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Monnaies planifiées, banques centrales, et étalon or...

Vincent Bénard Publié le 04 mai 2009
4110 mots - Temps de lecture : 10 - 16 minutes
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Objectif Liberté

Curieusement, parmi les commentateurs et analystes de la presse mainstream, la crise financière que nous vivons ne soulève aucune question sur la viabilité du système monétaire international. Pourtant, nombre d'économistes, essentiellement des autrichiens, posent clairement la question de la viabilité du système monétaire tel qu'issu du jour funeste de 1971 ou l'administration de Richard Nixon décida de supprimer la convertibilité du dollar en or. C'est un raccourci, bien sûr. Les défauts de notre système monétaire étaient antérieurs, mais je ne prétends pas en refaire l'histoire ici. En contrepartie, beaucoup de libertariens voudraient imputer la crise aux seuls défauts du système bancaire actuel. "The FED did it, period !". J'ai eu l'occasion de critiquer cette approche bien trop simpliste selon moi, sans une ancienne note consacrée à la politique monétaire d'Alan Greenspan. Mais je n'en concluais pas moins que Greenspan avait accentué la crise. Voyons maintenant pourquoi une monnaie non planifiée, obéissant à des mécanismes de marché, aurait empêché la bulle immobilière de prendre de telles proportions, d'une part, et pourquoi une monnaie déconnectée de tout actif et gérée de façon centralisée par des banques centrales favorise l'apparition de désordres économiques. Fiat Money Nous vivons actuellement sous un système de monnaie dite fiduciaire, "Fiat Money", c'est à dire basée sur la confiance. Confiance dans le fait que lorsqu'une certaine quantité d'argent circule, cela suppose qu'à l'origine de cette circulation, des biens dont la valeur de marché est à peu près égale à cette quantité aient été produits. Si la quantité de monnaie en circulation augmente un peu (ou beaucoup) plus vite que la quantité d'échanges permise par la production réelle des agents économique capable de trouver preneur, alors il y a inflation: les prix de certains articles augmentent du fait du surcroît de monnaie disponible pour se porter sur l'achat de ces produits. Par des mécanismes divers, la banque centrale tente de faire en sorte que la masse monétaire augmente à peu près au même rythme que la production: la masse monétaire est pilotée de façon centralisée. Les banques centrales sont censées être indépendantes des pouvoirs politiques. Elles n'en sont pas moins des monopoles garantis par l'état. Quiconque oserait émettre des monnaies concurrentes serait impitoyablement pourchassé, soit comme contrefacteur, soit comme faux-monnayeur. Nous avons tous peu ou prou perdu de vue la façon dont pourrait fonctionner un marché libre de la monnaie. Attardons nous un peu sur ce fonctionnement, de façon ultra simplifiée, pour faire court. Le cycle de la monnaie et du crédit dans un marché monétaire libre Mises et Hayek furent les principaux défenseurs d'une monnaie libre de toute influence des régulateurs publics. Voici un résumé de leur modélisation du cycle de la monnaie et du crédit dans un marché libre, de fait parfois appelé "cycle autrichien". Imaginons une société dans laquelle le stock de monnaie disponible serait à peu près stable (nous verrons comment ultérieurement). Dans cette société, les banques n'auraient pas la possibilité de créer ex-nihilo une monnaie de crédit pour alimenter le compte d'un individu ou d'une entreprise. Dans un tel système, l'existence du crédit est liée à la propension des agents économiques à vouloir prêter de l'argent à des tiers. Si les agents économiques veulent consommer peu, et donc épargner beaucoup, alors beaucoup de monnaie se présente aux guichets des établissements de crédit. Pour pouvoir la prêter, les prêteurs, ou plus généralement les intermédiaires gérant les opérations de prêt (les "banques"), doivent en baisser le prix. Les taux d'intérêts tendent à baisser. Des entreprises sont alors prêtes à investir pour découvrir les produits nouveaux, ou meilleurs, ou moins chers, qui ramèneront les consommateurs dans les magasins. Lorsque ces produits sortent, la propension à vouloir consommer augmente, aidée par la baisse des taux d'intérêts qui permet aussi d'alimenter le crédit à la consommation. De fait, l'épargne prête à s'investir diminue. Les taux tendent à augmenter. Les entreprises investissent un peu moins: cela tombe bien, les clients sont dans une phase où ils sont plutôt satisfaits du choix qui est le leur. Puis, sous le double effet de la satiété et de l'augmentation de la rémunération de l'épargne, les agents économiques se remettent à épargner. Et le cycle peut recommencer. Dans un tel système, on voit que le cycle du crédit est parfaitement équilibré: lorsque les individus tendent à privilégier la consommation, l'incitation à l'investissement est réduite, et lorsque les individus sont en attente d'évolution des offres, l'incitation à l'investissement est augmentée. Naturellement, dans le monde réel, le cycle peut connaître des à-coups. Et la tendance haussière ou baissière des taux n'est pas uniforme mais est la résultante de micro-tendances propres à chaque secteur d'activité, à des "trends" de consommations différents entre bassins d'emploi, styles de vie, etc... L'envie de consommation de produits électroniques et de voyage peut être forte alors que l'envie d'automobiles est moins importante, et vice versa. Le taux d'intérêt ainsi déterminé sur un marché libre est le résultat de millions de décisions individuelles qui s'inscrivent dans autant de "micro-cycles" qui, assemblées, créent une tendance générale. Il permet de donner un signal assez clair aux investisseurs sur l'opportunité ou non d'investir, mais évidemment, il n'évite pas l'obligation, pour l'investisseur, d'étudier son marché pour savoir si le temps est au renouvellement massif du parc automobile ou au développement de l'immobilier... Dans ce cycle, la banque prêteuse n'a qu'une seule ressource, la monnaie épargnée par ses clients: l'épargne précède le crédit ! Elle détermine à la fois le taux de rémunération de l'épargne (à son passif) et le taux du crédit (à son actif) par la nécessité à la fois d'attirer des clients épargnants, ce qui détermine un "cout de sa ressource", et de trouver des emprunteurs, ce qui détermine un rendement des emplois. La banque fait ses affaires à la fois en facturant ses services (mise à disposition d'instrument de paiements) et en réussissant à payer plus cher qu'elle n'épargne. Le taux d'intérêt consenti à l'emprunteur comprend donc les éléments suivants : Le coût de la ressource : rémunération de l'épargne. C'est évidemment le principal poste de prix de revient de la banque. Le coût de son intermédiation dans les opérat...
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