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les banques centrales, dernier ressort

Paul Jorion Publié le 05 juillet 2010
2581 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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La BCE a fait ce qu’il fallait jeudi dernier pour que le remboursement des 442 milliards d’euros qu’elle attendait se passe au mieux. Elle a offert en substitution de nouvelles facilités à trois mois, afin de permettre aux banques de rouler leur dette, et si possible de l’éteindre progressivement. Il a en effet été discrètement annoncé que ces émissions illimitées de liquidités à plus court terme allaient se succéder sans interruption d’ici à la fin de l’année. On respire. Il n’y avait donc pas de quoi s’alarmer, mais ce non événement donne matière à analyse. Une fois constaté que, dans le cours de cette crise, les catastrophes n’arrivent jamais où et quand on les attend. A croire même, cette fois-ci, que l’alerte était feinte pour mieux triompher. Si l’on raisonne en net, en effet, un remboursement partiel de la BCE est tout de même intervenu au final. Ce qui tendrait à prouver, encore une fois, que c’est avant tout une crise de solvabilité – et non de liquidité – que le système bancaire connaît : sinon, il se serait intégralement refinancé. Suite à l’assèchement partiel des liquidités qui en a résulté, les tensions sur l’Euribor (le taux en vigueur sur le marché interbancaire) ont encore augmenté, sans atteindre les sommets de 2008. Ce qui démontre, sans discussion possible, que c’est la confiance qui fait d’abord défaut. La sous-capitalisation notoire des banques européennes aggravant leur cas. Cette contraction risque de générer par la suite de nouvelles tensions sur le marché obligataire, les banques y investissant moins tandis que la demande augmente. Autre conséquence en chaîne, et non des moindres, ces dernières ne seront plus en mesure de reconstituer leurs marges au même rythme que précédemment, disposant de moins de liquidités, alors qu’il va leur être demandé de renforcer leurs fonds propres. Évidement, il y a banque et banque et les moyennes sont dans ce domaine comme dans les autres toujours trompeuses. Très hétérogène, le système bancaire européen est en train de le devenir davantage. Certaines banques sont dans une mauvaise passe, d’autres affectent de ne pas l’être ; mais, au bout du compte, l’initiative prise par la BCE de ne pas renouveler ses opérations de prêt à un an ne va-t-elle pas accentuer encore ces disparités de situation ? Fragilisant globalement le système bancaire, en raison de son étroite interconnexion, en accentuant le pourcentage déjà important de ses financements à court terme ? A l’appui de cette analyse, il est possible de relever que les établissements espagnols et allemands auraient tenté de faire revenir la BCE sur sa décision. Au prétexte de lutter contre l’addiction des banques à ses liquidités abondantes, et de les obliger à renforcer leurs fonds propres pour qu’elles soient plus vaillantes, la BCE risque d’obtenir l’effet contraire à celui qui est recherché. A court terme, les inquiétudes qu’a suscité l’échéance de son remboursement n’étaient pas justifiées, mais elles pourraient le devenir à moyen terme. Il en est de même pour les épisodes prochains et prévisibles de la crise de la dette publique européenne, comme l’émission obligataire grecque de ce mois. Elle sera selon toute vraisemblance couverte, un taux très élevé devant être consenti, quitte à ce que la BCE finance à cet effet les banques grecques, avant d’intervenir ensuite sur le second marché pour leur racheter les obligations acquises. Mais les achats répétés au fil des semaines d’obligations souveraines de la BCE ne font au mieux que stabiliser leur taux, qui reste prohibitif pour les pays déstabilisés par le marché. Le marché de la dette souveraine reste tendu, profitant aux pays à moindre risque et désavantageant les autres. Là aussi, les disparités de traitement et de situation s’accroissent. Le jeu qui est actuellement mené est pour partie à visage découvert, pour partie masqué, mais toujours dans l’improvisation. La BCE y joue un rôle de plus en plus prédominant, elle y est même scotchée, pourrait-on penser, malgré ses effo...
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