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Les faits ne parlent pas, le savant doit les faire parler.

Georges Lane Publié le 12 juin 2017
4640 mots - Temps de lecture : 11 - 18 minutes
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Ludwig von Mises (1881-1973) a publié le texte dont des extraits suivent ci-dessous, une première fois en 1917-1918, dans un article d'un journal scientifique allemand. Il y a donc juste cent ans et il avait près de quarante ans. Il l'a ensuite utilisé comme chapitre de la 2e édition allemande de son livre intitulé Théorie de la monnaie et du crédit, en 1924. Enfin il l'a relégué en annexe du livre dans la traduction américaine de Batson de 1934 (cf. http://www.econlib.org/library/Mises/msTApp.html ). Ce texte est essentiel à connaître pour quiconque veut abandonner les idées inexactes habituelles sur ce qu'on a dénommé "monnaie" et qui voudraient, en particulier, que les hommes de l'état eussent inventé cette dernière considération. Ils se la sont appropriés, point final. Il l'est surtout pour ceux qui s'improvisent à réfléchir sur la "monnaie électronique" et les fameuses "crypto-monnaies" du moment. Les sous titres sont de mon cru, ainsi que la traduction. 1. Remarque préalable. Mises a centré le texte sur la notion de « catallaxie », notion en grande partie ignorée en France, aujourd'hui. Il la supposait connue. Reste qu'elle a été peu employée, de tout temps, par les économistes du "mainstream". Que faut-il entendre par le mot "catallaxie" ? Friedrich von Hayek (1899-1992) a très bien expliqué le mot dans son livre intitulé Droit, législation et liberté, publié d'abord en anglais dans la décennie 1970, puis dans la décennie 1980 en France, dans le chapitre 10 intitulé "L'ordre de marché ou catallaxie" dans le tome II qui est intitulé Le mirage de la justice sociale : « Une économie, au sens strict du mot qui permet d'appeler « économie » un ménage, une ferme ou une entreprise, consiste en une combinaison d'activités par laquelle un ensemble donné de moyens se trouve affecté selon un plan unitaire et réparti entre les diverses tâches d'après leur importance respective. L'ordre de marché ne sert nullement un tel agencement unitaire d'objectifs. Ce qui est d'ordinaire appelé une économie sociale ou nationale n'est pas en ce sens une unité économique mais un réseau de nombreuses économies imbriquées les unes dans les autres. Nous verrons que son ordre partage, avec l'ordre d'une économie proprement dite, certains caractères formels mais non pas le plus important : les activités d'une nation ne sont pas gouvernées par une unique échelle ou hiérarchie d'objectifs. La croyance que les activités économiques des individus membres de la société sont, ou devraient être, les éléments partiels d'une économie au sens propre du terme, et que ce que l'on appelle communément l'économie d'un pays ou d'une société devrait être agencé et jugé d'après les mêmes critères qu'une économie proprement dite, est la principale source d'erreurs dans ce domaine. Pourtant, chaque fois que nous parlons de l'économie d'un pays, ou du monde, nous employons un terme qui suggère que ces systèmes devraient être conduits à la manière socialiste, et dirigée suivant un plan unique de façon à servir un ensemble unitaire d'objectifs. Alors qu'une économie proprement dite est une organisation, dans le sens technique que nous avons donné à ce mot — c'est-à-dire un agencement délibéré d'un seul organe collectif pour l'emploi de moyens connus — le kosmos du marché n'est ni ne peut être ainsi gouverné par une échelle unique d'objectifs ; il sert la multitude des objectifs distincts et incommensurables de tous ses membres individuels. La confusion engendrée par l'ambiguïté du mot économie est si grave que, pour notre propos actuel, il apparaît nécessaire d'en cantonner l'usage strictement dans son sens originaire : celui d'un complexe d'actions délibérément coordonnées visant un seul faisceau d'objectifs ; et d'adopter un autre terme pour évoquer le réseau de nombreuses économies en relations mutuelles, qui constitue l'ordre de marché. Puisque le nom de « catallactique » a depuis longtemps été proposé pour la science qui étudie l'ordre de marché, et qu'il a récemment été tiré de l'oubli, il semble tout indiqué d'adopter un mot correspondant pour l'ordre de marché lui-même. Le terme « catallactique » a été tiré du verbe grec katallattein (ou katallassein) qui signifiait originairement, et de façon éclairante, non seulement « échanger » mais aussi « admettre dans la communauté » et « faire d'un ennemi un ami ». De là, l'adjectif « catallactique » a été dérivé pour remplacer « économique » afin de désigner l'espèce de phénomène dont s'occupe la science de la catallactique. Les anciens Grecs ne connaissaient pas ce terme, et n'avaient pas de substantif correspondant ; s'ils en avaient forgé un, c'eût été probablement katallaxia. De là nous pouvons former un mot moderne, catallaxie, que nous emploierons pour désigner l'ordre engendré par l'ajustement mutuel de nombreuses économies individuelles sur un marché. Une catallaxie est ainsi l'espèce particulière d'ordre spontané produit par le marché à travers les actes de gens qui se conforment aux règles juridiques concernant la propriété, les dommages et les contrats." (Hayek, 1986, pp. 129-131). 2. Et voici des extraits du texte de Mises: "1. Doctrines monétaires catallactique et a catallactiques. Le phénomène de la monnaie occupe une position si importante parmi les autres phénomènes de la vie économique, qu'il a été spéculé - même par des personnes qui n’ont pas consacré davantage d'attention aux problèmes de la théorie économique, et - même à un moment où la recherche approfondie sur les processus de l’échange était encore inconnue. Les résultats des spéculations ont été variés. a. [marchands et juristes] Les marchands et, à leur suite, les juristes qui étaient étroitement liés aux affaires du commerce, ont - attribué l'utilisation de la monnaie aux propriétés des métaux précieux, et - déclaré que la valeur de la monnaie dépendait de la valeur des métaux précieux . b. [la jurisprudence canoniste] La jurisprudence canoniste, ignorante des voies du monde, a vu l'origine de l'emploi de la monnaie dans le commandement de l'Etat, elle a enseigné que la valeur de la monnaie était une valor impositus. c. [L'analogie] D'autres, encore, ont cherché à expliquer le problème au moyen de l'analogie. i) Se plaçant d'un point de vue biologique, ils ont comparé la monnaie au sang ; de même que la circulation du sang anime le corps, de même la circulation de la monnaie anime l'organisme économique. ii) Ou ils l’ont comparé au discours, qui avait aussi pour fonction de faciliter le Verkehr (échange, commerce) humain. iii) Ou ils ont fait usage de la terminologie juridique et défini la monnaie comme un projet de tout le monde pour tout le monde. [d. Autres tentatives]. Tous ces points de vue ont ceci en commun : ils ne peuvent pas être intégrés dans un système qui traite de façon réaliste les processus de l'activité économique. Il est absolument impossible de les utiliser comme fondements d'une théorie de l'échange. Et la tentative n'a guère été faite car il est clair que toute tentative de supporter, par exemple, la doctrine de la monnaie comme un projet en harmonie avec une explication des prix, con...
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