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Progrès et libéralisme, quelques considérations

Vincent Bénard Publié le 13 mai 2008
3320 mots - Temps de lecture : 8 - 13 minutes
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Objectif Liberté

Une fois n'est pas coutume, l'article qui vient m'a été inspiré par une réaction d'un lecteur, qui me demande: Bonjour, (...) J'ai souvent entendu dire que le libéralisme avait pour nécessité cardinale d'intégrer la notion de progrès (notamment technologique). Je fais écho à votre note sur le progrès technologique dans l'agriculture comme (seule) solution viable à la famine actuelle dans le 1/3 Monde: existe-t-il d'autres voies ? Le progrès technologique peut-il parfois se heurter à une régression du bien-être, de la santé, etc. mettant en péril la survie même de l'espèce sur le long terme ? (L'incidence de la consommation de pesticides sur l'augmentation énorme du nombre de cancers, par exemple) Ce sont plusieurs questions, qui font certainement bouillir votre esprit fertile, et peut-être pourrait-on s'attarder sur le sujet du progrès biotechnologique dans la logique libérale. Peut-être pouvez vous me guider vers une analyse déjà fait auparavant, qui sait ? Attention, je tiens à vous dire que je ne suis PAS du TOUT anti-libéral, bien au contraire. Le libéralisme m'impressionne beaucoup, car je le sens juste, positif et plein d'espoir pour notre Monde... Mais c'est surtout la notion de progrès qui m'intéresse et m'interpelle, alors que les visions partielles me désolent (pro-OGM, anti-OGM, comme si tout pouvait être blanc ou noir !!!) Merci d'avance pour votre point de vue sur ce sujet. Que de bonnes questions. Quelques réponses, pêle mêle. J'ai souvent entendu dire que le libéralisme avait pour nécessité cardinale d'intégrer la notion de progrès (notamment technologique). Je reviendrai sur ce point longuement par la suite. Disons, pour introduire, que le progrès, notion complexe, n'est pas une "nécessité libérale" mais une nécessité humaine, un besoin et une aspiration profonde d'une large part de l'humanité. Je fais écho à votre note sur le progrès technologique dans l'agriculture comme (seule) solution viable à la famine actuelle dans le 1/3 Monde: existe-t-il d'autres voies ? Attention, sans doute n’ai-je pas été assez clair, je suis certain que les technologies existantes dans leur état actuel seraient capables de résoudre les problèmes de difficultés d’approvisionnement alimentaire si les barrières politiques à leur usage et à la libre circulation de nombreux produits étaient levées. Le progrès n’est pas que technologique : il peut et doit d’abord être politique et institutionnel. Ceci dit, si les projections démographiques à l'horizon 2050-2100 se révèlent exactes, il faudra que nous soyons plus performants qu'actuellement pour produire de quoi nourrir tout le monde. Le progrès technologique peut-il parfois se heurter à une régression du bien-être, de la santé, etc. mettant en péril la survie même de l'espèce sur le long terme ? (L'incidence de la consommation de pesticides sur l'augmentation énorme du nombre de cancers, par exemple) Plusieurs questions en une. J'en arrive donc à la partie la plus longue de ma réponse, que voulez vous, c'est une mauvaise habitude chez moi, je cause, je cause... Subjectivité du progrès -- L’on se heurte d'abord à la subjectivité du caractère bénéfique ou maléfique de certaines situations, qui dépend de nos préjugés. Les partisans de la "deep ecology" jugent sans aucun doute que tout "progrès technologique" est en fait une régression. Certaines religions ont décrété que l'usage de technologies devait être figé au niveau de celles qui existaient à une certaine époque. Certaines sociétés où la religion est très prégnante ne jugent le progrès qu'à l'aune du respect le plus strict de la lettre de leurs textes religieux. Bref, une situation ne peut être qualifiée de "progrès" ou de "régression" qu'une fois confrontée au système de valeurs qui nous est personnel. La course au progrès matériel est-elle, dans l’absolu, une bonne chose ? La recherche d’innovations censées rendre notre vie matériellement plus facile en améliore-t-elle les caractéristiques spirituelles ? Vaste débat, dont je crains cependant qu'il paraisse, vu de l’enfant bengali qui a du mal à trouver sa ration alimentaire quotidienne, quelque peu ésotérique. Les interrogations philosophiques sont un luxe de riches, je vous renvoie aux travaux de Maslow sur la hiérarchisation des priorités individuelles. Ce n'est que lorsque les étages 1 et 2 de la pyramide sont satisfaits que l'individu peut réellement se consacrer à la satisfaction des strates 3 à 5... Il existe toutefois des critères de quantification objectifs de certaines situations qui, si ils n’indiquent pas nécessairement un « progrès » au sens philosophique, n’en constituent pas moins de sérieuses indications de progrès matériel, et le nombre de personnes capables de se procurer une ration alimentaire suffisante est difficilement contestable. Allons un peu plus loin. Le libéral considère généralement comme sacrées la vie, la liberté et la propriété. Par conséquent, tout ce qui permet aux individus d'améliorer leur vie (durée, santé...), et de les rendre plus libres, peut être considéré comme un progrès au sens philosophique du terme. Or le progrès matériel contribue largement à l'allongement de la vie, à l'amélioration de la santé, et aussi, même si cela apparaît moins évident au premier abord, au développement de la liberté. Cont...
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