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Les Guerres de l’Or

Ferdinand Lips Extrait des Archives : publié le 26 août 2007
5950 mots - Temps de lecture : 14 - 23 minutes
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Horizons et Debats

Conférence donnée par Ferdinand Lips à l’Université de St-Gall le jeudi 24 juin 2004 dans le cadre de la série intitulée «International Finance & Security» Mesdames et Messieurs, Permettez-moi de remercier les organisateurs, Messieurs Graf et Brunner, de m’avoir invité. Avoir choisi un sujet aussi brûlant que celui de l’or les honore. Ils font ainsi preuve de courage. En effet, le mot «or» était tabou jusqu’il y a peu. Le prononçant, on risquait de passer pour un original. Ils ont pris une sage décision. Nous verrons bientôt à quel point, dès l’origine de la civilisation, l’or a joué un rôle essentiel et positif dans l’histoire de l’humanité. Je prouverai que, sans monnaie-or, il n’est que crises et guerres dans le monde. Le XXe siècle et le début du XXIe en témoignent. Je prouverai également ou affirmerai tout au moins que, sans étalon-or, le monde retombera dans un nouveau moyen-âge. Je ne sais pas quel en est la signification, mais le calendrier de l’ancien peuple des mayas se termine en 2012. D’ici là, le système financier actuel – ou plutôt le non-système – aura fini d’exister, à mon avis. Comme vous le savez, il se fonde sur un mensonge et une accumulation gigantesque de dettes, qui ne peuvent plus être honorées. Il est probable que cette montagne de dettes recouvrira tout finalement. Toutefois, j’entends aussi vous donner de l’espoir en vous racontant qu’il y avait autrefois de meilleurs systèmes financiers qu’aujourd’hui. De plus, ma conférence est un appel. Elle vise à inciter les jeunes à s’occuper de l’or en tant que monnaie. Faites de l’archéologie monétaire. Examinez l’étalon-or. Vous seuls pouvez sauver le monde, personne ne le fera à votre place. Situation actuelle, après la renonciation à l’étalon-or Tous les facteurs négatifs que l’on discerne actuellement dans le monde résultent de deux événements particuliers. Ceux-ci sont la cause de nos plus grands soucis au XXe siècle et maintenant, au début du XXIe siècle, à savoir les crises politiques, les guerres, les crises monétaires et économiques, la pauvreté, le rassisme, l’holocauste, l’immigration et les migrations de peuples ainsi que le terrorisme. La majorité de ces fléaux s’expliquent par ces deux événements. Le premier événement est l’abandon de l’étalon-or en 1914, au début de la Première Guerre mondiale, et le deuxième est la fondation du Système fédéral de réserve des Etats-Unis en 1913. L’histoire du monde prouve qu’il y a une corrélation étroite entre ordre monétaire et guerre et paix. L’histoire économique démontre que les marchés financiers ne fonctionnent parfaitement que sous le régime de l’étalon-or. Elle démontre aussi qu’il y a une étroite corrélation entre l’ordre monétaire et l’éthique et la morale. Le XIXe siècle a été, fait peu connu, une période de prospérité et de croissance sans inflation. On croit parler d’un conte de fées en constatant que les principales monnaies de l’époque sont restées longtemps stables. Le franc français l’est même resté pendant 100 ans. C’était l’époque de l’étalon-or. Fonctionnement du système de l’étalon-or La règle fondamentale du système de l’étalon-or était un prix fixe de l’or, chaque monnaie ayant un rapport fixe à une quantité déterminée d’or. Les monnaies étaient couvertes par de l’or et convertibles à tout moment en or. Les réserves monétaires des Etats consistaient uniquement en or. L’importation et l’exportation d’or étaient libres. La durée de la fixation des monnaies2 à l’étalon-or Franc français 1814–1914 100 ans Florin néerlandais 1816–1914 98 ans Livre sterling 1821–1914 93 ans Franc suisse 1850–1936 86 ans Franc belge 1832–1914 82 ans Couronne suédoise 1873–1931 58 ans Mark allemand 1875–1914 39 ans Lire 1883–1914 31 ans Source: Pick’s Currency Yearbook 1977–1979 Tous les déficits des balances des paiements (balance des paiements: somme de toutes les transactions économiques entre un pays et l’étranger) étaient compensés par des exportations d’or. Ainsi, l’or assurait la discipline de l’économie. Il limitait les dépenses publiques. Il donnait au citoyen une monnaie qui conservait sa valeur et était reconnue sur le plan international. Si la hausse des prix dans le pays accroissait le déficit de la balance des paiements, l’or sortait automatiquement du pays, ce qui limitait sa mise à disposition de la circulation monétaire interne. Par conséquent, les prix restaient stables ou baissaient. Les exportations redevenaient compétitives et la balance des paiements s’améliorait. En revanche, si la balance des paiements était excédentaire, l’or était importé et l’économie connaissait