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Nouvelle réflexion sur les ajustements financiers et économiques en cours

Georges Lane Publié le 31 décembre 2008
7065 mots - Temps de lecture : 17 - 28 minutes
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George Lane

La baisse significative des prix de certains marchés financiers depuis maintenant deux années n'a rien d'incompréhensible, mais tout de redoutable. Ces marchés (en particulier, les marchés organisés d'actions dénommés hier "bourses de valeurs" et aujourd'hui, par le législateur français, "entreprises de marché") démontrent en effet une fois de plus un ajustement prononcé sensible en relation avec, d'un côté, les réglementations publiques et, de l'autre, les découvertes ou innovations dans le domaine des sciences de l'information et de la communication (avec les nouvelles techniques d'informations et de communications - N.T.I.C.-) et dans le domaine des sciences financières (science de l'assurance mutuelle inclue), des découvertes ou innovations en définitive "mal digérées" par beaucoup d'opérateurs. Les événements de 1987 avaient provoqué un ajustement financier marqué et de courte durée en relation avec le processus des trente cinq dernières années, ceux de 1998 un autre en relation avec celui des années précédentes, ceux de 2001 un autre... Pas d'ajustement économique significatif. I. La composante "assainissement moral". Comme les précédents et en particulier celui de 2001, l'ajustement en cours a une composante "assainissement moral" - caractéristique du processus de marché et non de l'intervention de l'Etat - comme en témoigne le débusquement périodique d'aigrefins de haut vol dont la réglementation et toutes les illusions que celle-ci propose "au bon peuple" avaient favorisé l'apparition et le développement – le dernier en date est celui du sieur Robert Madoff, rien de nouveau depuis "I.O.S." il y a près de quarante ans, pour ne pas parler de Carlo Ponzi, référence si chère aux économistes américains et plus ancienne –. II. L'innovation continue. Mais cette composante ne saurait être sur estimée ni confondue avec la composante "échange financier" elle-même et avec tout ce que celle-ci recouvre : produits et services financiers échangeables, marchés de gré à gré ou marchés organisés, marchés avec criée ou continus électroniques, marchés spot ou marchés non spot, organismes de tous poils, gouvernance et dirigeants de ces organismes et intermédiaires (en bref, l'industrie financière). Contrairement à celui de 2001, l'ajustement actuel - financier et économique - est peut-être à la mesure de l'innovation passée dont les anticipations n'avaient pas tenu compte jusqu'à présent et de l'innovation récente qui est devenue ou qu'on dira sans précédent par exemple quand on prend garde que la "loi de Moore" reste vérifiée. En effet, les capacités "mémoire" continuent à doubler en moyenne tous les dix huit mois… (cf. Intel), ce qui amène pour 2009 au fait suivant : "Les processeurs Intel ® Itanium ® de nouvelle génération (nom de code Tukwila) font le prochain grand saut dans la technologie des serveurs à processeur. En tant que microprocesseur à 2 milliards de transistors, le premier du monde, Tukwila est conçu pour avoir des performances hautement échelonnables et fiables comme solutions de serveur d'entreprise à mission critique. " "Next-generation Intel® Itanium® processors (codenamed Tukwila) take the next big leap in processor-based server technology. As the world's first 2-billion transistor microprocessor¹, Tukwila is designed to provide highly scalable and reliable performance for mission-critical enterprise server solutions." Début 1970, c'était 3000 transistors "seulement" qui étaient en jeu… En moins de quarante ans, on va donc passer de 3x(10 "puissance trois") à 2x(10 "puissance neuf") ! Et dans près de deux années, on passera à 4x(10 "puissance neuf") ! Qui peut avoir la prétention de maîtriser une telle évolution et d'en déduire des conséquences ? III. Mais la réglementation publique continue aussi... Il est à souligner que les réglementations publiques que les hommes de l'Etat avaient mises en place ces dernières années (règles de Bâle II, norme IFRS, etc.) pour éviter tout nouvel ajustement financier futur sensible s'étant révélées inopérantes - comme tout homme modeste devait s'y attendre -, voire ayant provoqué le financier et économique actuel, ne voici pas que, à les entendre, certains d'entre les hommes de l'Etat projettent de contrôler "le" marché financier mondial – tout comme leurs homologues avaient cru pouvoir hier contrôler "le" marché de la monnaie au lendemain de la guerre de 1939-45 –. Est-ce parce que, simultanément, les Etats affichent des déficits budgétaires sans précédent et qu'ils vont devoir les financer... qu'ils affichent une telle ambition aveuglée ? L'exemple de l'Etat de France. Prenons l'exemple de l'Etat de France, il tient de la caricature de l'état de fait. Le déficit budgétaire, a annoncé mercredi 17 décembre 2008 Eric Woerth, va s'alourdir pour s'établir à 66,986 milliards d'euros (440 milliards de francs) contre 52,090 milliards d'euros. proposé dans le projet de loi initial pour 2008. Le ministre a ajouté qu'avec le collectif budgétaire présenté vendredi en conseil des ministres pour intégrer les dépenses du plan de relance, le déficit atteindra 79,3 milliards d'euros pour 2009 (520 milliards de francs) Où nos hommes de l'Etat vont-ils quérir de telles sommes et surtout à quelles conditions ? Sur ce même marché mondial dont ils veulent se rendre maîtres ? Qu'ils commencent par contrôler ce qu'ils devraient pouvoir contrôler - i.e. ne pas avoir de déficit budgétaire - avant d'essayer de duper ! En conséquence de tout cela, les hommes de l'Etat devraient comprendre enfin à la fois la vanité de leurs actions et les destructions que celles-ci occasionnent via les monopoles réglementaires obligatoires qu'ils s'allouent. IV. "Les