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Les comparses à la tâche (II)

Paul Jorion Publié le 23 avril 2010
2653 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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Paul Jorion.

Ce texte est un « article presslib’ » (*) Si l’on considère la régulation des produits financiers, les dérivés sont incontestablement la grosse affaire. Car la titrisation est toujours en panne, devenue mirage dangereux après avoir été considérée comme pêche miraculeuse, censée abolir tout risque. D’autant qu’il ne serait pas raisonnable de continuer à prêter à tire larigot, en raison de la crise économique, et de fabriquer des titres en les empilant pour les financer en aveugle. En revanche, les dérivés restent plus que jamais au coeur du business. Nerf de la guerre de la finance et à ce titre l’un des grands enjeux de la régulation. Selon la BRI (Banque des règlements internationaux), le recours aux dérivés est reparti à la hausse après avoir fléchit en 2008. Fin juin 2009, la valeur totale de leurs sous-jacents était supérieure à 600.000 milliards de dollars, soit quarante fois la valeur de tous les titres cotés sur Nyse-Euronext (les Bourses de New York et de Paris). Ce sont des instruments financiers dont la valeur varie en fonction d’un actif (un sous-jacent), que le porteur du titre n’a pas besoin de détenir et qui peut être lui-même financier. Conçus au départ comme des produits d’assurance, afin de se prémunir contre certains risques (variation du taux de change, des cours des matières premières, risque de faillite d’une entreprise…), les dérivés sont devenus avant tout des outils spéculatifs, hautement rentables pour ceux qui savent les manipuler. Ne parvenant pas à trouver un terrain d’entente à propos de leur régulation avec ses collègues républicains, qui ne veulent rien y changer, le sénateur Dodd, président démocrate de la commission bancaire et grand maître d’oeuvre de la loi de régulation financière au Sénat, confiait à la sénatrice Blanche Lincoln, présidente de la commission de l’agriculture, la mission d’élaborer une proposition sur ces instruments financiers. A la surprise générale, cette dernière ne s’est pas contentée de proposer que les dérivés cessent d’être échangés de gré à gré, pour être soumis à des chambres de compensation, et d’imposer des normes de fonds propres aux investisseurs qui les utilisent (afin de restreindre leur usage). Elle a été plus loin que ne le souhaitaient le gouvernement et la commission bancaire, s’inspirant des mesures préconisées par Paul Volcker, de restriction de certaines activités, les banques de dépôt ne devant plus manipuler les dérivés financiers, selon elle. On est encore loin des seules mesures qui seraient à coup sûr efficaces- en premier lieu l’interdiction pure et simple de tout pari sur les fluctuation de prix – mais la sénatrice a introduit avec ses propositions un chien dans un jeu de quille, là où il était attendu d’elle une formule de compromis. Pendant ce temps, Tim Geithner écrivait à Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, pour lui confirmer que les dérivés devraient obligatoirement utiliser les services de bourses et de chambres de compensation, témoignant du coup d’arrêt que l’administration Obama entend porter au lent effritement de ses propositions dans ce domaine, en raison de l’allongement qu’elle ne maîtrisait pas de la liste des exemptions demandées à ce principe. Les appels de marge (les fonds consignés en garantie) surenchérissant de manière insupportable les coûts opérationnels de ces produits pour les adversaires du projet… A l’arrivée, que peut-on escompter ? Les grosses têtes de la finance vont-ils rester sur le carreau ou trouver à s’employer en fabriquant en série des dérivés pourvus du label d’excellence « non standard », pouvant continuer à être négociés sous le manteau ? Une autre question reste en l’air à propos des dérivés, en dépit d’un tumultueux épisode précédent. Il s’agit des CDS nus, ces Credit-Default-Swaps déconnectés de la possession des titres qu’ils sont censés couvrir, qui ont fait beaucoup parler d’eux en Europe lorsqu’il sont apparus être un levier de spéculation contre la dette souveraine. Début mars, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, Jean-Claude Juncker ainsi que Georges Papandréou demandaient conjointement à la Commission européenne qu’elle « diligente le plus r...
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