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Les étudiants livrés au marché de l’anxiété. Annabelle Allouch, Le Monde Diplomatique

Liliane Held-Khawam Publié le 21 avril 2018
1813 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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L’intérêt général à la casse La réforme du baccalauréat et l’instauration de critères de sélection à l’entrée des universités bouleversent l’articulation entre enseignements secondaire et supérieur. Dès la classe de seconde, les élèves sont désormais sommés de se projeter dans l’avenir, au risque de prendre la mauvaise voie. Quand le ministre de l’enseignement supérieur Alain Devaquet projeta, en 1986, d’instaurer la sélection à l’entrée des universités, des centaines de milliers d’étudiants et de lycéens descendirent dans la rue, et le gouvernement recula. Avec la loi relative à l’orientation et à la réussite étudiante (dite loi ORE, ou « plan étudiants ») concoctée par l’actuel gouvernement, la sélection est devenue une réalité. Malgré la mobilisation de nombreux enseignants-chercheurs, les manifestations sont — pour l’heure — restées clairsemées, et aucune résistance ne semble s’organiser. Comment l’expliquer ? Une partie de la réponse se trouve dans la reconfiguration des rapports de forces au sein des établissements. Côté étudiants, les syndicats classés à gauche sont en perte de vitesse. La Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), qui soutient la réforme, ne cesse de gagner du terrain dans les instances représentatives. Côté enseignants, le souvenir de la longue et infructueuse grève de 2007 contre l’« autonomie des universités » alimente toujours un certain découragement, tandis que la dégradation des conditions de travail (amphithéâtres surchargés, recours croissant aux vacataires, tâches administratives de plus en plus lourdes…) conduit parfois au fatalisme.Cette dégradation est largement organisée par l’État, qui se désinvestit de l’université à mesure que les effectifs augmentent : entre 2009 et 2015, on a compté 280 000 étudiants de plus, quand 7 147 postes de titulaires ont été supprimés (1). Pour faire passer son projet, le gouvernement a joué sur le refus du tirage au sort, pis-aller hérité du mandat de M. François Hollande, qui n’avait pourtant concerné que 0,9 % des candidats à l’entrée à l’université en 2017 : la sélection au mérite n’est-elle pas plus juste que le hasard. La loi ORE réalise une promesse formulée par le président Emmanuel Macron : «Nous ferons en sorte que l’on arrête de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde»(Le Point,31 août 2017). Fondée sur deux volets, l’un relatif à l’instauration de critères de sélection à l’université, l’autre sur la réforme du baccalauréat et du lycée, ce texte sonne le glas des politiques de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur menées depuis les années 1960 dans le but d’élargir le nombre de salariés qualifiés. La réforme promeut une conception « tubulaire » de l’orientation, qui relie directement la classe de seconde au marché du travail dans une suite ininterrompue d’épreuves sélectives et de choix d’orientation « rationnels », selon une approche parfois appelée « bac — 3 – bac + 3 »...
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Par Liliane Held-Khawam via lilianeheldkhawam.com
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