l’expansion. Les réévaluations et dévaluations étaient inconcevables. La stabilité du système était préservée automatiquement. C’est pourquoi les politiciens n’aiment pas l’or. L’or oblige à équilibrer le budget. Les monnaies stables de l’histoire L’histoire nous livre de nombreux exemples de gouvernants qui n’ont procédé à la création de monnaie qu’avec une grande discipline. L’un d’eux est celui de la Grèce antique, où les premières monnaies ont été battues. En fait, le drachme a été la monnaie mondiale du monde civilisé de l’époque, en raison de sa teneur en or. Les cités grecques étaient alors prospères, le commerce s’épanouissait. Byzance nous donne l’exemple le plus imposant d’une nation à la monnaie saine. Fidèle à l’ancienne tradition grecque de la monnaie stable, l’empereur Constantin a ordonné la frappe d’une nouvelle monnaie, nommée solidus. Pendant 800 ans, le solidus a été la monnaie mondiale, circulant de la Chine à la Grande-Bretagne, de la Mer baltique à l’Ethiopie. La législation byzantine était très stricte en matière monétaire. Avant d’être admis dans la corporation des banquiers, il fallait avoir des parrains. Ceux-ci devaient témoigner du caractère irréprochable du candidat. On voulait s’assurer qu’il ne falsifierait pas de monnaie. Si quelqu’un contrevenait à ces normes, on l’amputait de la main. Il est étonnant que l’empire byzantin ait prospéré pendant 800 ans comme centre commercial mondial. Durant cette époque, aucune dévaluation, aucune accumulation de dettes n’ont eu lieu. Ni l’antiquité, ni les temps modernes ne présentent de pareils exemples. Par sa monnaie, Byzance a contrôlé le monde civilisé comme le monde barbare de l’époque. Ce phénomène grandiose a pris fin quand l’empereur Alexius Commenus, qui avait contracté de fortes dettes de jeu, a dû dévaluer sa monnaie. 200 ans après, les Turcs sont arrivés et le miracle a pris fin. Un autre exemple frappant du succès des monnaies d’or standardisées a été le dinar d’or de l’empire arabe. A son apogée, cet empire s’est étendu de Bagdad à Barcelone. Seule une nouvelle monnaie-or, le florin d’or florentin, a permis l’essor des villes-Etats italiennes, telles Florence, Sienne, Venise et Gênes. Une monnaie-or stable et fiable a stimulé le négoce et procuré le bien-être aux villes-Etats italiennes et à larges régions de l’Europe occidentale. La monnaie-or a formé la base économique de la Renaissance. La culture ne s’épanouit que si le bien-être règne et non pas quand les gens sont pauvres. La puissance de l’or et la confiance qu’il suscite ont porté l’humanité à un niveau supérieur de civilisation. Dans leur grande sagesse, les fondateurs des Etats-Unis ont prévu dans la Constitution que seuls l’or et l’argent auraient cours légal. Ils avaient horreur du papier-monnaie et d’une banque centrale. Aujourd’hui, ce fait est ignoré ou considéré comme anachronique. L’étalon-or du XIXe siècle, conquête monétaire du monde civilisé L’étalon-or n’a été conçu ni lors d’une conférence monétaire, ni par un cerveau génial: il était le résultat d’une expérience de plusieurs siècles. La Grande-Bretagne l’a lancé. A l’apogée de ce système, au début du XXe siècle, quelque 50 nations, à savoir tous les principaux pays industrialisés, lui étaient soumis. Ces nations formaient une grande communauté des paiements, qui fonctionnait. En 1960, le professeur Melchior Palyi a écrit dans son livre «Währungen am Scheideweg»3 (Les monnaies à un tournant décisif): «Pour la première fois depuis l’épanouissement de Rome, le monde civilisé est parvenu à réaliser son unité monétaire. L’intégration commerciale et financière du monde a été effectuée sans empire militaire ni utopie. Cette unité monétaire est reconnue et acceptée aussi bien en théorie que dans la pratique. En raison des automatismes et de la discipline auxquels les autorités monétaires étaient liés, les fluctuations des changes étaient, sinon impossibles, tout au moins limitées. Tel était l’avantage inestimable de la monnaie-or. De même, le capital pouvait être affecté à des transactions à court ou à long terme. Le commerce et l’industrie pouvaient planifier leurs activités. Notamment les automatismes et les règles de bienséance monétaire rendaient la valeur de la monnaie indépendante de l’humeur des gouvernements. Sur le plan mondial, ils stabilisaient cette valeur dans une forte mesure. Malgré toutes les assurances des réformateurs monétaires, aucun succédané d’une valeur tant soit peu équivalente n’a été trouvé depuis lors.» L’économiste Ludwig von Mises a écrit dans «Human Action»:4 «L’étalon-or a été l’étalon mondial au temps du capitalisme, de l’accroissement du bien-être, de la liberté et de la démocratie […] C’était l’étalon international dont le commerce international et les marchés mondiaux des capitaux ava...
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