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Nouvelle-France : la première expérience de papier-monnaie en Amérique du Nord

Martin Masse Extrait des Archives : publié le 20 novembre 2008
2831 mots - Temps de lecture : 7 - 11 minutes
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Depuis plusieurs siècles, l'utilisation de la monnaie de papier à la place de monnaie métallique est source d'inflation, de dépréciation, de malinvestissements et de bulles financières. Nous traversons aujourd'hui la dernière en date des crises économiques provoquées par cette fraude à grande échelle. Même en l'absence d'une banque centrale, les gouvernements pouvaient avoir recours à la monnaie de papier en imposant aux citoyens et aux entreprises l'utilisation de titres de dette. On a eu recours à cette pratique lors de pratiquement toutes les guerres et tous les bouleversements politiques de l'histoire récente, comme les révolutions française et américaine. Les conséquences étaient les mêmes qu'aujourd'hui. La présence d'une banque centrale (la Banque d'Angleterre a été créée en 1694, mais elles n'existent que depuis 1913 aux États-Unis et 1934 au Canada) et la disparition de l'étalon-or ne font qu'en décupler les effets pervers. Ce qu'on sait peu, c'est que le premier cas d'utilisation de papier-monnaie en Amérique du Nord, et l'un des premiers dans le monde, est survenu au Canada. Tous ceux qui ont suivi un cours d'histoire du Québec et du Canada se souviennent (ou devraient se souvenir!) de la fameuse monnaie créée à partir de jeux de cartes par l'intendant de la Nouvelle-France Jacques de Meulles en 1685. Cette solution à ce qu'on percevait comme une pénurie d'argent est souvent présentée dans les livres d'histoire comme « ingénieuse » et « originale ». Et pourtant, elle a entraîné les effets pervers habituels associés à une monnaie de papier qui ne s'appuie sur aucune contrepartie métallique, en plus d'affaiblir l'économie de la colonie et de contribuer à sa chute. J'ai donné le 18 mars 2006 une présentation sur ce sujet à l'occasion de l'Austrian Scholars Conference organisée par l'Institut Ludwig von Mises à Auburn, en Alabama. Comme les questions monétaires sont à l'avant-plan de l'actualité ces jours-ci, j'ai pensé qu'il serait intéressant de la traduire et la publier sur le Blogue du QL (la version anglaise est déjà parue sur le site de l'Institut Mises ainsi que dans le QL). Par ailleurs, dans un geste dont ses dirigeants ne perçoivent sans doute pas l'ironie, la Monnaie royale canadienne a émis il y a trois mois, à l'occasion du 400e anniversaire de la fondation de Québec, une pièce de 15$ qui reproduit un valet de coeur utilisé comme monnaie en Nouvelle-France. La pièce rectangulaire en argent sterling coloré avec une bordure plaquée or (qui se vend 89,95$ avant taxe), est la première d'une série de quatre qui seront émises pour les collectionneurs. J'ai évidemment sauté sur l'occasion pour m'en procurer une. Il s'agit d'un fabuleux outil pédagogique pour attirer l'attention de ceux à qui je raconte cette histoire de monnaie de carte! M.M. La monnaie de carte en Nouvelle-France La première expérience de papier-monnaie en Amérique du Nord Tout le monde sait que la Nouvelle-Orléans a été fondée par les Français. Mais la région de l'Alabama où nous nous trouvons aujourd'hui faisait également partie de l'empire français en Amérique du Nord au 18e siècle. Non loin d'ici, au nord de Montgomery, se trouvait un fort militaire appelée Fort Toulouse. Les Français contrôlaient un tiers du continent à l'époque. Cependant, la raison pour laquelle je dois faire cette présentation en anglais aujourd'hui est bien entendu que les Français ont perdu la presque totalité de cet empire en 1763, à la fin de la Guerre de sept ans – ou ce que les Américains appellent « the French and Indian War ». Les Français étaient de grands explorateurs mais, comme le dit l'adage, leur empire était un géant avec des pieds d'argile. Bien que la France ait été de loin le pays le plus peuplé d'Europe – elle comptait 20 millions d'habitants en 1700, comparativement à six millions en Angleterre et au Pays de Galles – elle a envoyé très peu de colons par-delà l'Atlantique. La plupart des dix millions de Canadiens français qui vivent au Canada et aux États-Unis aujourd'hui sont les descendants d'une dizaine de milliers de colons seulement qui sont restés sur ce continent. Les Huguenots n'avaient pas le droit de s'établir dans la colonie et des centaines de milliers d'entre eux ont émigré ailleurs en Europe et en Amérique du Nord. Mais la principale raison pour laquelle si peu de Français ont traversé l'Atlantique est qu'il n'y a pas grand-chose à faire au Cana...
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