués et publiés. Tout ceci signifie que rien n’est joué et que de nouveaux accidents sont possibles, que beaucoup reste en tout cas à faire et que la sortie de crise va être assortie de lourds problèmes financiers et sociaux. Ces analyses de la conjoncture laissant de côté les problèmes monétaires, pourtant désormais sur la place publique, ainsi que la constitution en cours de deux nouvelles bulles financière, privée et publique. Résultant d’un côté de la situation à nouveau florissante (en façade) du système financier, grâce à l’injection massive et continue de liquidités provenant des banques centrales, et de l’endettement gigantesque des Etats, qui en est également à l’origine. C’est en quelque sorte un coup double qui est cette fois-ci atteint, l’économie n’ayant plus, vu son état, les ressources que réclame le système financier et il faut y suppléer. Les conditions sont crées pour que cette double bulle enfle, atteignan...
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