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Non, le lâchage de Lehman Brothers n'est pas la cause de la crise !

Vincent Bénard Publié le 16 septembre 2009
2677 mots - Temps de lecture : 6 - 10 minutes
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Objectif Liberté

Une des erreurs d'analyse les plus souvent entendues à propos de la crise est celle qui revient à en dater le début à il y a un an, lorsque le gouvernement américain et son ministre des finances, Henry Paulson, ancien CEO de Goldman Sachs, refusait d'amener sa garantie à Bank of America pour un éventuel rachat de Lehman Brothers, concurrent direct de GS, dirigée par l'homme le plus haï dudit Paulson, un certain Richard (Dick) Fuld. Selon 90% des analystes "mainstream", la "tragique erreur" de Paulson, le non-sauvetage de Lehman, (B.of.A choisissant désormais de racheter un troisième canard boiteux de Wall Street, Merill Lynch), a été le révélateur de la fragilité des bilans bancaires, qui a précipité une chute des actifs financiers, mettant les banques trop faiblement garnies de fonds propres au bord de la faillite, obligeant les preux chevaliers étatiques du monde à un gigantesque plan d'injection d'argent du contribuable pour "sauver le système financier". Inutile de préciser que cette interprétation n'est pas la mienne. Le lâchage de Lehman n'a fait que révêler une situation qui de toute façon ne pouvait qu'exploser. La crise a commencé pendant la période de "fausse croissance" de l'économie américaine On peut situer le début de cette crise au début des années 2000, et plus particulièrement à partir de 2003, quand commencent à être massivement octroyés des prêts hypothécaires à des personnes structurellement incapables de les rembourser. Je ne reviendrai pas sur les nombreuses explications de cette explosion du crédit, largement évoquées sur ce blog, mais j'en rappellerai les conséquences funestes. La valeur d'une créance, du point de vue du prêteur, ne tient qu'à un seul facteur: la capacité du débiteur à honorer sa dette. Que l'engagement ne soit pas tenu et la créance ne vaut plus qu'une fraction de sa valeur initiale. Face à un risque de défaut de paiement, le créancier utilise deux outils: le premier est une augmentation du taux d'intérêt "sans risque" d'un "premium", taux supplémentaire, calculé en fonction de la probabilité de défaut du débiteur, que le banquier estime statistiquement. Mais pour le cas ou une situation exceptionnelle déjouerait la prévision fondée sur la statistique, la banquier va user d'un autre levier: il va prendre des garanties, comme par exemple une hypothèque sur la maison du débiteur. Le banquier n'est pas un agent immobilier, et le banquier traditionnel et prudent sait très bien que pour que la garantie soit efficace, il doit l'exercer le moins souvent possible: s'il se retrouve à devoir saisir trop de maisons pour cause de défaillances trop nombreuses de ses emprunteurs, la valeur des maisons saisies finira par chuter, du fait d'un marché inondé de saisies. Aussi le banquier traditionnel ne considère la garantie hypothécaire que pour ce qu'elle est: une garantie, mais pas comme la source de création de valeur qui rend solvable son débiteur. L'emrpunteur-débiteur ne pourra rembourser son prêt que s'il appartient à une chaîne de création de valeur capable de lui assurer une rémunération (salaire direct, différé, dividendes, revenus d'épargne, etc...) suffisante pour lui permettre de faire face à ses échéances. Mais hélas, trop de banquiers, à la perception du risque totalement pervertie par moult interventions mal inspirées de l'état (voir ici), ont fini par croire, au vu des courbes de croissance stratosphériques de l'indice de Case-Schiller, que la maison apportée en garantie était l'instrument de création de valeur qui permettrait de rembourser la dette le cas échéant. Or, la prise de valeur de ces maisons était purement artificielle, ce qui fait qu'environ 4 000 milliards de dollars de prêts ont été fondés non pas sur une capacité de remboursement des ménages, mais sur une prise de valeur infondée d'un bien garantissant le prêt. Les économistes autrichiens ont parfaitement théorisé cette mauvaise allocation de ressources qui se produit lorsque les banques centrales subventionnent le crédit en dessous de ce que serait sa valeur de marché. Selon eux, la crise commence non pas lors de l'éclatement d'une bulle, mais lo...
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