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PQ VS PLQ: un choix entre deux corporatismes

Martin Masse Publié le 02 septembre 2000
3015 mots - Temps de lecture : 7 - 12 minutes
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Le Quebecois libre

C'est la rentrée, et les cliques de politiciens qui se font concurrence pour nous imposer leurs solutions visant à assurer notre bonheur ont reparti leur cirque à Québec. Chacune tente de nous faire croire qu'elle est très différente de l'autre et que les solutions qu'elle a concoctées sont tout à fait originales. Ce sont les acrobates libéraux qui ont ouvert le spectacle cette saison avec un document thématique intitulé La liberté de choisir qui doit servir de base aux débats de leur congrès à la mi-octobre. Liberté de choix, c'est une notion qui nous plaît bien, ça, et qui a quelque rapport avec la pensée libérale classique ou libertarienne qui est la nôtre. On peut lire que « Le Parti libéral du Québec est l'héritier d'une tradition de formations politiques d'inspiration libérale qui remonte à près de 150 ans ». Wow! Un apparatchik du parti aurait-il par hasard lu le numéro spécial du QL sur Notre tradition libérale le mois dernier? Les libéraux auraient-ils décidé de renier 60 ans de social-démocratie et d'interventionnisme pour redécouvrir leurs véritables racines philosophiques? Oubliez ça. Le numéro d'acrobatie tombe à plat, ce ne sont que quelques petites pirouettes intellectuelles, rien d'époustouflant. En tentant de définir ce qu'est un libéral au XXIe siècle, les auteurs donnent en fait une bonne définition de ce qu'est un social-démocrate modéré qui veut ratisser le plus large possible. Le document est un fourre-tout de voeux pieux et de notions contradictoires du genre « être plus sensible au développement des régions », « faire la promotion de la primauté de la personne », « appuyer l'économie du savoir », faire preuve d'une « volonté de changement », « favoriser l'égalité des chances », « encourager l'innovation », ou encore cette perle, « allier avec pragmatisme et efficacité deux tendances progressistes: la justice sociale et le dynamisme économique ». Choisissez: bureaucratie A ou bureaucratie B? Ce que les penseurs libéraux ont imaginé pour nous faire croire qu'ils veulent nous laisser libres de faire des choix, c'est d'impliquer les citoyens un peu plus dans l'évaluation et la gestion des services étatisés, sans bien sûr remettre en question la mainmise de l'État. En éducation et en santé par exemple, pas question de privatiser les écoles et les hôpitaux. On veut simplement permettre aux parents d'évaluer la qualité des écoles et des enseignants (et puis, que se passera-t-il après?) et on promet « une révision de l'organisation de l'enseignement de manière à mieux répondre aux attentes des parents et des élèves et ainsi leur assurer une plus grande liberté de choix à l'intérieur du système public (...) ». Bref, un choix libre entre une bureaucratie inefficace A et une bureaucratie inefficace B. On propose aussi l'adoption d'une « charte des droits du patient qui définira des délais d'attente raisonnables et qui assurera qu'à l'avenir, le fonctionnement du réseau et toute modification susceptible d'y être apportée se fera dans le respect absolu de droits reconnus aux patients ». Instaurer des « droits » supplémentaires abstraits et irréalistes pour les patients de façon à augmenter l'efficacité de notre système de santé soviétique, quelle trouvaille géniale! Bref, on est bien obligé de le répéter à chaque nouvelle saison politique et à chaque congrès: malgré tout ce finfinage, le Parti soi-disant libéral du Québec reste un parti de guidounes social-démocrates et sa philosophie n'a rien à voir avec celle que défendaient les véritables libéraux du 19e siècle (voir LES GUIDOUNES DU PSDLQ, le QL, no 47). Ces derniers croyaient que l'État n'avait pas à régler tous les problèmes du monde et de sa voisine mais qu'il devait plutôt se contenter de protéger les droits individuels et de propriété, entretenir des infrastructures physiques pour favoriser le développement et laisser les gens vraiment libres de faire les choix qu'ils souhaitent dans une économie de marché pour le reste. Choisissez: corporatisme A ou corporatisme B? Une mini-controverse a toutefois permis aux clowns qui partagent la scène avec les acrobates de faire semblant de se distinguer. C'est une petite phrase du président de la Commission politique libérale, Marc-André Blanchard, dénonçant le corporatisme dans le message de présentation du document, qui a tout déclenché: « Notre principal objectif est de redonner le contrôle au citoyen, à la famille, aux parents, à l'élève et au patient. Concrètement cela signifie entre autres de donner priorité aux personnes et de mettre fin à la domination des groupes d'intérêts sur le bien commun. » Ce sont là de bien belles paroles d'inspiration libérale. Lorsque les élites et les groupes d'intérêts s'entendent entres eux pour se partager le pouvoir et le magot par-dessus la tête des citoyens, il n'y a bien sûr pas de liberté réelle pour ceux-ci. Sauf que cela ne correspond...
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