dangers de la réglementation publique". Il y aura trente ans, mi-1979, Israel Kirzner a écrit un article sur ces considérations intitulé "Les dangers de la réglementation : une approche par les processus de marché". Israel M. Kirzner, The perils of regulation - A Market-Process Approach, Law and Economics Center, University of Miami, 1979. Dans cet article, dont l'actualité nous fournit une preuve empirique de plus s'il en était besoin, Kirzner explique, de façon magistrale, que le marché n'est pas un lieu - ce lieu à quoi la réglementation financière française fait dérisoirement référence -, mais un processus de découverte. Il ne saurait être réglementé de façon efficace, bien au contraire, d'où les dangers de la réglementation, ses mises en péril du bon sens ... J'en reproduis ci-dessous des éléments qui éclairent et aident à comprendre l'ajustement en cours des économies de marché nationales dans le monde. "1. L'information et la découverte. Comme l'a souligné Hayek, le processus concurrentiel de marché est une procédure de découverte (1). (1) Hayek, "Competition as a Discovery Procedure" in New Studies in Philosophy, Politics, Economics and the History of Ideas (Chicago : University of Chicago Press, 1978). Si on savait déjà tout ce qu'on a besoin de savoir, alors le marché aurait déjà atteint l'équilibre complet, état où chacune des décisions prévoit correctement toutes les autres décisions qui sont prises au sein du marché. Le marché n'est pas seulement un processus où l'on recherche une information dont on sait déjà qu'on en aura besoin ; c'est aussi une procédure de découverte qui tend à corriger l'ignorance là où l'inventeur lui-même n'avait aucune idée qu'il était ignorant. Comprendre que le marché crée de l'information — ce genre d'information dont les gens ne savent pas maintenant qu'ils auront à s'en servir demain — devrait inspirer un certain sentiment d'humilité aux candidats à l'ingénierie sociale qui cherchent à remplacer ou à modifier les résultats du marché libre. Pour annoncer qu'on est capable de surenchérir sur l'efficacité du marché, il faudrait aussi pouvoir prétendre qu'on sait déjà aujourd'hui ce que le marché fera apparaître demain. Cette prétention de savoir est, à l'évidence, universellement vaine. En fait, là où l'on a empêché le marché de fonctionner, en général il ne sera pas possible de désigner avec certitude ce qu'on aurait pu découvrir et qu'on a perdu à jamais. 2. L'économie de marché réglementée La réglementation publique de l'économie de marché est engendrée par un jugement défavorable sur les résultats du marché libre. Les législateurs ou d'autres détenteurs de la puissance publique (peut-être en réponse à la protestation du public, ou pour prévenir celle-ci), sont mécontents soit du prix élevé que certains acheteurs sont priés de payer sur le marché, soit des bas prix reçus par certains vendeurs. Ils sont aussi préoccupés par la qualité des biens et des services offerts à la vente (par exemple parce qu'il y manque des systèmes de sécurité), ou par l'absence d'offre sur le marché de biens ou de services qu'ils pensent être importants. Ils se soucient des conditions dans lesquelles les débiteurs sont amenés à s'endetter, ou ils ne se satisfont pas de la distribution des revenus engendrée par le marché. Dans l'espoir de remédier à ce qu'ils perçoivent comme des situations indésirables, les hommes de l'Etat interviennent sur les marchés. Ils cherchent à remplacer les résultats qu'ils attendent des échanges non contrôlés par une configuration plus désirable des prix et des productions ; celle-ci doit être atteinte en imposant des contrôles et des réglementations appropriés. Le marché laissez-fairiste fait place au marché réglementé. Traditionnellement, la critique de l'intervention de l'Etat implique un ou plusieurs types d'arguments Tout d'abord, la critique avance que l'incapacité reconnue du marché à satisfaire les aspirations des réglementeurs ne résulte pas de l'incapacité du marché à atteindre l'efficacité maximum, mais du fait inéluctable de la rareté. Si tous les coûts sont bien pris en compte, on doit tenir pour voués à l'échec les efforts pour améliorer les résultats, ou même conclure qu'ils empireront la situation. Deuxièmement, la critique concéde qu'à partir des jugements de valeur de celui qui voudrait réglementer, les résultats du marché peuvent sembler susceptibles d'une amélioration ; mais que ces résultats reflètent fidèlement les choix personnels des consommateurs. Dans ces conditions, la réglementation viole nécessairement la souveraineté du consommateur, sinon sa liberté. Troisièmement, on fait remarquer que ce qui est indésirable dans les résultats du marché ne provient pas de la liberté du choix, mais d'interventions antérieures des hommes de l'Etat, qui ont empêché les forces correctrices du marché de faire leur travail. Une réglementation supplémentaire, fait-on alors remarquer, ou bien ne sert à rien (puisqu'il suffit de supprimer la réglementation précédente) ou bien ajoute des problèmes à ceux qui existaient déjà. Quatrièmement, que les résultats du marché que l'on met en cause soient ou non à regretter (du point de vue de la théorie économique, pas forcément conforme au système de valeurs de celui qui réglemente) on argumente que la réglementation de l'Etat est tout simplement incapable d'apporter une amélioration. L'état de la technique réglementaire est tel que ses coûts complets dépassent de loin quelque avantage qu'on puisse en retirer. Les dangers à associer à la réglementation publique résultent enfin et peut-être d'abord de l'impact de la réglementation sur les processus de découverte qui tendent à voir le jour sur un marché libre. Même si on juge que les résultats actuels du marché sont pour une raison ou pour une autre insatisfaisants, on ne peut pas juger que l'intervention, et même une intervention ...
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