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Marché américain du crédit immobilier (1ère partie)

Vincent Bénard Publié le 28 janvier 2009
2698 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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Objectif Liberté

Cet article, qui sera publié en deux parties, devrait être (notez le conditionnel...) le point final de tous mes essais de vulgarisation sur les causes de la crise financière. Il a pour objet de montrer comment l'histoire de la réglementation bancaire aux USA, et des interventions directes de l'Etat fédéral dans ce secteur, ont fabriqué un marché du crédit dysfonctionnel, un « faux marché », qui ne pouvait que porter en germe la faillite que nous observons. Il serait faux d'y voir la seule cause de la crise (De la réglementation foncière à Alan Greenspan, les autres interventions malencontreuses ne manquent pas), mais ces facteurs n'en ont pas moins été primordiaux. En avant pour la première partie de cette plongée dans près d'un siècle d'histoire de la banque américaine. (maj: Deuxième partie, 1990-2009 ) Première partie: le modèle américain du crédit immobilier Les enseignements de la crise des subprimes n'en finissent pas d'être tirés, et d'ores et déjà notre connaissance de cet épisode malheureux de notre histoire économique s'est affinée. Si je devais ré-écrire aujourd'hui les premiers articles dans lesquels je tentais d'assembler les morceaux du puzzle, sans doute accorderai-je moins d'importance à certains facteurs, et plus à d'autres, comme la crise interne à Fannie Mae et Freddie Mac suite à des scandales comptables en 2003-2004, qui a précipité une fuite en avant quasi délinquante de ces deux institutions. Je réviserai au moins partiellement mon jugement sur la règle de Mark To Market, en son temps dénoncée ici. Parmi les points que je n'ai pas encore traités et qu'il m'ont demandé pas mal de temps pour être démêlés, figure en bonne place la bizarrerie apparente du modèle américain du crédit. Deux modèles du crédit immobilier: intégré vs. éclaté En France et dans un certain nombre de pays européens, la plupart des banques opèrent de la façon la plus simple qui soit sur le marché du crédit: elles rencontrent elles mêmes leurs clients potentiels, ce sont leurs salariés qui instruisent les dossiers de crédit, selon des politiques définies par la banque. Parfois, le chargé de clientèle connaît l'emprunteur, et lorsqu'il s'agit d'un nouveau client, la banque est très regardante sur la qualité des pièces fournies pour justifier de la solvabilité du prêteur. Les banques européennes en général, et françaises en particulier, savent qu'elles devront gérer elles mêmes le risque représenté par des défauts de paiement et sont très regardantes sur les moyens de se prémunir contre cette difficulté. Il en résulte que tous les salariés de la banque ont intérêt à ce que les prêts accordés le soient en accord avec les critères fixés par leur direction, lesquels sont autant que faire ce peut issus d'une longue expérience de l'art du crédit. Certaines banques pratiquent même un système de primes récompensant non seulement l'octroi de bon prêts, mais aussi la détection de mauvais dossiers. Les banques européennes gèrent généralement elles mêmes la plus grande partie du refinancement des prêts qu'elles octroient. La France possède bien un organisme public de rachat de créances immobilières en vue de diffuser le risque de certains crédits par des techniques de titrisation. Mais cet organisme, la CRH (Caisse de Refinancement de l'Habitat) ne titrise que moins de 10% des prêts, et les règles prudentielles qui l'animent sont celles de banques normales. Malgré les apparence, la CRH ne ressemble que de très loin à Fannie Mae ou Freddie Mac. Bref, le modèle dominant du crédit immobilier en Europe est un modèle "intégré". Les banques européennes se sont globalement bien accommodées de ce modèle, leurs problème actuels ne viennent pas de là. Pourquoi diable le modèle du crédit qui a triomphé aux USA, avant de s'écrouler lamentablement, est il grandement différent ? Aux USA, 71% des crédits hypothécaires étaient titrisés mi 2007. La plupart des crédits sont vendus par des courtiers que les banques ne connaissaient parfois même pas. Ceux ci sont payés à la commission s'ils octroient un crédit, et tant pis si celui ci se révèle mal calculé: la commission est touchée. Puis des prêts venus de tout le pays sont placés par lots de 1000 à 20 000 dans des « fonds » obligataires, appelés Mor...
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