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Le vif du sujet

Paul Jorion Publié le 12 août 2010
2150 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Les décisions du Comité de politique monétaire de la Fed sont aujourd’hui saluées par une chute générale des marchés boursiers. Soit, est-il expliqué par certains, parce que les mesures adoptées confirment le retour prochain de la récession, soit parce qu’elles sont considérées comme trop timorées et insuffisantes pour la prévenir, expliquent d’autres. A lire les commentaires des traders, les marchés semblent craindre tout et son contraire. Aux Etats-Unis, l’installation d’un chômage structurel, la faiblesse de la demande qui en résulte (dont l’origine est aussi à trouver dans la pression qui s’exerce sur les salaires), ainsi que l’impossibilité de procéder à une relance budgétaire contribuent à dresser une toile de fond inquiétante, qui est maintenant installée. Les milieux d’affaires, comme le panel du Wall Street Journal vient de le mettre en évidence, en sont venus à considérer que la déflation était désormais l’ennemi public n°1, le danger du retour de l’inflation passant au second plan. C’est bien une époque, décidément, qui s’achève. D’autant que tous les commentaires reconnaissent que la déflation sera plus difficile à vaincre que l’inflation, et de s’en inquiéter. On commence à envisager sérieusement que la Fed pourrait se trouver à court de munitions. Que la question n’est pas tant qu’elle aille prochainement, ou non, au-delà de ce qu’elle vient de décider, en se réengageant dans une politique de création monétaire à grande échelle, que tout le monde semble considérer comme une éventualité vraisemblable. Mais que l’effet de cette politique est tout simplement incertain. Les instruments monétaires ont leurs limites, qui pourraient avoir été trouvées. La relance du crédit bancaire grâce à l’injection de nouvelles liquidités pourrait-elle réellement, dans ces conditions, être en mesure d’éviter – et même de combattre – la récession qui s’annonce ? Rien n’est moins certain. L’exemple du Japon, dans un contexte certes différent, n’est pas là pour rendre optimiste ceux qui aux Etats-Unis s’interrogent en ce sens. Car le resserrement du crédit qui est constaté en Amérique est plus à mettre sur le compte de l’insuffisante qualité de la demande, en raison de la crise économique, que sur l’absence de liquidités, car les banques ne prennent plus de risque, tout du moins dans ce domaine. Le Département du Commerce américain vient aujourd’hui d’annoncer, pour le troisième mois consécutif, une forte hausse du déficit commercial. La raison en est une nouvelle baisse des exportations, contredisant les perspectives de relance économique et de croissance tracées par Barack Obama. Et mettant en cause tout l’échafaudage budgétaire des prochaines années. La baisse des exportations est particulièrement importante dans les biens d’équipement (-3,8%) et les fournitures industrielles (-3,0%), deux secteurs traditionnellement forts à l’exportation. Ce n’est décidément pas demain la veille que les Etats-Unis, première puissance économique et financière mondiale, tireront à nouveau l’économie mondiale. Des Etats-Unis qui trébuchent lourdement, une Europe prise au piège de la dette publique et privée en dépit de l’accalmie actuelle, une Chine qui peine à résorber une bulle financière qui menace désormais son système bancaire : le tableau d’ensemble n’est pas rose. Chacune de ces situation a sa propre logique, très incertaine. Mais, combinées, elles laissent peu de chance à une relance prochaine globale de l’écon...
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