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Préface de « Coup d’Etat planétaire ». Philippe Bourcier de Carbon

Liliane Held-Khawam Publié le 09 octobre 2019
4353 mots - Temps de lecture : 10 - 17 minutes
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Polytechnicien, Philippe Bourcier de Carbon (X61), membre de 1964 à 2007 du corps des chercheurs de l’INED où il a longtemps collaboré avec Alfred Sauvy et Jean Bourgeois-Pichat. Il a enseigné la Démographie Economique à l’Université de Nancy, puis de Paris II (Assas-Melun), et a professé la Démographie du développement à l’Institut Universitaire d’Etudes du Développement de Genève. Il a été détaché auprès du Population Council à New-York, et au BIT à Genève. Ancien conseiller technique auprès de Gouvernements du Tiers-Monde (dont Algérie), il a assuré des missions de consultations auprès d’organismes internationaux (BIT, OCDE, UNESCO…). Il a été membre de la Commission Démographie-Sociologie du CNRS, et a été membre des jurys des concours d’entrée de l’E.N.A. et de Saint-Cyr. (Suite ICI) Président-Fondateur de l’AIRAMA, Alliance Internationale pour la Reconnaissance des Apports de Maurice Allais en Physique et en Economie. Il a de ce fait collaboré étroitement avec lui. http://combats-maurice-allais.info/ Après « Dépossession, comment l’hyperpuissance d’une élite financière met Etats et citoyens à genoux » que Liliane Held-Khawam vient de publier en 2018, elle nous livre cette année sous le titre « Coup d’Etat planétaire, Comment une élite financière s’arroge le pouvoir absolu par la captation universelle des ressources» le deuxième des trois volets de l’essai qu’elle entend consacrer au décryptage des mutations accélérées et stupéfiantes de notre monde actuel, qui nous laissent interdits, perplexes, et bientôt mal à l’aise et sourdement inquiets, tels de modernes « Œdipe » face à l’énigme du nouveau Sphinx des mutations contemporaines. Comme la plupart des analystes commencent à présent en effet à le réaliser, depuis la fin du second conflit mondial, les sociétés humaines, tout au cours de la seconde moitié du XXème siècle, ont été les lieux de très profondes et rapides transformations, inédites dans l’histoire de l’Humanité, de leurs populations, de leurs économies et appareils productifs, comme des fondements de leurs structures sociales et de leurs mécanismes politiques. Tous ces bouleversements ont été accélérés, sinon en fait carrément induits, par de véritables révolutions technologiques (par exemple, l’informatique) et par l’essor sans précédent des réseaux internationaux des télécommunications (par exemple, les satellites), de la finance et du commerce, de l’aviation, de l’audiovisuel, du tourisme et des migrations…etc… Campée sur cette toile de fond, l’approche de Liliane Held-Khawam peut en effet nous convaincre lorsque, recoupant les trois volets de son analyse, elle distingue essentiellement trois stades pour résumer au cours des deux dernières générations, soit au cours des six dernières décennies, l’apparition actuelle, depuis la fin des années 50, d’une société qui se révèle devoir être absolument inédite dans la longue histoire de l’Humanité. On pourrait résumer ainsi cette vision : Le premier stade (1960-1986) : du début des années 60, caractérisées par l’essor des pétrodollars gérés par la City et la création des réseaux des paradis fiscaux de la Couronne britannique, jusqu’en 1986, l’année du big-bang financier consécutif à la dérégulation financière imposée par l’Acte Unique Européen, année marquée par ailleurs par la catastrophe de Tchernobyl qui déstabilise le monde soviétique. Ces vingt-cinq années virent la phase finale de la Guerre froide et l’essor de l’Internationalisation accélérée du monde par les échanges commerciaux entre les continents tandis que de nouveaux marchés s’ouvraient en Corée et au Japon. Conservant alors encore leurs attributs de centres réels ultimes des décisions, les Etats sous leurs formes historiques conservaient leur pertinence traditionnelle. Le deuxième stade (1986-2006) : puis de l’année 1986 (voir ci-dessus) aux années 2006-2007, celles de la crise du système monétaire et financier mondial allumée, grâce aux nouveaux instruments financiers (CDSs et autres CDOs), par l’orgie internationalisée des « subprimes », ou crédits hypothécaires immobiliers aux Etats-Unis. Cette période fut en effet celle de la Mondialisation proprement dite, période de vingt ans au cours de laquelle partout sur la planète, les échanges internationaux ont pris, sous l’irrésistible et soudain essor des groupes monétaires financiers et bancaires trans-nationaux, une part organique croissante dans les systèmes de production et d’échange des peuples, qui, en vidant rapidement les structures étatiques traditionnelles de leur contenu décisionnaire réel, ont engagé la dissolution des états. Cette courte période aura été marquée par un double événement historique extraordinaire : la dissolution et la disparition soudaine et largement inopinée du Colosse soviétique (8 décembre 1991), tout aussitôt suivie en conséquence de l’adoption du traité de Maastricht de septembre 1992, de la constitution d’une nouvelle entité administrative, économique et politique, l’Union Européenne, annonçant l’apparition pour le début du nouveau millénaire d’une monnaie nouvelle l’Euro. Le troisième stade (depuis la crise de 2006-7) : A l’occasion de la crise systémique planétaire, monétaire, bancaire et financière des années 2006-7, déclenchée par les décideurs des grands groupes financiers transnationaux, les élites étatiques de l’auto-proclamée « communauté internationale », ont, sous le contrôle étroit des élites financières transnationales, démontré à leurs populations la totale incapacité de leurs structures étatiques et politiques traditionnelles placées sous leur contrôle à les protéger, comme c’était pourtant jusqu’alors leur fonction historique première, des conséquences toujours plus cruelles de l’endettement croissant de leurs états, consécutif à cette catastrophe financière. C’est cette déchéance cruelle du prestige de l’Etat auprès des peuples qui inaugure réellement la phase cruciale de la Globalisation. C’est en effet la période où commence à émerger une nouvelle société, qui promet d’être homogénéisée, mondialisée et de plus en plus robotisée par l’essor de l’Intelligence Artificielle et des Big Data. Elle semble devoir s’organiser en une sorte de système-monde constitué d’oligopoles et de monopoles privés, édifiés grâce à la puissance de l’appropriation privée de la création monétaire associée aux nouvelles technologies, et devenus des sortes d’institutions transnationales techniques qui régissent, sous la férule attentive d’un pôle financier unifié et fortement concentré, les grands secteurs qui regrouperaient désormais l’essentiel de la vie et des activités des populations réduites à des troupeaux rigoureusement gérés selon les lois de la productivité comptable : à savoir, essentiellement le secteur de l’appareil de production au sens le plus large, englobant même celui des services sociaux, ainsi qu’un secteur gérant des unités territoriales avec les populations qui s’y rapporteraient, baignant l’un comme l’autre au sein d’un troisième secteur transversal qui les irriguerait intimement, celui de l’information au sens le plus large, des normes et procédures et de la numérisation. Alors, après celles de « Démocratie » et de « Politique », les notions...
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Par Liliane Held-Khawam via lilianeheldkhawam.com
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