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Redécouvrir Jean-Baptiste Say, théoricien des crises et de l’action humaine

Damien Theillier Extrait des Archives : publié le 22 octobre 2012
2181 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Jean-Baptiste Say est né à Lyon, France en 1767. Il est issu d'une vieille famille protestante du sud de la France, qui s'est installé à Genève puis à Paris. À l'âge de quinze ans, au plus fort de la Révolution française, il est fortement influencé par l’autobiographie de Benjamin Franklin, ses principes d'économie, d'éducation et de vie morale. Il passe également deux ans à Londres, où il apprend l'anglais et lit La Richesse des nations d’Adam Smith. Comme rédacteur en chef de la revue des « Idéologues », La Décade philosophique, littéraire et politique, il écrit des articles sur la philosophie sociale puis l'économie politique de 1794 à 1799. En 1799 il est nommé au Tribunat, où il siège au Comité des finances. Cependant Napoléon, souhaitant mener une politique protectionniste axée sur la guerre, l’évince du Tribunat en 1806, après la publication du Traité d'économie politique qui critique sa politique. Say va saisir cette opportunité pour se lancer dans les affaires. Il monte une entreprise de filature et se retrouve bientôt à la tête de 400 salariés. Malgré l'interdiction de Napoléon, le Traité va connaître quatre éditions du vivant de Say. Thomas Jefferson le lit dans une traduction en anglais en 1821. Il écrit alors que le livre de Say est « plus court, plus clair et plus sain » que La Richesse des nations. Jefferson propose même à Say de venir enseigner à l'Université de Virginie, mais celui-ci refuse, préférant vivre à Paris. L’édition anglaise du Traité restera le manuel d’économie le plus populaire aux États-Unis jusqu'à ce qu'il soit remplacé par celui de John Stuart Mill suite à la Guerre de Sécession. En 1819, cherchant à diffuser sa pensée, Say inaugure le premier enseignement d’économie politique en France au Conservatoire des arts et métiers où il est nommé professeur. Il participe la même année à la fondation de l’École spéciale de commerce et d’industrie, aujourd’hui l’ESCP-Europe. Il est nommé en 1830, professeur d’Économie politique au Collège de France, chaire qui est créée pour lui. Il correspond régulièrement avec Thomas Malthus et David Ricardo, qu'il considère comme des amis proches, mais reste en désaccord avec eux sur des questions fondamentales. Il meurt à Paris le 14 novembre 1832 à l'âge de soixante-cinq ans et est enterré au Père Lachaise. Son petit-fils Léon Say, auteur du Nouveau dictionnaire d’économie politique, sera élu à l’Académie des sciences morales et politiques et mènera une carrière politique comme ministre des finances de la IIIe république (Voir Paul-Jacques Lehmann, Léon Say ou le libéralisme assumé, Les Belles Lettres, 2010). Say était un grand partisan du système économique de la concurrence, de la liberté naturelle et du gouvernement limité d’Adam Smith. Mais il est surtout redevable à des auteurs proches des physiocrates comme Gournay, Turgot. En outre, il fréquente assidument le cercle des Idéologues, et lit l'abbé de Condillac, qu’il qualifie lui-même d’ « ingénieux ». La valeur-utilité, la productivité de l'industrie et du commerce, la distinction de l'entrepreneur et du capitaliste, du profit et de l'intérêt, tout cela se trouvait déjà chez Condillac dans Le commerce et le gouvernement considérés relativement l'un à l'autre (1776). Toutefois, le génie de Say, appuyé sur son expérience concrète des affaires, est d’avoir appliqué ces notions à la compr...
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