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Régulation bancaire : histoire d'un échec programmé

Vincent Bénard Publié le 10 juin 2009
2758 mots - Temps de lecture : 6 - 11 minutes
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Objectif Liberté

Un "guest post" signé Silvère Tajan, également publié par l'institut Hayek ------------------- "L'échec de la régulation" est devenu l'un des leitmotivs les plus communs pour expliquer la crise pour qui veut y voir à tout prix l'aboutissement d'une dérive libérale. Les partisans de cette "thèse" ont effectivement raison sur leur conclusion : la crise démontre bien un échec patent de la régulation. Mais pas dans le sens qu'ils voudraient bien y voir. Si échec de la régulation il y a, ce n'est pas l'échec de telle ou telle régulation. Ce n'est pas non plus l'échec du trop peu ou du trop de régulation. Ce n'est pas un problème de réglage. Non. Si échec de la régulation il y a, c'est l'échec du principe même de la régulation. Et pour bien le comprendre, encore faut il se poser la question des origines, des causes profondes de la régulation bancaire et monétaire : une régulation née non pas pour encadrer des excès supposés du marché, ou des défaillances intrinsèques du libéralisme économique, mais créée par nécessité, suite à l'intrusion de l'Etat dans le marché monétaire et bancaire. Le but fondamental de la régulation bancaire n'est pas d'empêcher l'on ne sait quel dérive réelle ou fantasmée d'un marché livré à lui même. Le but fondamental de la régulation étatique est de casser l'auto-régulation du marché, car cette dernière, de par la responsabilité qu'elle impose aux acteurs, contraint la prise de risque, l'effet de levier, et la création immodérée de crédit et de monnaie. Un système bancaire à réserve fractionnaire Le système bancaire mondial actuel est un système bancaire à réserve fractionnaire. Le sujet de cet article n'est pas de justifier ou dénoncer ce système particulier de fonctionnement des institutions bancaires. Après tout, dans un système bancaire vraiment libre (c'est-à-dire bien loin de celui dans lequel nous vivons), rien n'interdirait une banque de choisir ce mode de fonctionnement, si tant est qu'elle en assume les risques, et ses clients avec elle. Mais encore une fois, là n'est pas le sujet. Le principe du système bancaire à réserve fractionnaire est qu'une banque reçoit de ses clients de l'argent en dépôt, mais qu'elle ne conserve en réserve qu'une partie de cette somme, le reste pouvant être prêté contre intérêt. Comme chaque client est toujours en droit de réclamer à tout moment la restitution de ses dépôts bancaires, mais que seule une fraction de ces dépôts est effectivement disponible dans les coffres de la banque, cette dernière est exposée, dans le cas où un nombre trop élevés de clients voudrait récupérer ses fonds simultanément, à se retrouver à court de liquidité. Si le phénomène ne concerne qu'une seule banque, et dans la mesure où les prêts qu'elle a consentis avec une partie des dépôts sont solides (prêts non frauduleux, à des emprunteurs solvables), une banque à court de liquidité de manière passagère peut néanmoins escompter emprunter à son tour (à d'autres banques par exemple), l'argent nécessaire aux retraits imprévus de ses propres clients, en apportant en garantie les créances qu'elle possède. Le processus reste néanmoins un équilibre plus ou moins fragile, et le moindre accroc tel qu'une insuffisance de fonds propres, ou l'apparition de créances douteuses dans le bilan de la banque, peut engendrer une perte de confiance à la fois des clients et des prêteurs de liquidité potentiels : la banque est alors victime d'un Bank Run, une panique bancaire dans laquelle tous les clients se précipitent simultanément pour récupérer leurs dépôts, dans le même temps qu'il devient difficile voire impossible d'emprunter plus de liquidités sur les marchés inter-bancaires pour rembourser les dépôts. C'est un risque intrinsèque inhérent au système de réserve fractionnaire. A l'inverse, "l'avantage" du système est de stimuler le crédit puisque l'épargne n'est plus la seule source de crédit. C'est un avantage qui séduit notamment les banquiers (d'avantage de crédit, c'est d'avantage d'intérêts et donc d'avantage de revenus), et les gouvernements (d'avantage de crédit, c'est plus de guerres, d'argent à distribuer aux électeurs qui les soutiennent, etc.). L'effet de levier bancaire : le multiplicateur monétaire Le principe même du système de réserve fractionnaire démultiplie le crédit disponible bien au-delà de la somme...
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