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Les mensonges de l'état-providence

Jean Louis Caccomo Publié le 11 octobre 2003
4275 mots - Temps de lecture : 10 - 17 minutes
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Chroniques en liberté

Je voudrais m'adresser à votre intuition première, à l'idée inexprimable mais réelle de vérité et de justice qui est ancrée en chacun de nous, mais que nous avons eu tendance à ne plus écouter à force de croire en des mirages, d'écouter le chant des sirènes ou de nous bercer d'illusions. Les Français sont désorientés. Ils sont en crise morale et de là découlent les problèmes économiques et sociaux. Les Français ont perdu la foi; ils ont perdu l'idée même de la foi et ne croyant plus en rien, ils sont prêts à croire en tout, même aux discours les plus fous. C'est pourquoi on ne pourra jamais commencer un vrai travail de réforme si on ne restaure pas d'abord la confiance dans les esprits. Posons-nous une question simple: pourquoi je ne tue pas mon prochain? Pourquoi je ne maltraite pas mon enfant? Parce que l'État me l'interdit? Ce n'est que cela? Si ne c'est que cela, alors je suis un piètre homme… Non, il y a une Loi plus fondamentale qui parle en chacun de nous, et qui nous donne le sens du bon, du mal et du juste... et cela dès l'enfance. C'est pourquoi la solidarité imposée par l'État n'est pas de la solidarité, encore moins l'expression de la générosité. Si les Français sont « attachés » à la sécurité sociale, c'est qu'ils n'ont pas d'autres choix. Si vous aviez le choix, rempliriez-vous d'un liquide précieux un récipient percé de mille trous? À vouloir édifier une société où nous n'avons plus qu'à nous soumettre à des décrets ministériels, à des directives de Bruxelles, à des réglementations administratives, à des injonctions gouvernementales, on construit une société inhumaine sous le prétexte de généraliser le principe de précaution, d'évacuer le risque, de nous soulager de notre responsabilité. Plus besoin de choisir, l'État décide pour moi: il définit le programme officiel de l'éducation de mes enfants ou il gère ma retraite, il s'occupe de mon logement et me protège des étrangers! Plus de responsabilité individuelle, plus de risque, l'État pilote, l'État régule le grand macrocosme social. Comme l'État imposera ses choix qui par nécessité ne peuvent pas plaire à tout le monde, il y aura toujours une majorité de mécontents pour critiquer toute décision étatique... mais la même majorité continuera d'en appeler à l'État. Pourtant, nous oublions une chose essentielle: la responsabilité et la liberté sont indissociables. L'une est la condition de l'autre. À chaque fois que vous voulez échapper à vos responsabilités dans un domaine précis, vous perdez votre liberté d'action dans ce même domaine. À chaque fois que l'on transfère une compétence à l'État, on s'exonère du poids de la responsabilité…mais on perd dans le même temps sa liberté. Il est dans la nature de l'intervention publique de se tromper. Les hommes politiques peuvent se tromper et ils se trompent – ils nous trompent – la plupart du temps. C'est pour cette raison fondamentale qu'il faut leur confier le moins de domaines d'action, qu'il faut absolument limiter leurs prérogatives. Les hommes politiques se trompent précisément parce qu'ils sont des hommes comme vous et moi; ils se trompent comme peuvent se tromper un entrepreneur ou un consommateur. Ils se trompent par ce que « l'erreur est humaine » et que les hommes d'État ne sont pas des surhommes. Mais il y a une différence essentielle. Si mon boulanger, mon garagiste ou mon médecin sont mauvais, je peux changer de boulanger, de garagiste ou de médecin. Je suis libre d'apprécier, de me tromper, d'apprendre et de changer. Si une entreprise fait de mauvais choix, elle met en danger ses clients, ses employés et ses actionnaires pour le plus grand bonheur de ses concurrents qui pourront récupérer ses clients, ses employés et ses actionnaires. C'est précisément cette concurrence qui oblige les entreprises à tenir compte de la réalité, à admettre et corriger leurs erreurs. Les entreprises ne sont pas infaillibles mais, au moins, elles sont obligées de reconnaître leurs erreurs. Cette obligation d'apprentissage est le moteur de l'innovation, de la productivité et de la croissance économique. Le drame des hommes politiques, le drame du gouvernement, c'est qu'ils ne tiennent pas compte de la réalité, mais qu'ils veulent la changer. Mitterrand s'est fait élire sur le slogan « changer la vie, changer la société », bref « refaire le monde »... ce qui revient le plus souvent à le défaire! Autrement dit, ils ont dans leur tête un modèle du monde et il faut que la réalité se plie à leur volonté. Par la contrainte, par la force si nécessaire! C'est ce qui explique qu'un gouvernement peut persister durablement dans ses erreurs, détruire son propre pays sans jamais changer de direction: c'est le drame des États africains où l'on persiste à imposer des institutions et des régimes politiques ruineux; ce fut le drame de la Russie et des pays de l'Est où quelques politiciens ont martyrisés et ruinés leurs pays à force de vouloir imposer une idée qui ne marche pas, alors que la Russie était un pays doté d'immenses richesses naturelles avec un capital humain extraordinaire. La Russie, comme Cuba, comme la Corée du Nord ont été victime d'une terrible expérimentation sociale mise en oeuvre par des apprentis sorciers dotés des pleins pouvoirs. Généralement, les pays sont pauvres et restent pauvres à cause de la gestion publique, à cause d'une mauvaise politique. Soit que les élites au pouvoir se contentent de manger le gâteau; Soit que les gouvernements deviennent irresponsables en faisant croire que tout le monde peut « manger gratis ». Mais la misère n'est pas une fatalité; elle est l'état originel duquel tout homme, pour peu qu'il soit libre de le faire, cherche à sortir. Laisser des gens sur une île déserte: croyez-vous qu'ils vont défiler pour revendiquer le droit à la nourriture ou au logement? Ils s'apercevront vite que, s'ils veulent survivre au moins une semaine, ils auront non seulement le droit, mais surtout le devoir de travailler la terre, d'aller à la pêche et de fabriquer un toit. Avec le temps, ils se spécialiseront et donc ils échangeront, et pour échanger ils inventeront une monnaie... tout cela sans Banque centrale, tout cela sans l'État. Si on croit que la richesse « tombe du ciel » ou est distribuée par l'État, si on croit que la production se fait tout seul et qu'il suffit de répartir la richesse, si l'on pense que la France est un « pays riche » comme si cela était un avantage acquis une fois pour toute, sans que l'on se pose la question de l'origine de la richesse, on retombera très vite dans l'état initial d...
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